J’ai eu la chance de rencontrer le camarade Lal Khan à Lahore, en novembre 2018, alors que The Struggle tenait, contre vents et marées, son congrès. La situation était alors particulièrement difficile, le TLP se faisant connaître en bloquant les routes après que la Cour suprême ait déclaré Asia Bibi innocente [1]. Mon ami Farooq Tariq était venu me chercher à mon arrivée et nous avions eu bien du mal à sortir de l’aéroport !
Nous avons rendu ensemble visite à Lal Khan. Il m’avait chaleureusement accueilli. Pour ma part, j’ai d’emblée ressenti une communauté d’histoire et d’engagement, une proximité personnelle toute naturelle. Nous étions camarades – et moi, sous le charme.
Sa perte est pour moi celle d’un ami, même si nous n’avions pas eu souvent l’occasion d’être ensemble.
J’ai pu apprécier son courage personnel, face à la maladie comme à la répression, et j’ai appris à connaître son histoire, soit tout un précieux pan de l’histoire de la gauche pakistanaise. J’ai pu enrichir de ses écrits le site Web d’Europe solidaire sans frontières (ESSF). J’ai pu mesurer sa capacité à tourner la page de polémiques passées pour prendre toutes ses responsabilités « d’ancien » en soutenant l’émergence d’une nouvelle génération de gauche, radicale et radicalement solidaire – ainsi que dans le renouvellement de son engagement internationaliste et celui de The Struggle, manifesté, notamment, par son engagement avec la Quatrième Internationale.
Lal Khan a jusqu’au bout lutté dans le présent, percevant à la lumière d’une riche expérience les potentialités nouvelles. Il est de ceux qui, dans notre génération militante, ont non seulement gardé leurs convictions, mais ne se sont pas non plus enfermés dans le passé.
Je perçois à quel point cette perte est grande, pour sa famille, ses proches et amis, pour ses camarades, pour la gauche pakistanaise et internationale.
Avec toute ma solidarité,
29 février 2020
Pierre Rousset