À la STIB (Bruxelles), un très grand nombre de travailleurs/euses ont refusé de reprendre le travail lundi et le mouvement se poursuit à ce jour, où l’on comptait encore un millier de grévistes. Dans le document qu’ils ont adressé à la direction, et qui a été reproduit par la presse, ils expliquent que les mesures de protection sont insuffisantes et que les effectifs ne permettent pas de les assurer [2].
DÉFENDRE LA SANTÉ DES TRAVAILLEURS/EUSES ET USAGER/ÈRES
Le Conseil national de sécurité a décrété l’obligation de porter le masque dans les transports en commun. Les chauffeurs/euses font remarquer que cette obligation n’est pas respectée et que certain.e.s d’entre elleux ont été agressé.e.s pour avoir tenté de l’imposer aux usager/ères. Des renforts en personnel sont donc nécessaires.
Conduire toute la journée avec un masque est inconfortable et réduit les capacités sensorielles, ce qui est dangereux. Toute personne ayant pris un volant dans ces conditions pourra le confirmer. Les chauffeurs/euses exigent par conséquent des cabines closes hermétiquement, leur permettant de travailler sans masque.
Les services coupés sont un autre sujet d’inquiétude et de mécontentement : « Pourquoi maintenir des centaines de travailleurs plusieurs heures dans les dépôts avec des services coupés qui nous tiendront éloignés de nos familles de 6h du matin à 19H ? Alors que les écoles sont fermées ! » font remarquer les chauffeurs/euses. La suspension des services coupés fait donc partie des revendications.
Tant pour leur santé que pour celle des usagers, les chauffeurs/euses refusent que les véhicules circulent du matin au soir sans désinfection en cours de journée. Pour cela aussi, iels demandent des renforts en personnel.
Une autre revendication importante concerne les remplacements sur ligne. Les travailleurs/euses exigent qu’ils soient reportés jusqu’à la fin du mois de mai, au moins, afin d’éviter les déplacements inutiles.
Comme toute la population de ce pays, et malgré les innombrables cafouillages ministériels, les travailleurs/euses de la STIB ont bien appris la leçon répétée par les autorités : les priorités sanitaires sont, dans l’ordre, le respect de la distanciation physique, le lavage des mains et la limitation des contacts sociaux ; les masques ne viennent qu’en quatrième position, comme complément. Les chauffeurs/euses exigent par conséquent la limitation du nombre de voyageurs et le respect de la « distanciation sociale », qui n’est évidemment plus respectée aux heures de pointe selon de nombreux témoignages.
L’ENJEU DU DROIT DE RETRAIT
Les travailleurs/euses s’appuient sur l’article 1.2-26 du Code du bien-être au travail. Trop méconnu, cet article garantit aux membres des personnels un droit de retrait en cas de danger « grave et imminent ». « La poursuite du travail, constitue un danger grave et imminent pour notre santé et celle des voyageurs, la STIB doit nous permettre de nous mettre en sécurité », écrivent les chauffeurs/euses.
Les revendications du personnel de la STIB sont pleinement justifiées. Leur profession est parmi les plus exposées au danger de contamination par le COVID-19. Selon des statistiques britanniques, en effet, les travailleurs les plus touchés par la maladie sont les chauffeurs de bus, taxis, camions, etc. (chez les travailleuses, les infirmières constituent la profession la plus touchée) [3].
LE DANGER DE LA COLLABORATION DE CLASSES
La réaction de la direction de la STIB est révoltante : « Nous devons augmenter notre offre. Les magasins sont à nouveau ouverts et nous avons constaté une augmentation de fréquentation du métro de 44% pour la journée d’hier. Nous ne pouvons pas rencontrer les demandes du personnel. Cela signifierait une baisse de 25% de notre offre. » [4] Autrement dit : le business d’abord, la santé des travailleurs/euses et de la population après !
Interrogé par le JT de la RTBF [5] un chauffeur a parfaitement dénoncé les flatteries hypocrites sur « les héros » en déclarant : « On a joué avec des mots : les infirmières sont des héros, les chauffeurs sont des héros. Nous, tous, on veut bien rouler. Mais héros et kamikaze c’est deux choses différentes. »
La direction de la STIB se sent forte parce qu’elle a en poche un accord de paix sociale avec les trois syndicats. Françoise Ledune, porte-parole de la société de transports : « Nous avons un accord signé avec les syndicats concernant les mesures de protection ». Mohsine Rachik, permanent CGSP à la STIB renchérit : « Nous avons conclu un accord en front commun avec la direction et nous avons fait le maximum en écoutant les conducteurs, en mettant toutes les mesures de distanciation sociale en place et en mettant les désinfectants à leur disposition. La vente de tickets est toujours interdite à bord des véhicules et les postes de conduite sont isolés et la montée à l’avant est aussi interdite. Donc nous les avons entendus et nous les comprenons, mais syndicalement on ne peut pas les soutenir ».
