Unis face un gouvernement qui, à leurs yeux, “met en échec leur pays, et inspirés par les tactiques, l’esprit et l’accoutrement du mouvement prodémocratique de Hong Kong, des milliers de jeunes Thaïlandais sont descendus dans les rues” de Bangkok, la capitale thaïlandaise, le 18 juillet, écrit le South China Morning Post.
De nouvelles manifestations pourraient avoir lieu ce lundi 20 juillet, poursuit le journal. Un grand nombre de manifestants participaient pour la première fois à un tel rassemblement politique, le plus important depuis le coup d’État de 2014..
Ainsi de Ice, Bass et Sien, trois étudiants, âgés de 18 ans environ, interrogés par le quotidien anglophone de Hong Kong. Originaires de différentes régions de Thaïlande, ils ont ouvert les yeux, disent-ils, en lisant sur Internet des posts sur la politique gouvernementale, notamment sur la médiocrité du système éducatif, les difficultés économiques et les lois qui limitent la liberté d’expression.
Une mobilisation construite durant le confinement
Free Youth, un des mouvements à l’initiative du rassemblement du 18 juillet, a tiré profit de la période de confinement liée à la crise sanitaire du Covid-19 pour mobiliser en ligne une nouvelle génération de militants, explique le journal. Le lycéen Bass raconte comment il a rejoint Free Youth en remplissant un questionnaire en ligne et en passant un entretien vidéo. En arrivant à Bangkok, il a rencontré pour la première fois les personnes avec lesquelles il avait discuté en ligne.
“Tous portaient des vêtements noirs, avec le mot ‘démocratie’ inscrit en blanc.”
Pour le journal, le rassemblement de Bangkok emprunte largement aux manifestations de l’année dernière à Hong Kong : “Des vêtements noirs, des masques, une veillée éclairée avec des téléphones portables, et des artistes et des musiciens qui offrent une animation.”
En dernière année au lycée dans les environs de Bangkok, Ice affirme ainsi :
“Les manifestations de Hong Kong ont allumé le feu chez nous les étudiants. Voir les Hongkongais continuer à protester alors que de nombreux militants politiques étaient réduits au silence nous a incités à nous mobiliser. Si le directeur du lycée découvre que je suis ici, je serai sans doute expulsé. Mais, si nous ne faisons pas usage de nos droits, combien de temps encore devrons-nous supporter ce gouvernement dictatorial ?”
Un ultimatum au gouvernement
Les organisateurs ont fait trois demandes auprès du gouvernement, précise le South China Morning Post : la dissolution du Parlement, la fin du harcèlement judiciaire contre les dissidents et la réécriture de la Constitution de 2017 conçue par et pour l’ancienne junte militaire, au pouvoir entre 2014 et 2019.
“Nous donnons deux semaines au gouvernement pour répondre à nos demandes, sinon nous élargirons les mobilisations”, explique l’organisateur Tattep Ruangprapaikitsere, lui-même étonné par l’importance de la mobilisation.
Le quotidien rappelle les précédentes mobilisations contre le régime thaïlandais qui ont laissé des traces dans les esprits des militants pour la démocratie. Ainsi notamment du massacre à l’université Thammasat en 1976 après des manifestations étudiantes. Plus récemment, en mai 2010, la répression contre les manifestations des “chemises rouges” avait fait une centaine de morts..
Sunai Phasuk, de l’organisation américaine des droits de l’homme Human Rights Watch, cité par le quotidien, estime que, malgré les risques encourus par ceux qui se sont mobilisés lors de la manifestation du samedi 18 juillet, ce rassemblement “ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire des soulèvements politiques qui ne devraient pas s’arrêter rapidement”.
South China Morning Post
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