Dix-huit ans après la révolution iranienne, le statut de la femme semble
complexe. D’un côté il y a l’obligation du port du voile et le harcèlement
infligé aux femmes par les gardiens de la révolution, mais, de
l’autre, les femmes iraniennes bénéficient d’une participation relativement
importante à la vie publique et politique.
Quel est selon vous le degré réel de rupture introduit par la révolution
iranienne sur le plan du statut des femmes ?
D’un point de vue purement juridique la rupture a été très importante.
Le code de la famille, en vigueur sous le Chah, qui donna naguère
un certain nombre de droits aux femmes (divorce, limitation de la
polygamie, garde des enfants) fut suspendu.
Dans le même temps, certains députés telle la fille de l’Ayatollah
Talaghani (dirigeant décédé au début de la révolution), réclamaient la
nécessité d’un nouveau cadre légal pour faire face à la crise de la
famille.
Pour une minorité de femmes députées ces débats ont commencé,
en fait, dès 1979 dans Femme actuelle une des rares revues destinées aux
femmes. On s’interrogeait par exemple sur le fondement de l’interdiction
du métier de juge et les effets négatifs de la polygamie, en particulier
sur l’équilibre physiologique des femmes. Ainsi, des principes
islamiques dont la légitimité n’avait jamais été remise en cause ont fait
l’objet d’un vrai débat surtout dans les milieux islamistes.
Soutenues par quelques ayatollahs, tel l’ayatollah Sanei, ces femmes
ont réussi à remettre en cause certaines dispositions en vigueur en
s’appuyant sur le fait que la tradition d’exégèse permet de peser sur les
décisions, car la vérité coranique est relative et soumise à la déduction.
Sans un tel soutien, les femmes n’auraient peut-être pas eu accès à ce
champ d’expression.
Aujourd’hui 18 ans après la révolution, force est de constater que l’évolution
juridique du statut des femmes est limitée. Néanmoins, le véritable
progrès se situe au niveau de leur implication dans les débats
concernant leur vie de tous les jours. Avant la révolution, les acquis juridiques
étaient quasi octroyés aux femmes. Aujourd’hui, le débat et les
revendications d’un mouvement émanant des femmes elles-mêmes se
substituent à la passivité d’avant la révolution. Cela nous pousse à espérer
que les acquis arrachés par les femmes seront durables.
La dot et l’âge du devoir religieux (9 ans pour les filles et 15 ans pour
les garçons) sont également débattus. Le rédacteur en chef de la revue
Farzanih interroge la validité du principe au nom duquel à partir de
9 ans les filles sont contraintes de pratiquer les obligations religieuses
(jeûne et prières), car ces devoirs sont incompatibles avec les obligations
de l’école, et imposer aux enfants de tels devoirs pourrait les
décourager dans la pratique de leur foi. On retrouve là l’une des tendances
majeures de la société iranienne, à savoir la rationalisation du
champ religieux.
Certains s’interrogent également sur la validité de l’interdiction de
la fonction de la présidence de la République aux femmes. Arguant
que Dieu a réservé le même traitement aux hommes et aux femmes, ils
estiment que rien ne justifie la discrimination en politique.
A l’occasion des élections de 1996, le débat s’est focalisé sur la question
de savoir si les femmes peuvent ou non être candidates à ce poste.
Sur 238 candidats à la présidence de la République figuraient 8 femmes
dont M. Talaghani. Sa candidature n’a pas été agréée par le Conseil de
surveillance de la Constitution, sans que son sexe ait été invoqué pour
expliciter ce refus.
Ainsi, 18 ans après la révolution, la situation légale des femmes est
restée quasi inchangée. L’avancée la plus substantielle est le livret de
mariage, un document qui permet aux femmes de poser des conditions
en cas de divorce. Souvent, de telles dispositions vont jusqu’à contredi re le code religieux.
A titre d’exemple, la polygamie, envisageable dans
le cadre religieux, peut devenir un motif de divorce pour les femmes si
son refus était stipulé dans le livret de mariage. Cet exemple montre
comment le cadre légal, tout en laissant persister des ambiguïtés, peut
être dans certains cas en faveur des femmes.