« Syndicalement on ne peut pas les soutenir » ? Ce permanent devrait peut-être lire et appliquer le “Guide Délégué-coronavirus” édité par son propre syndicat qui explique la procédure du droit de retrait et qui prévoit notamment la nécessité, au-delà des accords, de “concerter régulièrement et rectifier rapidement le tir”, c’est le rôle de la Délégation Syndicale “de demander des adaptations là où c’est nécessaire” [6]. Le CPPT (Comité pour la prévention et la protection au travail) ou autre organe compétent devrait négocier des protocoles en les soumettant à discussion et approbation démocratique des travailleur.se.s, en mettant en place les mesures pour que tout.e.s soient inclu.e.s (conférences téléphoniques par petits groupes, vidéoconférences, etc.).
« Syndicalement on ne peut pas les soutenir » ? Mais à qui appartiennent les syndicats ? Aux affilié.e.s ou à la structure ? Et qui connaît le mieux les conditions concrètes de travail ? Les chauffeurs/euses qui font le boulot toute la journée ou les permanent.e.s qui signent des protocoles de reprise du travail sur le papier ?
Dans la vraie vie, les chauffeurs/euses dénoncent le fait de devoir conduire des véhicules contenant jusqu’à 80 ou 90 personnes. Dans la vraie vie, le port du masque n’est pas généralisé et les véhicules ne sont pas correctement désinfectés. Et les responsables syndicaux de la STIB regardent ailleurs ? C’est inacceptable et cette attitude de collaboration de classes encourage la direction de la STIB. La porte-parole de celle-ci a atteint le sommet de l’arrogance en déclarant : « Je ne vois pas bien ce qu’on peut faire de plus, c’est un bus qu’ils conduisent et pas une ambulance » [7]. Un des enjeux est d’assurer l’effectivité du droit de retrait : la direction de la STIB refuse pour l’instant de rémunérer les travailleur.se.s. On serait tentés d’ajouter : la direction de la STIB et le gouvernement assurent la mobilité de la force de travail, de la consommation et du virus avant tout.
SOLIDARITÉ AVEC LES STIBARDS !
Les travailleurs et travailleuses de la STIB méritent notre solidarité. D’abord parce que leur combat spécifique est juste, et que l’affaire n’est pas finie : elle rebondira avec la reprise partielle des cours dans les écoles, le 18 mai, qui augmentera encore la fréquentation des bus et des trams.
Ensuite parce que ce combat met en pleine lumière la vraie fonction, la vraie nature de « l’unité nationale dans la lutte contre la pandémie ». En paroles, devant les caméras, on exalte « les héros ». Mais en coulisses, discrètement, on associe les bureaucraties syndicales au plus haut niveau à l’élaboration d’une politique autoritaire qui, sous couvert de protocoles sanitaires insuffisants, souvent incohérents ou impraticables, vise en fait à imposer la reprise du travail aux conditions dictées par les patrons. Une politique qui transforme les travailleurs/euses en kamikaze, obligé.e.s de se mettre en danger pour satisfaire les objectifs de profit capitalistes.
Enfin, nous devons être aux côtés des travailleur.se.s de la STIB parce que leur lutte est aussi celle des usager/ères et constitue un précédent important pour la classe travailleuse dans son ensemble. Nous devons impérativement soutenir un droit de retrait effectif, avec maintien du salaire, et préparer la solidarité financière en cas de conflits prolongé ou de bataille au tribunal du travail. Des alliances entre les secteurs “essentiels” et le reste de la société peuvent se construire à partir de ces batailles. Ce n’est que le début.
John Christiaens
• Gauche anticapitaliste | 13/05/2020 :
https://www.gaucheanticapitaliste.org/a-la-stib-et-ailleurs-on-flatte-les-heros-pour-en-faire-des-kamikazes/
Interview d’un chauffeur de la Stib : « La Stib est devenue un lieu de non-droits syndicaux. »
Ce mardi 12 mai, près de 80% des chauffeurs/euses de bus et 60% des conducteurs/rices de tram de la Stib n’ont pas pris leur service. Les actions avaient commencé la veille et se sont poursuivies. Ce mouvement massif et spontané des travailleurs/euses soulève des enjeux cruciaux, concernant le droit à la santé sur le lieu de travail et dans les transports en commun en période de pandémie, concernant le droit de retrait en cas de danger grave et imminent – ce droit théorique jamais invoqué en Belgique – mais aussi concernant la démocratie syndicale au sein de la Stib, plus gros employeur de Bruxelles. À l’heure actuelle, la Stib a constaté huit cas de Covid-19 au sein de son personnel, dont un dans un état grave. Ce mouvement n’est pas seulement social : il est politique – il vise à garantir la vie et la santé de toutes les personnes qui fréquentent les transports en commun : conducteurs et voyageurs. Edouard (prénom d’emprunt), conducteur de métro, a bien voulu répondre à nos questions.
