“Il y a presque vingt ans, rappelle la chroniqueuse du Washington Post Katrina vanden Heuvel, l’écrivain Mark Hertsgaard lançait une idée audacieuse […]. Selon lui, toute action politique ambitieuse en faveur du climat était impossible si elle ne répondait pas également aux besoins économiques des populations.”
Il proposait donc un programme pharaonique de travaux publics afin de ‘rénover complètement nos installations, des exploitations agricoles à nos usines’, et ainsi engendrer une ‘source faramineuse d’emplois, de profits et de croissance économique’. Il avait baptisé son projet le ‘New Deal mondial’.”
Aujourd’hui, poursuit la chroniqueuse – également directrice du magazine de gauche The Nation –,“cette idée a enfin rencontré son public. Une nouvelle génération de militants progressistes et d’élus a fait entrer de force le New Deal écologique dans le débat national”. Des dizaines d’élus démocrates, dont des figures comme Bernie Sanders et Cory Booker, possibles candidats à la présidence en 2020, soutiennent ce projet porté par la représentante de New York Alexandria Ocasio-Cortez et baptisé en référence au célèbre “New Deal” du président Franklin Delano Roosevelt, à l’époque de la Grande Dépression. Benjamine du Congrès, la députée Ocasio-Cortez “fédère actuellement les représentants démocrates à la Chambre afin qu’ils rédigent une proposition de loi allant en ce sens”.
“Un ‘New Deal’ vert est aussi intelligent d’un point de vue politique que pratique”, souligne Katrina vanden Heuvel. Le projet implique notamment une garantie d’emploi par l’État fédéral et il prévoit en particulier que “ceux qui travaillent dans le pétrole ou le gaz, ou tout autre secteur qui aggrave le dérèglement climatique, recevront une formation rémunérée avec à la clé un emploi correctement payé dans un domaine respectueux de l’environnement”.
Une idée populaire
“Trop souvent, observe-t-elle, le message des écologistes reste négatif et bardé d’interdits – il ne faut pas construire ce pipeline, ou ne pas faire de mal à telle ou telle bestiole – sans vraiment offrir de projet positif, ce qui laisse à penser que l’écologie est réservée aux élites qui ont les moyens de faire des sacrifices. Alors qu’un New Deal écologique bien pensé et présenté ne laisse aucun doute sur ses objectifs, et d’ailleurs les sondages montrent que cette idée rencontre une grande adhésion de la part du public : pas moins de 81 % des électeurs la soutiennent, selon un sondage Yale.”
Des organisations de la société civile appuient activement cette idée. Le magazine The New Yorkerconsacre ainsi un article au mouvement Sunrise, fondé il y a un an et demi par de jeunes militants. Après les élections de mi-mandat, où les démocrates ont regagné la majorité des sièges à la Chambre des représentants, ce mouvement a fait parler de lui quand 200 activistes ont occupé le bureau de la future présidente de la Chambre, Nancy Pelosi.
Populaire auprès des jeunes, l’idée d’un New Deal vert “brise le carcan des débats sur le changement climatique des trente dernières années, observe le Huffington Post :on passe de politiques visant à modifier le fonctionnement des marchés en fixant un prix aux émissions carbone à une intervention fédérale à grande échelle comme les États-Unis n’en ont plus mené depuis des décennies.”
Gabriel Hassan
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