Une session extraordinaire du Conseil de Sécurité de l’ONU a tourné court et conduit à une confrontation houleuse entre les Etats-Unis et la Russie, le 26 janvier à New York.
Les Etats-Unis appellent la communauté internationale à soutenir l’opposant Juan Guaidó qui s’est proclamé président par intérim le 23 janvier dernier à Caracas, contestant la légitimité du second mandat de Nicolás Maduro initié le 10 janvier.
Cité par El País, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a exhorté les membres du Conseil à choisir leur camp, celui des “forces de la liberté” ou celui de “la clique de Maduro avec son chaos”. Il demande notamment que tous les pays cessent leurs transactions financières avec le régime chaviste.
Après avoir tenté, sans succès, d’empêcher la tenue de la réunion, la Russie et la Chine se sont formellement opposées à cette position américaine et ont réitéré leur soutien au gouvernement de Nicolás Maduro.
Le représentant russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, a dénoncé la tentative de Washington “d’orchestrer une tentative de coup d’Etat” au Venezuela. Il a qualifié l’initiative américaine de “jeux sales”, rapporte El País, et ajouté que la véritable discussion devrait porter plutôt sur “la menace extérieure sur le Venezuela”. Selon le diplomate russe, les Etats-Unis essaieraient de “déstabiliser” l’Amérique latine en imposant leur volonté à d’autres peuples.
De quoi se mêlent les Européens ?
M.Nebenzia a également orienté sa colère vers les pays européens qui ont exigé du gouvernement de M.Maduro qu’il organise des élections sous huit jours. “C’est une provocation”, a déclaré le diplomate russe en séance au Conseil de Sécurité.
Le 26 janvier, Paris, Madrid et Berlin ont envoyé un message au président Maduro l’enjoignant à “organiser des élections d’ici 8 jours”, faute de quoi ils reconnaîtraient Juan Guaidó comme “président en charge” du Venezuela. D’autres pays européens se sont ralliés à cette injonction, et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a publié un communiqué assez proche, indiquant que l’Union européenne prendrait “de nouvelles mesures” si des élections n’étaient pas convoquées au Venezuela “dans les prochains jours.”
Présent à la séance du Conseil de Sécurité, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Jorge Arreaza, a vivement réagi :
Personne ne nous donnera de dates limite ni ne nous dira s’il faut ou non convoquer des élections. D’où sortent-ils cette idée, que je qualifierais d’infantile, de s’ingérer [dans nos affaires] ?“
Cette réunion houleuse s’est clôturée sans aucun accord. Désireuse de jouer l’apaisement, la secrétaire générale adjointe aux affaires politiques à l’ONU, Rosemary di Carlo, a appelé à la“modération” et “appelé de ses voeux une solution politique”.
Courrier International
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