Gauche anticapitaliste : Qu’est-ce qui a provoqué la colère des chauffeurs/euses ?
Edouard : Je pense qu’il y a trois raisons qui expliquent ce mouvement des travailleurs/euses. La première raison, c’est la question de la sécurité. La Stib a réagi tardivement à la situation liée au Covid. Le matériel fourni est arrivé très très tard. Aujourd’hui encore, les conducteurs de bus et de tram, qui sont plus exposés que ceux du métro, demandent plus de matériel, et notamment une barrière de protection en plexiglas qui les sépare hermétiquement du reste du véhicule. Une deuxième raison, c’est le dédain manifesté par la Stib envers les travailleurs/euses, en particulier envers les conducteurs/rices, qui sont le cœur et les poumons de cette société. Cela fait des années que ça dure. Et la troisième raison, ça été la signature par les trois permanents syndicaux (des trois syndicats) d’un document interdisant aux travailleurs toute action ou manifestation pendant la période du Covid – période pour laquelle on ne connaît pas la date de fin ! Il y a donc un ras-le-bol général par rapport à la situation qui se vit actuellement à la Stib.
GA : Qu’est-ce que les conducteurs/rices demandent principalement comme mesures de sécurité supplémentaires ?
Edouard : la Stib ne s’est pas donné les moyens pour passer, du jour au lendemain, d’un système de quota très limité dans les trams et les bus, à un système où tout le monde peut rentrer. On demande aux conducteurs/rices d’être des vigiles, puisqu’iels doivent demander aux personnes qui ne portent pas de masque de descendre du véhicule. Il y a déjà eu un conducteur qui a été agressé pour cette raison-là. Il n’y a pas assez de personnel pour assurer la sécurité aux abords des arrêts et des stations, en contrôlant les bus pour vérifier que tout le monde respecte le port du masque. Concernant la désinfection, clairement la Stib a menti dans ses communiqués : elle ne s’est pas donné les moyens pour nettoyer les véhicules suffisamment.
GA : Les conducteurs/rices de métros ont-iels aussi mené des actions ? Quelles sont leurs revendications les plus importantes selon toi ?
Edouard : À ce jour, les conducteurs/rices de métro ont juste fait un arrêt de travail d’une heure le mardi 12/05 en solidarité avec les conducteurs/rices de bus et de tram. Le problème de la distanciation sociale se pose moins pour les conducteurs de métro puisqu’iels sont dans un poste de conduite individuel. Par contre, le malaise est bien présent, notamment vis-à-vis des permanents syndicaux. Et assez paradoxalement, l’une des grandes revendications des conducteurs/rices de métro est le non-port du masque dans leur poste de conduite car, lorsqu’il fait chaud – et les périodes de chaleur arrivent – les postes de conduite n’ont pas d’air conditionné (en tout cas sur les lignes 2 et 6) : il y fait très très chaud. Le port du masque rend la conduite très pénible pour les conducteurs/rices. Une autre revendication des conducteurs/rices de métro, c’est qu’il y ait plus de contrôle et de distribution de masques aux entrées des stations, comme c’est le cas dans d’autres pays.
GA : Pourquoi la direction n’accepte-t-elle pas ces demandes ?
Edouard : Il faut savoir que la Stib – on va dire les choses clairement – n’en a rien à foutre de ses conducteurs/rices et des voyageurs/euses, puisque la Stib fonctionne essentiellement par kilomètres parcourus, que ce soit en métro, tram ou bus. C’est comme ça qu’elle est subsidiée par la Région bruxelloise. Donc pour la Stib, ce qui compte, c’est que ça roule, peu importe les conditions ; et ça, ça ne date pas du Covid, ça date depuis des années ! La preuve, si vous regardez les lignes 2 et 6, ce sont des métros qui auraient du être retirés depuis des années et qu’on continue à faire circuler, même dans des conditions qui peuvent être dangereuses pour les voyageurs/euses. La Stib se contente de faire le strict minimum. Après, dans la presse, elle accuse les conducteurs/rices d’être fauti.f.ve.s de tout. Cette fois-ci comme dans le passé.
GA : Les chauffeurs/euses ne sont pas d’accord avec l’accord passé avec les syndicats. À ton avis, les chauffeurs/euses ont-iels été suffisamment consultés dans la négociation autour des mesures de sécurité ? Pourquoi leurs avis n’ont-t-ils pas été pris en compte ?
