Tripoli a connu une série de manifestations depuis le début de la semaine au cours desquelles les services de sécurité ont répondu par des balles réelles et en caoutchouc, provoquant la mort du jeune Fawwaz Fouad Al Samman, tué par les balles de l’armée lundi soir, ainsi que des arrestations et des dizaines de dizaines de blessés. Cela a entraîné des affrontements avec des pierres et des fusées avec les forces de sécurité, la mise à feu de banques avec des cocktails Molotov et la destruction de guichets automatiques bancaires. Les manifestations se sont étendues à Beyrouth, Saïda et à d’autres villes, et les manifestants ont exigé que les revendications de la révolution soient couronnées par le limogeage du gouverneur de la Banque centrale, Riad Salameh. Beyrouth a été le théâtre hier d’affrontements entre manifestants et éléments de la sûreté, qui ont fait des blessés. Le Comité des avocats pour la défense des prisonniers a déclaré que des personnes interpellées à Saïda avaient été torturées par l’armée après avoir été transférées de la caserne Zgheib au quartier général de la police militaire. Les détenus ont été violemment battus et électrocutés, nécessitant le transfert de certains d’entre eux à l’hôpital. Les manifestants ont été appelés à continuer les manifestations cette semaine jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites.
Les banques libanaises ont imposé certaines procédures et restrictions bancaires, telles que d’empêcher le retrait de dollars et d’imposer aux déposants le retrait de montants spécifiques en livres par semaine. La livre a connu une forte baisse à la suite de la manipulation du prix du dollar par les banques en raison du monopole des banquiers en collusion avec la Banque centrale. Le taux de change de la livre libanaise a baissé et elle a perdu environ les deux tiers de sa valeur, passant de 1500 à 1515 livres pour dépasser le seuil de 4200 livres pour un dollar sur le marché des changes, ce qui a fait monter en flèches les prix des produits de base.
Les mesures prises par Salameh avaient permis à la Banque centrale de prendre l’argent des banques pour le donner à l’État libanais, ce qui a permis à ce dernier d’emprunter de plus en plus, et les fonds centraux ont été décaissés pour payer la dette publique et fixer le taux de change de la lire. Cependant, le problème a été exacerbé lorsque l’État n’a plus été en mesure de restituer l’argent aux banques, et que les banques n’ont donc plus été en mesure de rendre leur argent aux déposants.
En raison de la propagation du Covid 19, les manifestations avaient décliné cinq mois après le déclenchement du soulèvement du 17 octobre, mais la détérioration des conditions de vie due à l’augmentation de la pauvreté et du chômage, l’imposition de restrictions bancaires et l’augmentation des prix ont entraîné de nouvelles manifestations.
Mumtaz Yahya