Une avancée supplémentaire dans la lutte pour la souveraineté alimentaire
2 mars 2007, Selingue (Mali)
Le Forum pour la Souveraineté Alimentaire touche à sa fin. Au terme de cinq journées d’intenses débats et réunions dans la campagne de Sélingué (Mali), paysans, pêcheurs, femmes, bergers, consommateurs… ont adopté une déclaration finale dans laquelle ils présentent un ensemble de demandes concrètes pour lutter en faveur de la souveraineté alimentaire, les stratégies de travail pour y parvenir, et dans laquelle ils dénoncent le système impérialiste et néolibéral auquel ils ont à faire face.
L’objectif de la souveraineté alimentaire est de placer au centre du système d’alimentation les personnes qui produisent, distribuent et consomment, en opposition aux exigences des marchés et des entreprises. Il s’agit de donner la priorité aux marchés locaux et nationaux et de renforcer l’agriculture, la pêche et l’élevage familial, et de baser la production alimentaire, la distribution et la consommation sur les principes d’une société, une économie et un environnement viables.
Les délégués et déléguées ont déclaré vouloir lutter pour un monde où tous les peuples puissent définir leurs propres systèmes alimentaires, où soit reconnu le droit et le rôle des femmes dans la production d’aliments et où existe une véritable réforme agraire intégrale qui reconnaisse le plein droit des paysans à la terre. Un monde, comme reprend la déclaration finale, où « nous partageons nos territoires en paix et de manière juste entre nos peuples ».
Les participants et les participantes ont souligné la nécessité lutter contre le système néolibéral et patriarcal et plus concrètement contre les institutions financières internationales, l’Organisation Mondiale du Commerce, les accords de libre échange, les groupes transnationaux, ainsi que contre les organismes génétiquement modifiés et le dumping des aliments vendus en dessous de leur prix de production. Un autre des fronts de lutte est le combat contre les valeurs paternalistes et patriarcales véhiculées par la globalisation.
Finalement, il faut souligner la volonté de renforcer les alliances et la solidarité entre les différents secteurs qui travaillent en faveur de la souveraineté alimentaire. Pour atteindre cet objectif un calendrier d’actions a été établi, qui reprend les propositions issues des différents groupes de travail et qui sera rendu public prochainement. Le Forum pour la Souveraineté Alimentaire de Sélingué s’est achevé ainsi, franchissant une étape de plus dans la lutte pour la souveraineté alimentaire.
La création d’alliances et l’élaboration d’une stratégie commune pour la souveraineté alimentaire avancent
28 février, Selingue (Mali)
Le Forum pour la Souveraineté Alimentaire, qui est en train de se tenir ces jours-ci à Selingue (Mali), avance dans ses propositions de travail. Dans l’enceinte du forum, les plus de 500 délégués, venus de 98 pays et invités tout spécialement pour les rencontres, se sont réunis au cours des deux jours passés en sept groupes thématiques. L’objectif était de débattre et d’établir des stratégies concernant la souveraineté alimentaire, le pourquoi nous luttons, ce que nous combattons, et ce que nous pouvons faire pour y remédier. Sur la base des résultats de ces débats, on rédigera une déclaration commune ainsi qu’un appel à l’action commune qui sera diffusé après approbation et avant la conclusion du Forum, le 27 février.
Accès à la terre
Un des débats centraux du forum a été l’accès à la terre et aux ressources naturelles ainsi que les conflits que suscite leur contrôle entre les différents acteurs. Ainsi, par exemple, dans certains pays, les lois refusent aux femmes le droit à la terre, et dans d’autres, où légalement elles y ont droit, ce sont les traditions et les coutumes qui les en empêchent.
En ce qui concerne les tensions entre groupes des différents secteurs d’activité, un des objectifs était d’avancer dans la résolutions des conflits, en mettant en avant les intérêts communs existant entre les agriculteurs et les éleveurs, les producteurs et les consommateurs, le monde urbain et le monde rural… Comme expliquait Mamadou Goita de l’organisation paysanne malienne CNOP, en Afrique les disputes entre agriculteurs et éleveurs sont fréquentes de même que les différents entre producteurs et consommateurs, les uns voulant vendre cher et les autres acheter à bon prix. C’est pourquoi générer des alliances et apprendre à se connaître mutuellement est fondamental, c’est la voie à suivre en vue de résoudre ces conflits.
