Il y a d’abord la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), syndicat tristement connu pour avoir cogéré, avec les conséquences désastreuses que l’on connaît, la politique agricole de ces soixante dernières années. En France, l’industrialisation à outrance de l’agriculture fait ainsi disparaître un paysan toutes les 20 minutes. À cela, il faut ajouter les pollutions par milliers, les cancers par millions, la mainmise par les multinationales sur le vivant avec le brevetage et les OGM. Sans oublier la dépendance des marchands de semence sous laquelle vont tomber les paysans.
La FNSEA a 60 ans, il est grand temps qu’elle parte en retraite. Il y a ensuite la Coordination rurale (CR), se disant « ni de droite, ni de gauche », mais de fait soutenue par la droite réactionnaire et qui défend aussi les céréaliers et les grosses structures. Elle dit parler d’environnement « sans complexe » en proposant, par exemple, l’irrigation gratuite et prétend aussi que les engrais - comme les nitrates - sont bénéfiques à la santé ! La CR ne remet en cause ni la politique agricole commune (PAC), ni l’inégale répartition des subventions dont ses dirigeants profitent eux aussi copieusement. Elle se contente de critiquer « les technocrates de Bruxelles » et surfe sur le mécontentement des paysans. Faisons en sorte que les travailleurs de la terre ne se trompent pas de colère et ne soutiennent pas ces deux syndicats, qui sont à l’agriculture ce que le Medef est à l’industrie.
Face à eux, on trouve deux syndicats de lutte. D’abord, le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef), qui défend l’agriculture familiale et a recueilli 11 % des voix lors du dernier scrutin de 2001. Ce syndicat, historiquement créé et aujourd’hui soutenu par le PCF, a passé des alliances dans quelques départements avec la Confédération paysanne, pour permettre une résistance unitaire. Le Modef refuse le libéralisme, il s’est engagé dans la campagne du « non » de gauche et participe aux initiatives altermondialistes.
Il y a ensuite la Confédération paysanne, qui a récolté en 2001 les voix de près d’un paysan sur trois. Elle pense améliorer son résultat en étant majoritaire dans une dizaine de départements. Elle participe au mouvement altermondialiste et se solidarise avec les paysans du tiers monde en lutte contre les multinationales de l’agro-alimentaire. Elle demande la fin des subventions européennes qui profitent aux gros exploitants.
Après de nombreuses luttes menées sur de nombreux fronts, ces élections vont permettre de mesurer le rapport de force dans le monde agricole. Alors que 40 % des agriculteurs ont un revenu inférieur au Smic et qu’un paysan sur quatre vit en dessous du seuil de pauvreté, il est grand temps que les paysans reprennent leur avenir en main.