Un jeune homme de 19 ans a été condamné, lundi 1er avril, par le tribunal de Bobigny à dix-huit mois de prison ferme pour avoir agressé deux Roumains à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) après des rumeurs infondées sur les réseaux sociaux d’enlèvements d’enfants par des Roms, a annoncé, mardi, le parquet. Il s’agit de la première condamnation depuis la vague d’agressions visant des Roms, qui ont été perpétrées la semaine dernière en Seine-Saint-Denis. Trois procès prévus à Bobigny ont été renvoyés.
Le 26 mars, les deux hommes – qui ne sont pas roms, selon Le Parisien – se trouvaient dans leur camionnette lorsqu’ils ont été pris à partie par une vingtaine d’individus et ont été frappés. Le prévenu, jugé en comparution immédiate, a reconnu sa responsabilité dans l’agression mais affirme ne pas avoir porté de coup, selon le parquet qui précise que le juge a retenu le caractère raciste de l’agression. La peine de prison de cet employé municipal originaire d’Aulnay-sous-Bois n’a pas été assortie d’un mandat de dépôt. Il devra verser 3 000 euros de dédommagement à chacune des victimes.
« Violences extrêmement graves »
Dans la nuit du 25 au 26 mars, plusieurs agressions ont eu lieu dans le département contre des Roms. A Clichy-sous-Bois notamment, une vingtaine de personnes ont tenté de s’introduire dans un pavillon occupé par des Roms, qui ont dû se réfugier dans un magasin de bricolage situé non loin. Le même soir, à Bobigny, une cinquantaine de personnes armées de couteaux et de bâtons s’en sont prises à des Roms installés au bord d’une nationale. Des camionnettes ont été incendiées. A la mi-mars, une vingtaine de jeunes avaient déjà pris à partie les deux occupants d’une camionnette blanche à Colombes (Hauts-de-Seine).
Ces attaques ont eu lieu à la suite de la multiplication de messages infondés sur les réseaux sociaux, qui évoquaient des tentatives d’enlèvements d’enfants ou d’adolescents par des personnes circulant en camionnette dans des communes d’Ile-de-France, notamment dans les Hauts-de-Seine et en Seine-Saint-Denis.
Le procureur de la République de Bobigny a dénoncé une « hystérie collective (…) ne reposant sur rien » mais virant à la « chasse à l’homme » et débouchant sur des « violences extrêmement graves ». Qualifiant ces événements de « dérives absolument inacceptables », le gouvernement avait souligné la nécessité « absolue » de lutter contre les « fake news ».
Le Monde avec AFP