Edouard : Les conducteurs/rices n’ont été consulté d’aucune manière ; et ça se passe depuis des années comme ça. La réalité, c’est qu’aujourd’hui la Stib est un lieu de non-droits syndicaux. Je vous explique un peu le topo : il y a des permanents – ceux qui ont le pouvoir de négocier avec la direction et de signer des documents – qui sont installés au siège social de la Stib, qui sont grassement payés par la Stib, qui côtoient tous les jours les cadres, qui ne viennent jamais voir leurs affiliés, qui ne les connaissent même pas. Je n’ai jamais vu un permanent descendre, voir notre travail, poser une seule question sur comment ça se passe. Donc ils signent n’importe quoi. En terme syndical, ce sont des vendus. Ils signent des documents qui disent qu’aujourd’hui, faire une grève à la Stib, c’est impossible. Il y a quelques années, ils ont signé une CCT qui permet à la Stib de freiner toute grève, dans une vision de paix sociale. Avant de poser un jour de grève, il faut pratiquement 2 à 3 mois de négociation, ce qui coupe l’herbe sous le pied de tout mouvement spontané des travailleurs/euses. Et le pompon a été le dernier accord en front commun syndical, signé par les permanents, sans consultation de la base, ni même des délégués je crois. Aujourd’hui, les syndicats ne représentent pas les travailleurs, ils ne représentent que les permanents eux-mêmes. C’est scandaleux. On entend dans la presse qu’un accord aurait été trouvé ce 14 mai, mais de nouveau sans consultation ni approbation par la base.
GA : Certain.e.s délégué.e.s syndica.ux.les, à la base, appuient-iels les actions ?
Edouard : Je pense que la majorité des délégué.e.s syndica.ux.les appuient la base et soutiennent les actions des conducteurs/rices. Mais iels sont pieds et poings liés par les accords, et par le fait que les permanent.e.s ne les consultent pas. Je pense qu’il y a certain.e.s délégué.e.s qui ont démissionné, et je sais que parmi les conducteurs/rices, il y a beaucoup de désaffiliation des syndicats, des trois couleurs. Les délégué.e.s sont bloqué.e.s, même si leurs avis sont proches du nôtres, iels ne savent pas faire grand-chose.
GA : Les chauffeurs/euses ne font pas grève : iels invoquent leur droit de retrait. Qu’est-ce qui les motive à invoquer ce droit, plutôt que simplement le droit de grève ?
Edouard : Les conducteurs/rices invoquent le droit de retrait parce qu’on ne leur permet pas de faire la grève. En principe, le droit de grève est un droit fondamental de notre démocratie. Ici, la direction, grâce aux permanents syndicaux, nous interdit de faire grève. Les conducteurs de bus et de tram ont invoqué le droit de retrait, c’est-à-dire le droit de se présenter au travail mais de ne pas travailler en tant que tel, puisqu’iels se sentent en danger sur leur lieu de travail. La Stib a déjà réagi le jour où les conducteurs/rices ont pris leur droit de retrait : iels ne seront pas payé.e.s, car elle estime qu’ils ne sont pas en danger.
GA : Est-ce que tu penses que les actions vont se poursuivre ?
Edouard : Je l’espère en tout cas, parce que la situation est grave. Je ne sais pas si ce sera sous cette forme-ci, celle du droit de retrait, ou autre chose. Mais il faut agir.
GA : Comment faire, selon toi, pour obtenir une victoire ?
Edouard : Il faut tenir et être soutenu par la population. La Stib n’aime pas être mal vue.
GA : Comment pouvons-nous soutenir vos actions et vos revendications ?
Edouard : En diffusant l’information venant de la base, et en mettant la pression sur les instances syndicales situées au-dessus des permanents de la Stib, pour qu’elles fassent aujourd’hui pression sur eux.
LES REVENDICATIONS DES CONDUCTEURS/RICES
Pour garantir la fin de ce danger grave et immédiat pour notre santé [le SARS-COV2], les mesures suivantes de protection doivent être mises en œuvre par l’entreprise :
• Le contrôle de l’obligation du port du masque par les voyageurs/euses.
• La limitation du nombre de voyageurs/euses et la distanciation sociale dans les véhicules.
• La fermeture hermétique du poste de conduite pour permettre aux conducteurs/rices de ne pas conduire avec un masque gênant et suffoquant, engendrant d’autres risques.
• La désinfection du véhicule après chaque service, éviter les déplacements inutiles et évitables, donc reporter les remplacements sur ligne.
• La suspension des services coupés pour garantir la distanciation sociale dans les dépôts et éviter des déplacements inutiles et évitables.
PÉTITION
Pétition en ligne, à l’initiative des travailleurs/euses de la Stib pour exiger des excuses de Françoise Ledune, porte parole de la Stib : https://www.petitionenligne.be/des_excuses_de_la_porte_parole_de_la_stib
• Gauche anticapitaliste | 15/05/2020 :
https://www.gaucheanticapitaliste.org/interview-dun-chauffeur-de-la-stib-la-stib-est-devenue-un-lieu-de-non-droits-syndicaux/