La gigantesque manifestation du dimanche 16 juin a incontestablement constitué un pic dans les mobilisations. Elle a en effet regroupé deux millions d’habitant.es, soit l’équivalent de 19 millions en France
Elle n’a toutefois débouché, que sur l’annonce, la veille de cette manifestation, d’une simple suspension de l’amendement sur la loi d’extradition.
Il était donc inévitable que surgissent dans l’aile marchante des mobilisations, c’est-à-dire la jeunesse, deux réactions contradictoires :
– d’une part un sentiment de désespoir marqué notamment par des suicides et des rêves d’émigration,
– d’autre part une volonté de radicaliser le mouvement, qui s’est notamment traduite par le saccage du Conseil législatif (Legco) le 1er juillet.
Les gouvernements de Hong Kong et de Pékin ont fait le choix de ne pas empêcher physiquement cette occupation. L’explication donnée par les autorités est sa volonté d’éviter une escalade pouvant mettre en danger la sécurité des habitant.es, alors que 550 000 manifestant.es déferlaient pacifiquement à proximité.
La raison réelle est sans doute ailleurs : espérer que la population se retourne contre l’aile la plus radicale, puis déchaîner la répression en profitant du début des vacances universitaires à la mi-juillet.
Cette dernière manœuvre semble avoir échoué :
– D’une part des milliers de jeunes, ont stationné pendant tout le temps de l’occupation aux abords immédiats du bâtiment, lui apportant un soutien moral et logistique ;
– D’autre part, de nombreux hongkongais.es, sans pour autant soutenir le saccage du Conseil législatif, ont publiquement déclaré comprendre la raison d’un tel acte et affirmé leur soutien aux revendications exprimées (cf. l’étonnante video publiée sur le site d’un journal de Hong Kong dont le patron est pourtant très lié au régime de Pékin).(1)
Le refus de la politique des gouvernements de Hong Kong et de Pékin n’est pas près de s’éteindre.
En cas de modification de la loi sur l’extradition, la plupart des habitant.es de Hong Kong se retrouveraient en effet dans la même absence de liberté que sur continent.
Toutes celles et ceux ayant critiqué un jour le régime de Pékin, c’est-à-dire la grande majorité de la population, se sentent menacé.es. C’est encore plus le cas pour celles et ceux ayant, ou ayant eu un jour, une activité militante.
La solidarité internationale avec les luttes se déroulant à Hong Kong pour la démocratie et la justice sociale est plus actuelle que jamais. Il en va également en partie du sort des militant.es du continent luttant pour les mêmes valeurs, et à qui des militant.es de Hong Kong ont apporté une aide depuis des dizaines d’années.
Cette solidarité est d’autant plus nécessaire qu’aucune alternative politique crédible n’existe. Le système politique de Hong Kong a été façonné par l’ex pouvoir colonial britannique, le grand patronat hongkongais et le pouvoir chinois de façon à assurer au « camp pro-Pékin » une majorité automatique dans les institutions. L’absence d’élection au suffrage universel des institutions permet que celles-ci ne se sentent en rien tenues de prendre en compte les demandes de l’immense majorité de la population.
Dans ces conditions, le principal parti politique d’opposition aurait moins d’un millier d’adhérent.es. Quant aux groupes et réseaux se réclamant du socialisme, ils ne regrouperaient au mieux que quelque dizaines de membres.
Il en irait de même pour les organisations politiques constituées dans la foulée du Mouvement des parapluies de 2014, et qui ont par ailleurs des orientations politiques extrêmement variées.(2)
Dimanche 7 juillet, une manifestation avant tout destinée à sensibiliser les touristes originaires du continent chinois, a eu lieu à Hong Kong. Elle a regroupé 230 000 participant.es.
La mobilisation se poursuit, la solidarité doit s’amplifier !
Notes :
1. http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article49562
2. https://npa2009.org/actualite/international/comment-expliquer-lampleur-des-mobilisations-hong-kong