Pourquoi le cadre légal n’a-t-il pas suivi l’évolution réelle ? Je pense
à la discrimination à l’encontre des femmes sur le plan socioprofessionnel
et juridique...
La réponse est fournie par les islamistes eux-mêmes. Avant 1979,
quand on parlait de la révolution islamique, on n’avait pas une idée
précise sur sa nature. On pensait que le gouvernement islamique allait
résoudre automatiquement tous les problèmes. Mais une fois au pouvoir,
il a été confronté à la complexité de la gestion et de la mise en
place d’un cadre juridique. Le chemin de la république islamiste a été
sinueux et nous sommes loin de l’unanimisme révolutionnaire.
Les islamistes au pouvoir ont tout de suite compris qu’ils ne pouvaient
pas décréter des “lois islamiques” si facilement. Dans certains
domaines, cela a pris plus d’une quinzaine d’années (comme par
exemple dans le domaine de l’islamisation de l’université).
Au niveau des femmes, l’exemple le plus éloquent est l’obligation du
port du voile. En effet, on a imposé son port mais on a attendu trois ans
avant de le rendre obligatoire dans la rue et on n’a toujours pas de loi
écrite qui l’impose (seulement des circulaires administratives) sur les
lieux de travail. En fait, seule la présence des gardiens de la révolution
oblige les femmes à le porter.
Dans la mesure où la révolution n’était pas islamique à l’origine et
où elle a drainé toutes les couches sociales et toutes les tendances politico-
idéologiques, l’obligation du port du voile a souvent été très cocasse
dans son application. Au début de la révolution, on l’imposait, par
exemple, aux femmes enseignantes, mais pas à leurs élèves. Ensuite,
dans un deuxième temps et jusqu’à la guerre, on a obligé les élèves à
porter le voile mais seulement à l’intérieur de l’école.
La dramatisation créée par la guerre contre l’Irak a certainement
favorisé la généralisation du voile car les forces de l’ordre étaient enclines
à voir dans toute velléité de dissidence une trahison.
Cette guerre a renforcé le régime en favorisant la mobilisation nationaliste
qui a bénéficié au pouvoir islamiste. Rappelons que l’Occident
avait soutenu l’Irak pour endiguer, affaiblir ou abattre la République
khomeiniste.
Juridiquement, le droit au travail est reconnu aux femmes, encore
que certaines professions leur soient interdites (juge, essentiellement),
que des filières universitaires leur aient été également interdites ou
limitées pour des raisons d’ailleurs plus économiques que religieuses et
que des discriminations soient pratiquées dans de nombreuses administrations.
Statistiquement, le pourcentage des femmes actives est tombé au lendemain
de la révolution mais il a recommencé à augmenter à la fin des
années 80. Par ailleurs, le taux des femmes qui se déclarent à la recherche
d’un travail plutôt que femme au foyer ne cesse lui aussi de croître.
Les femmes sont surtout très présentes dans l’économie informelle.
Quoi qu’il en soit leur présence sur le marché du travail, même limitée,
va de pair avec leur participation à la vie publique. Les femmes ont élargi
leur accès au champ social essentiellement par le biais des associations
caritatives et du secteur informel.
Les femmes iraniennes ont joué un rôle important à l’arrière pour
soutenir le front pendant la guerre. C’est aussi grâce à elles que l’Iran
a pu résister aussi longtemps malgré tous les problèmes économiques.
C’est à ces femmes que revenaient non seulement les tâches ménagères
habituelles, mais aussi celles de chef de famille et le soutien matériel et
moral aux soldats. Il y a aussi eu des martyrs femmes, même si seuls les
hommes ont été médiatisés. La “littérature de guerre” permet aujourd’hui
d’en évaluer le rôle.
Les femmes, sous le régime islamiste, ont renforcé leur présence
sociale, sans que cela ne contredise nécessairement la volonté du régime,
qui s’en servait pour amortir un peu les attaques contre la
République islamique. Il en a ainsi profité dans sa propagande pour
montrer qu’il n’avait rien contre les femmes. Néanmoins, cette situation
n’a pas impulsé une mobilisation en faveur d’un changement du
statut légal des femmes.
