“Écoles. La guerre des WC inclusifs”, titrait le 22 août le journal i. Depuis quelques jours, un vif débat anime la classe politique à propos de l’identité sexuelle à l’école. En cause : une nouvelle directive gouvernementale permettant aux adolescents de 16 à 18 ans de déclarer leur changement de genre à leur établissement scolaire, avec l’accord de leurs parents.
Le texte autorise les adolescents concernés à choisir les toilettes ou l’uniforme correspondant à leur identité ou à se présenter en classe sous leur nouveau prénom. “Cette mesure provoque une petite tempête au sein de la société, annonçait en manchette le journal i. La droite et la gauche sont très divisées.”
Une pétition, qui compte 32 000 signataires à ce jour, circule en ligne pour demander le retrait de cette mesure.
“Populisme opportuniste”
Le premier à avoir allumé la mèche est Rui Rio, le patron du Parti social-démocrate (centre droit), principale force d’opposition. Sur Twitter, le leader de la droite a accusé le gouvernement socialiste, entre autres, de “semer la confusion chez les parents et les enfants”.
Em Agosto, a um mês do começo das aulas, o Governo faz um despacho de perfil bloquista, semeando a confusão nas escolas e nos pais. Um coisa feita da forma mais insensata que se pode imaginar. Tratam com a maior leviandade um assunto sério e revelam pouco respeito pelas crianças.
— Rui Rio (@RuiRioPSD) August 22, 2019
Le psychologue Abel Matos Santos, du Centre démocratique et social, un parti chrétien et conservateur, est allé plus loin en s’attaquant au “fascisme hygiénique de l’idéologie du genre”. Un autre cadre du CDS dénonce, lui, “la politique antifamille de la gauche et de l’extrême gauche”.
Dans son éditorial publié hier, le quotidien Público accuse le CDS de “populisme opportuniste” :
“Considérer que cette directive, destinée à protéger environ 200 jeunes, relève d’un caprice, du libertinage ou que l’on va vers l’apocalypse de la société est tout sauf chrétien et démocratique ; c’est malhonnête et disproportionné.”
“Une guerre culturelle qui n’existe pas”
Même le site libéral Observador désapprouve la réaction de l’opposition. Son directeur, dans un édito intitulé “Le CDS s’enferme dans les toilettes”, estime que le parti conservateur ne manque pas les occasions de s’attaquer aux “chimères de la gauche quant à l’égalité des genres”.
Seulement, dans cette affaire, en s’appuyant sur une lecture erronée du texte, “il a préféré créer un monde fantastique, plein de complots et de menaces imaginaires, pour s’inventer une guerre culturelle qui n’existe pas”.
Le gouvernement, de son côté, déplore un “climat alarmiste inutile”. Dans le Jornal de Notícias, la directrice adjointe essaie de prendre un peu de hauteur :
“Les polémiques comme celle des toilettes pour les transgenres, creuses et confuses dès le départ, nous montrent malheureusement qu’on s’intéresse davantage aux concepts et aux stéréotypes qu’aux personnes qui ont réellement besoin de nous. Dès lors qu’on évoque l’intérêt supérieur de l’enfant, la théorie l’emporte sur l’action.”
Vincent Barros
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