Le 23 janvier 2003, le Parti communiste des Philippines (PCP) a abattu, dans un restaurant de Manille, Romulo Kintanar, ancien membre du bureau politique qui fut l’un des dirigeants les plus renommés de la guérilla. Pour se justifier, le PCP a dénoncé en Kintanar un agent militaire. Mais, pour toute les autres forces de gauche, ce meurtre annonçait une escalade de la violence exercée par la direction de ce parti à l’encontre de militants révolutionnaires et progressistes : c’était la première fois qu’elle s’attaquaient à une personnalité connue, en plein cœur de la capitale.
Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que cette analyse soit confirmée. Le 4 février, un dirigeant paysan, Raymundo Tejeno, a été tué dans la péninsule de Bondoc. Ce fut, le 28 mai dans la province d’Agusan del Norte, le tour d’un cadre municipal d’Akbayan, Boy Ocmen, puis, le 17 juin à Bataan, de Donie Valencia, militant du Parti marxiste-léniniste des Philippines (MLPP). Nous parlons ici de meurtre commis de sang froid. Tous trois, en effet, ont été enlevés, avant d’être abattus.
La politique d’assassinat « à gauche » du PCP remonte à la crise 1992. La « condamnation à mort » de dirigeants d’opposition a été annoncée dès 1993. Des militants des organisations clandestines « dissidentes » ont commencé à être abattus, même si avant Kintanar aucun des « condamnés » les plus connus n’avait été tués. En 2001, un cadre de l’organisation sœur de la LCR, le Parti révolutionnaire des travailleurs de Mindanao (RPM-M), a été froidement assassinés par des membres de la guérilla qu’il avait lui-même recrutés quand il était encore au PCP.
Jusqu’à maintenant, aucun membre d’Akbayan, un parti de gauche « large », n’avait été la cible des tueurs du PCP. Ils ne sont plus épargnés. La situation ne cesse donc de s’aggraver et les protestations se multiplient aux Philippines comme sur le plan international.
Le groupe de la Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique (GUE/NGL) au Parlement européen avait beaucoup fait pour prendre la défense du PCP et de son président, Jose Maria Sison, placés par Washington sur la liste « terroriste ». Il a condamné les assassinats et suspendu son soutien, de même que le Parti de gauche en Suède, le Parti socialiste populaire au Danemark ; ainsi que Soren Sondegard, député de l’Alliance rouge-verte danoise. Le XVè Congrès mondial de la Quatrième International a lui aussi lancé un appel contre les meurtres perpétrés par le PCP [1].
La gauche philippine doit répondre au durcissement de la répression gouvernementale et à l’intervention US à Mindanao. [2] Elle doit en sus faire face aux attaques de la direction du PCP. Elle mérite pleinement notre soutien dans cette situation particulièrement difficile.