Si on prend un autre domaine, celui du sport, aucune discrimination
religieuse entre hommes et femmes n’existe. Néanmoins il existe des
salles de sport pour les hommes et d’autres pour les femmes. Mais bien
évidement le budget consacré au sport féminin est ridicule par rapport
à celui des hommes.
Les débats sur la condition féminine au sein du Parlement sont souvent plutôt risibles.
Récemment des femmes ont demandé à ce qu’on
puisse réévaluer le montant de la dot, en cas de divorce, en fonction de
l’inflation. Un député a alors déclaré que la question était envisageable
mais qu’il ne fallait pas oublier que la dot originelle correspondait à un
contenu (en l’occurrence la jeune femme vierge) qui se dépréciait lui
aussi avec le temps.
Comment expliquer que 18 ans après la révolution, bien que la participation
de la femme au champ politique ait progressé, l’expression
politique reste toujours uniforme ?
La participation des femmes a progressé, mais nullement au niveau
de l’expression politique. Cela constitue une particularité de la société
iranienne. La politique en Iran n’est plus l’apanage d’un groupe ou
d’une expression particulière mais une activité pour tout le monde. Par
exemple, une femme a recueilli un très grand nombre de voix lors des
dernières législatives de 1996, c’est Faezeh Hachemi, la fille de l’ex-président
de la République Rafsandjani. Faezeh Hachemi n’affiche aucune
ligne politique précise. Elle est avant tout une femme jeune et très
sportive. Cela signifie que la scène politique iranienne devient de plus
en plus le lieu de résolution des problèmes d’une façon diversifiée et
plurielle pour toutes les catégories et tous les groupes sociaux.
F. Hachemi était en même temps représentante de la jeunesse, des
femmes et des sportifs. La présence des femmes sur la scène politique
s’est amplifiée car la politique n’est plus l’apanage de la classe politique.
Tout le monde cherche aujourd’hui un espace pour s’exprimer
et avancer ses revendications.
L’accès au social et au politique s’est élargi pour les femmes, par rapport
à ce qui existait avant. Cet accès est certainement plus palpable
mais n’est pas forcément plus politisé. Aujourd’hui, l’expression de la
société iranienne qui a des revendications d’ordre légal, social et culturel
ne se limite pas au domaine politique stricto sensu.
A l’occasion de la dernière élection présidentielle, la presse occidentale
s’est faite l’écho de débats intéressants, dans certaines revues
féminines en Iran, soulevant même des questions comme la laïcité …
Cela reflète-t-il un degré avancé d’autonomisation de la société ?
Comment se conjugue cette liberté de ton avec un régime qui reste
totalitaire ? Et comment peut-on expliquer, malgré tout ce qu’on a
raconté sur le totalitarisme iranien, que ce régime a réussi à avoir une
certaine légitimité et une certaine hégémonie sur la société en général
et les femmes en particulier ?
Le gouvernement iranien n’est pas démocratique, certes, mais c’est
un gouvernement représentatif. Il a très bien réussi à « surfer » sur toutes
les expressions politiques sociales et culturelles existantes et par là
même à les adopter. Par exemple, la question du sport féminin était
très importante avant même l’élection de la fille de Rafsandjani. Toutes
les caves s’étaient transformées en salles de body building. Donc avant
même que la fille de Rafsandjani n’occupe le devant de la scène ce
mouvement existait. F. Hachemi s’est contentée de le faire sien. Grâce
à sa position, elle a pu donner plus de visibilité à ce mouvement.
Bien évidemment il ne s’agit pas d’une politique machiavélique. En
effet, il est important de garder à l’esprit que ceux qui ont d’une certaine
manière confisqué la révolution de 1979 n’étaient pas des extraterrestres
étrangers à la société.
Par exemple, Rafsandjani dans ses mémoires dit “nous étions les mollahs
du village”. Or le mot mollah est un terme plus ou moins péjoratif
qui désigne aussi le lettré qui aide les villageois à écrire leurs lettres.
