29 ans de régime militaire. 29 ans de chambres secrètes et de caves de torture. 29 ans de terreur des citoyens et des ’opposants à des milices qui enlèvent, brûlent, tuent et violent ... 29 ans de médias aux ordres, qui qualifient à la une tout mouvement de jeunes comme des « manifestations de gays et de prostituées ».
Aujourd’hui, le dictateur soudanais Omar al-Bashir est aux proies avec le souffle la révolution, dans un contexte économique déséquilibré, et acculé à un isolement international qu’il a tenté à plusieurs reprises de briser en vain : en envoyant des milliers de soldats dans la coalition d’agression contre le Yémen, ou en se rapprochant de la Turquie et ou encore de Bashar Assad en Syrie.
L’étincelle du soulèvement soudanais actuel a été la manifestation des enfants des écoles d’Atbara qui protestaient contre la cherté du coût de la vie, manifestations réprimées sauvagement. Mais les manifestations se sont propagées à travers les États jusqu’à atteindre la capitale.
Avec un courage sans précédent, les Soudanais ont fait face aux forces de sécurité soudanaises et aux milices d’ Al-Bashir, qui ont utilisé du gaz lacrymogène, des balles réelles et des mitraillettes lourdes « Douchka » pour disperser les manifestations, Le directeur des services de renseignement soudanais a déclaré que le Mossad israélien était derrière les manifestations et le régime a bloqué les médias sociaux et les messagerie, dans le cadre d’une campagne de descentes et d’arrestations dans les rangs de manifestants et de militants.
Et selon des estimations, variables en raison du blocus médiatique, le nombre des martyrs s’élèverait de 15 à 30.
Mais les manifestations ne se sont pas pour autant calmées et les Soudanais poursuivent leur révolution. Les médecins ont annoncé une grève générale à l’exception des urgences, et on peut s’attendre à ce que d’autres secteurs professionnels fassent grève d’ici peu. Des manifestants dans plusieurs villes ont incendié les sièges du parti au pouvoir et la sécurité de l’État, dans des scènes rappelant le vendredi de la colère en Egypte, le 28 janvier 2011.
Le Soudan entre en éruption en plein blocus médiatique régional. Au-delà de leurs différents politiques, les dirigeants arabes ne veulent la révolution dans aucun autre pays de la région dont le destin pourrait être influencé par un effet de dominos. Sur Internet, a commencé une offensive de groupes saoudiens et égyptiens contre le mouvement soudanais assorties d’avertissements sur la ruine du printemps arabe. Le spectre de la révolution les terrifie encore. En revanche, le mouvement soudanais est chaleureusement accueilli par les Égyptiens et les autres peuples défaits de la région, dans l’espoir que le mouvement soudanais parviendra à changer la donne en faveur d’un changement politique une nouvelle fois.
Comme lors de chaque révolution, les opportunistes tentent de la chevaucher et de la kidnapper. Sadiq al-Mahdi est de retour dans le pays après son exil volontaire. D’autres tentent de promouvoir le rôle de l’armée soudanaise dans les rangs des manifestants, comme si l’armée ne dirigeait pas le Soudan, comme si elle permettait la présence d’éléments d’opposition ou de non-corrompus chez les gradés. Certes, les rebelles soudanais peuvent avoir des alliés chez les soldats et les officiers subalternes, mais l’armée soudanaise est profondément corrompue et ses dirigeants sont la force de frappe de Bashir mais dans le cas d’une recrudescence du soulèvement, ils peuvent choisir de sacrifier ce dernier pour sauver le régime, à l’instar de ce qu’ont fait leurs pairs du conseil militaire égyptien en Egypte le 11 février 2011.
Toute la solidarité et le soutien au peuple soudanais. Gloire aux martyrs. Le pouvoir et la richesse au peuple
Socialistes révolutionnaires
22 décembre 2018