Comme l’ont rappelé les organisateurEs de la marche (au sein desquels figure le NPA) dans un communiqué, le succès du 10 novembre est d’autant plus notable que « la marche a été, durant toute la semaine qui l’a précédée, la cible d’une véritable campagne de diffamation, voire de haine, destinée à saboter l’initiative, à la délégitimer et à dissuader les gens de s’y rendre. Les initiateurs ont par ailleurs subi de nombreuses attaques, certains d’entre eux recevant des menaces de mort explicites. »
Ne pas se laisser enfumer
Les réactions politiques et médiatiques à la manifestation s’inscrivent dans la continuité de ces semaines de dénigrement, avec de misérables polémiques qui n’ont d’autre fonction que d’essayer d’occulter le succès de la mobilisation du 10 novembre et de continuer à salir les organisateurEs et les manifestantEs. Ainsi en va-t-il du pseudo-scandale de « l’étoile jaune » : si l’on peut être légitimement en désaccord avec la mise en équivalence du sort des juifEs durants les années 1930 et 1940 et de la situation des musulmanEs aujourd’hui, il faut être stupide et/ou malhonnête pour penser que celles et ceux qui ont arboré cet autocollant le faisaient pour minimiser la barbarie des politiques nazies. Il s’agit bien au contraire de l’expression maladroite d’une reconnaissance de la souffrance des juifEs et d’un cri d’alerte quant aux violences, à la stigmatisation et aux discriminations que subissent les musulmanEs.
Les tentatives – plus ou moins réussies – de diversion sont également faites pour masquer ce qu’était l’objet de la manifestation : l’islamophobie, bien réelle, et la situation de plus en plus dégradée des musulmanEs. La marche du 10 novembre vient en effet s’inscrire en réaction et en opposition à la déferlante islamophobe qui s’abat depuis plusieurs semaines, qui a ceci de singulier qu’elle a été impulsée par les plus hauts sommets de l’État, Macron, Castaner et Blanquer en tête. On n’a pas oublié, en effet, le discours de Macron lors de l’hommage aux policiers assassinés à la préfecture de Paris, au cours duquel ils avait affirmé la nécessité de construire une « société de vigilance » dans laquelle chacunE est invité à repérer « les relâchements, les déviations, ces petits gestes qui signalent un éloignement avec les lois et les valeurs de la République ». En d’autres termes, une société de la suspicion contre les musulmanEs et de la délation généralisée…
Ce n’est qu’un début…
Nous l’écrivions à la fin du mois d’octobre : « les silences de certains secteurs de la gauche sociale et politique sont inquiétants. Il n’est pas encore trop tard pour réagir, mais nul doute que sans un soutien le plus large possible aux musulmanEs victimes de stigmatisation et de violences, et sans un appui et une implication forte des partis, syndicats, collectifs et associations dans les mobilisations qui commencent à s’organiser, nous ne pourrons mettre un coup d’arrêt à la déferlante en cours. » Le moins que l’on puisse dire, et l’on ne peut que s’en réjouir, est que certaines clarifications se sont opérées, ou sont en train de l’être, et que l’appel à la marche du 10 novembre, ainsi que le succès de cette dernière, y ont largement contribué. De la CGT au groupe parlementaire FI en passant par EÉLV, la FSU, Solidaires, l’UCL, le PCF, Génération.s ou Lutte ouvrière, toute la gauche sociale et politique a manifesté dimanche contre l’islamophobie, en appui aux premierEs concernéEs et au côté de diverses organisations musulmanes.
Un succès qui en appelle d’autres. Comme l’ont souligné, là encore, les organisateurs dans leur communiqué : « Nous n’en resterons pas là car, malheureusement, le succès ce cette marche est également dû à un contexte particulièrement préoccupant pour les citoyens de confession musulmane. » Le NPA en sera et continuera de mener le combat, et les débats, pour la construction de la solidarité avec les populations musulmanes stigmatisées et agressées, et pour refuser de se laisser entraîner sur le terrain de la haine et des divisions face à un gouvernement dont les politiques visent l’ensemble des salariéEs, des classes populaires et des jeunes.
Julien Salingue