Rafsandjani voulait par là confirmer l’attachement des dirigeants de la
révolution au peuple. L’autre exemple qui reflète la représentativité de
ce régime est le score réalisé par le nouveau président lors des dernières
élections. Khatami a, en effet, obtenu proportionnellement plus ou
moins le même nombre de voix dans toutes les régions du pays.
En 1989, après la mort de l’imam Khomeini, la constitution iranienne
fut révisée afin d’institutionnaliser certains organes comme le
Conseil pour la défense de la raison d’État (instance d’arbitrage entre
le Parlement et le Conseil de surveillance de la Constitution) dont le
rôle n’a cessé de se renforcer surtout depuis que Rafsanjani a été
nommé à sa tête en mars 1997.
Dès lors, le pouvoir iranien qui était jusque-là tricéphale (le Guide
de la révolution, le président de la République, le président de
l’Assemblée) est devenu quadricéphale. La diversité des centres du
pouvoir iranien empêche la centralisation et donc ne permet pas de
parler de pouvoir totalitaire mais plutôt d’un pouvoir autoritaire.
Sous Khatami, le Parlement continuera à jouer son rôle car son président
actuel est le rival de Khatami. Il était le candidat de la droite et
a perdu l’élection présidentielle mais avec 7 millions de voix.
C’est donc ce pouvoir quadricéphale qui permet une certaine autonomie
de la “société civile”…
Oui, mais j’ai des réserves quant à la distinction établie rigidement
entre d’un côté le pouvoir et de l’autre la société. Le pouvoir et la société
sont imbriqués ; je ne sais pas où commence la société et où finit l’État en
Iran. Et le terme de société civile au sens de J. Habermas est l’expression
même de cette imbrication. C’est donc un contresens que d’opposer à l’État
une “société civile” qui n’existerait qu’à travers sa résistance à celui-ci.
Mais cette imbrication ne renvoie-t-elle pas tout simplement à la
nature populiste du régime iranien ?
Oui, mais en même temps il existe des interfaces qui permettent ce
jeu. Certaines revendications sont appuyées par le pouvoir. Par exemple,
Khatami doit son triomphe aux jeunes et aux femmes. S’il déçoit
son électorat on regardera vers quelqu’un d’autre.
Ce qui est important aujourd’hui ce n’est pas tant ce qui se réalise
dans la société iranienne en termes de démocratie, mais plutôt ce qu’offre
cette société comme possibilité de penser le processus démocratique.
Si on pense la démocratie comme une matrice déjà institutionnalisée,
alors l’Iran n’est pas démocrate, mais si on la pense comme un processus
où chaque pays invente sa propre façon de s’y inscrire et de répondre
à ses exigences, je pense que l’Iran est engagé dans ce processus
d’apprentissage depuis une dizaine d’années, les dernières élections
législatives de 1996 ayant constitué un moment clé de cette évolution.
Aujourd’hui la mobilisation massive des gens n’est pas sans évoquer
celle qu’a connue l’Iran au moment de la révolution. Des jeunes qui
n’ont pas fait la révolution, qui n’ont pas été imprégnés par ses slogans,
adhèrent de plus en plus à cette mobilisation. Il en est de même pour
les femmes, qui sont de plus en plus présentes sur la scène pour exprimer
leurs demandes sociales, etc.
Mais si la société a bénéficié de ces possibilités d’action et de mobilisation,
elle le doit aussi à une certaine gestion du pouvoir.
Les débats sur la démocratie et les libertés ne sont pas réservés aux
opposants. Ce sont des débats auxquels participent également des intellectuels
islamiques y compris du régime. Ceux-là mêmes savent très
bien que la continuité de la légitimité de leur pouvoir tient aussi à cette
mobilisation de la société. L’élection de Khatami a servi de bain de jouvence
à ce pouvoir.
L’hégémonie au sens gramscien est un concept qui s’applique parfaitement
au régime iranien. Ce dernier puise sa légitimité, y compris
sur le plan constitutionnel, à la fois dans le principe de la religion et
dans les urnes, à la fois dans l’islam et dans le nationalisme.