Un forum à la campagne
Les débats et réunions se tiennent à Selingue, dans une enceinte spécialement construite pour l’occasion, et qui, à l’issue du forum sera gérée par l’organisation paysanne nationale CNOP qui l’utilisera comme centre de formation pour les organisations d’Afrique de l’Ouest. Le site comprend 50 cabanes, construite en torchis, qui servent à loger les participants, et des espaces conçus pour les réunions et les plénières. Pour la construction ont été utilisé uniquement des matériaux locaux, l’architecture traditionnelle a été respectée et la main d’œuvre a été embauchée sur place à Selingue.
Le site a été implanté au bord du Sankarani, un affluent du Niger, à côté du barrage électrique qui a été construit par la Banque Mondiale, provocant de graves dégâts environnementaux et sociaux. Sa construction a en effet entraîné un important déplacement de population, venus en masse dans l’espoir de vivre de la pêche, mais cette migration massive a eu pour résultat la surexploitation des ressources naturelles et, en conséquence, l’appauvrissement de la population, une fois les ressources épuisées. Ce n’est qu’un exemple de plus démontrant la nécessité de s’opposer aux politiques de la BM et du FMI qui, au lieu de générer le « développement » autoproclamé et promis, ne causent que pauvreté et endettement. Telle a été la teneur des débats qui ont eu lieu ces jours-ci dans la campagne de Selingue.
Voir aussi : Ester Vivas, Femmes et paysans en lutte pour la souveraineté alimentaire
Nyeleni 2007-Forum pour la Souveraineté Alimentaire sur les starting-blocks
21 février 2007
Les derniers préparatifs à l’ouverture de Nyeleni 2007-Forum pour la
Souveraineté Alimentaire sont au point. Plus de 500 délégués d’organisations
paysannes, de femmes, d’indigènes, de pêcheurs, de bergers… de tous les
continents devraient participer aux rencontres qui auront lieu du 23 au 27
février à Selingue, une agglomération rurale malienne située à 140 km de la
capitale Bamako.
La conférence de presse pour présenter le Forum aux moyens de communication
locaux et régionaux s’est tenue ce matin, 21 février, en présence de
représentants de mouvements sociaux paysans et de femmes travaillant à niveau
local et international. Alberto Gomez, dirigent de l’organisation paysanne
mexicaine UNORCA et membre de la Commission de Coordination Internationale de
Via Campesina, a présenté les objectifs politiques du Forum : la création de
stratégies communes dans la lutte pour le droit à la souveraineté alimentaire.
Une lutte qui, comme le signalait Gomez, passe par la défense de l’agriculture
paysanne et implique d’affronter l’agriculture exportatrice et industrialisée
des entreprises multinationales. Selon Gomez : « pour parvenir à la
souveraineté alimentaire, il est essentiel de promouvoir des politiques
publiques qui soutiennent l’agriculture paysanne et familiale et qui luttent
contre l’exclusion sociale ».
La Directrice des Amis de la Terre du Swaziland, Thuli Makama, a déclaré que
Nyeleni 2007 - Forum pour la Souveraineté Alimentaire est un processus, une
occasion pour que des organisations de femmes, de paysans, de
pêcheurs… débattent et élaborent des stratégies de travail en faveur de la
souveraineté alimentaire. Makama a expliqué les sept axes thématiques sur
lesquels se base le Forum et a déclaré que l’élément le plus important au sein
des débats sera « le contrôle local des ressources, qui sera déterminant pour
parvenir à la souveraineté alimentaire ».
Le 22, juste avant le début du Forum, se tiendra à Selingue une rencontre de
femmes coordonnée par la Marche Mondiale des Femmes, avec comme objectif de
débattre de stratégies communes et de leurs apports en faveur de lasouveraineté
alimentaire. Nana Aicha Cisse, coordinatrice de la Marche Mondiale des Femmes et
le secrétariat de la CAFO, coordination d’organisations féministes maliennes, a
présenté cette journée en mettant l’accent sur la nécessité d’articuler la
lutte et la défense des ressources naturelles (semences, terre, eau…) en tant
que patrimoine de l’humanité.
Finalement, le coordinateur de ROPPA, le réseau d’organisations paysannes
d’Afrique de l’Ouest, Magha Mohamoud, ont désigné les Politiques d’Ajustement
Structurel, mises en œuvre par la Banque Mondiale et le FMI, comme principales
responsables de la dépendance alimentaire des pays de la région et comme cause
directe du démantèlement des services de première nécessité et de leur
privatisation. Mohamoud a défendu la capacité des pays du Sud à fournir
l’alimentation nécessaire à ses populations.