Le service public de l’énergie est en voie d’implosion. À partir du 1er juillet 2007, EDF et GDF (privatisé en 2004) vont s’affronter sur le terrain de la vente de l’énergie. EDF va proposer des contrats gaz au détriment de GDF, et GDF des contrats d’électricité (celle de Suez au travers sa filiale belge Electrabel) au détriment d’EDF. Cette politique, au dire du PDG de GDF, va entraîner la suppression de milliers d’emplois dans le secteur commercial de cette entreprise.
Le secteur de la distribution (EGD), encore commun à EDF et GDF et concernant 50 000 agents, va être filialisé. Des milliers d’emplois sont déjà externalisés dans le secteur privé (relève, travaux, pool téléphonique et gestion des factures).
À EGD, les agents, les militants, les jeunes se mobilisent chaque jour dans les unités, malgré la démission des fédérations syndicales pour organiser une riposte centrale et la coordination des luttes. Grèves, manifestations, coupures de courant local sont leurs formes de lutte quotidiennes. Un sondage de la direction montre que 73 % du personnel est en désaccord avec sa politique.
Le 19 octobre à Paris, plus de 250 agents ont envahi un organisme paritaire afin d’exiger l’arrêt de la politique de fermeture des points d’accueil et des caisses, dénonçant aussi le non-respect de la sécurité des agents travaillant sur les réseaux de distribution de gaz. L’attitude insolente du directeur (connu pour avoir licencié 800 travailleurs brésiliens de la filiale Light lors de son arrivée au Brésil) a fait monter la tension. La colère des agents a éclaté et cette combativité renaissante n’a pas été du goût de la direction. Sept militants CGT, ciblés pour leur combativité, ont été pris en otage et jugés par sept conseils de discipline, entraînant ces trois dernières semaines des manifestations combatives de soutien (fumigènes, jets de pétard, direction apostrophée sur ses responsabilités dans la politique de privatisation). L’enjeu est de taille pour la direction. Elle ne peut laisser se développer une mobilisation contre la privatisation et pour la fusion et la renationalisation d’EDF-GDF, monopole 100 % public. Aussi pratique-t-elle une politique de répression et de criminalisation de l’action syndicale.
Pour la première fois depuis des dizaines d’années, cette direction a osé demander le licenciement de trois des militants et, pour les autres, des déclassements professionnels (entraînant une perte de pouvoir d’achat de 150 euros par mois, soit 10 % de leur salaire) ou des mises à pied d’un mois avec pour motif « jets de boulettes de papier » en direction de l’encadrement ! Cette politique de répression est inacceptable. Dans l’attente des décisions, la mobilisation s’étend avec comme mot d’ordre « pas de sanctions contre les agents qui luttent contre la privatisation ».