Quelle est la portée des associations caritatives pour les femmes ?
Les associations caritatives sont très importantes en Iran car elles sont
l’expression de la société en général et des femmes en particulier. Elles
reflètent la grande mobilisation des femmes et n’ont rien d’illégitime ni
aux yeux du pouvoir ni aux yeux de la société bien au contraire elles ont
tout pour plaire et mobiliser : leur travail est à la fois caritatif et islamiste.
C’est pourquoi le régime s’y implique également. Ces associations se
sont mobilisées au moment des élections. Ainsi un mouvement social
d’aide aux déshérités et aux pauvres a fini par avoir une expression politique.
Rien ne dit dans une telle situation que le développement de ce
processus n’aboutirait pas à l’émergence de courants féministes.
Existe-t-il aujourd’hui en Iran une expression féministe laïque ?
C’est toute la limite de l’expression et de la mobilisation politique en
Iran aujourd’hui. En 1979, c’était une véritable révolution avec des
expressions démocratiques laïques de gauche. Aujourd’hui tout mouvement
doit s’exprimer dans le cadre de la constitution et donc du
respect du “gouvernement de la jurisconsulte” (Velayat-e faqih).
Néanmoins, il ne faut pas être simpliste, car même à ce niveau il y a
deux points de vue : certains disent que le guide de la révolution tient
son pouvoir de manière transcendante et que par conséquent personne
ne peut contredire ni ce qu’il dit ni ce qu’il fait. Les autres, l’alliance
de la gauche et des reconstructeurs (la majorité présidentielle),
considèrent que c’est un pouvoir qui s’inscrit dans la constitution iranienne,
dans un cadre légal. Ainsi, y compris au sein du pouvoir, il existe
deux lectures du rôle accordé au guide de la révolution.
Un mouvement qui remettrait en cause le rôle joué par le guide et
par les autres institutions est condamné à ne pas avoir d’existence. Les
vraies oppositions ne sont pas à l’extérieur du régime mais en son sein.
C’est la limite du système. Néanmoins, la limite au droit d’expression
n’est pas réservée aux laïcs : sur 238 personnes qui se sont déclarées
candidates aux élections, seules 4 ont eu l’aval du Conseil de la surveillance
de la constitution.
Quand vous parlez de l’Alliance de gauche, quel contenu lui donnezvous ?
Et la victoire de cette gauche a-t-elle des implications immédiates
sur la situation des femmes ?
Quand je parle de la gauche, j’entends la gauche islamique. Les islamistes
ne sont pas homogènes : il existe une gauche, un centre et une
droite islamique. La droite, dont le candidat aux dernières présidentielles
était Nategh Nouri, peut à certains égards être rapprochée des salafistes.
La gauche est également une alliance de plusieurs tendances et
associations. Les reconstructeurs sont les rafsandjanistes qui sont apparus
sur la scène en 1996 et sont issus de la droite. La droite et la gauche
n’ont d’ailleurs pas cessé de connaître des scissions depuis cette date.
Aujourd’hui on a également une gauche populiste nostalgique qu’on
voit souvent dans les mobilisations de rue contre les femmes mal voilées.
En somme il existe aujourd’hui en Iran deux grandes tendances de droite,
deux tendances de gauche et de très nombreux élus “indépendants”.
La gauche paraît plus sensible à l’émancipation sociale des femmes.
Elle a donné naissance à des mouvements autonomes gérés par des
femmes, à l’instar de la tendance de la revue Farzanih (femme de grande
vertu, titre persan rompant avec les titres usuels tels que Hijab, etc.),
ou de Zanan (Femmes).Farzanih est une revue très académique qui
s’inscrit dans les débats agitant les femmes musulmanes au Moyen-
Orient. Cette mouvance a engendré un véritable féminisme islamique
qui se bat pour le changement du statut légal des femmes tout en refusant
de se contenter de la bonne volonté supposée des hommes. C’est
dire que le mouvement des femmes à l’intérieur du régime politique
iranien est aussi diversifié et pluriel que le mouvement politique dans
son ensemble.