« La trajectoire carbone que nous avons fixée, nous allons la tenir. […] La transition écologique ne peut être réussie que si nous accompagnons effectivement, pratiquement, les Français. » C’est avec ces mots qu’Edouard Philippe a répondu aux gilets jaunes, sur France 2, au lendemain du mouvement qui a réuni plus de 280.000 personnes dans toute la France.
Si le gouvernement n’entend rien faire pour favoriser le pouvoir d’achat, sa rhétorique demeure celle de l’écologie. Et pourtant…
Rappelons-le, l’exécutif justifie la hausse des prix du carburant comme une sorte de « taxe carbone ». Ainsi, le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, faisait ce parallèle osé :
« Les recettes […] des taxes sur les carburants, c’est 34 milliards d’euros. Le budget du ministère de la Transition écologique est de 34 milliards d’euros. »
Sauf que depuis le 17 novembre, le « cap » macroniste continue dans sa logique anti-écologique.
Coupes budgétaires dans l’écologie
Car mardi 20 novembre, Public Sénat a révélé que pour le projet de loi de finances rectificative, le gouvernement a décidé de transférer 577 millions d’euros provenant de la taxe écologique sur les carburants vers le budget général de 2018.
Explications de la secrétaire d’Etat au ministre de la Transition écologique et solidaire Brune Poirson :
« C’est juste une technique comptable. […] En 2018, environ 600 millions d’euros de crédits affectés à la transition énergétique n’ont pas été utilisés. […] En parallèle, 600 millions d’euros supplémentaires seront affectés au compte de la Transition énergétique. »
En Macronie, deux tu l’auras valent mieux qu’un tien.
Rappelons également que début novembre, ce même gouvernement a autorisé les sociétés d’autoroutes à augmenter plus que d’habitude les tarifs des péages. Ainsi, dès le 1er février 2019, le prix des péages augmentera de 0,1 à 0,39%, hors inflation. Coucou les gilets jaunes…
Écologie antisociale
Attac, le 13 novembre dernier, rappelait que « le poids des dépenses énergétiques représente 14,9% du revenu des ménages les plus pauvres, et seulement 5,9% pour les plus riches qui sont pourtant les plus gros pollueurs ».
Et les « mauvaises nouvelles » pour/par le gouvernement continuent de tomber depuis ce 17 novembre.
Mardi 20 novembre, une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), publiée dans le dernier « Portrait social de la France » de l’Insee révèle qu’entre 2008 et 2016, les ménages français ont perdu en moyenne près de 500 euros de revenu disponible (après déduction des impôts et des cotisations), notamment les classes moyennes. En cause ? Les réformes fiscales et sociales.
Et à propos de réformes, un amendement à été voté par les députés dans le cadre de la loi de finances 2019 visant à ce que les compagnies d’assurance augmentent leur contribution au fonds d’indemnisation des victimes d’accidents de la route.
Le même jour en Belgique, Emmanuel Macron assurait que son objectif est « d’une part de taxer davantage les énergies fossiles et, d’autre part, d’avoir un accompagnement des plus modestes ». Et le président de la République est certain que les Français ont seulement besoin de « dialogue », de « pédagogie ».
C’est sûrement au nom de cette « pédagogie » écologiste que le gouvernement a repoussé de dix ans l’objectif du « 50% nucléaire »...
Pas sûr qu’avec tout ça, la fiche de paie de janvier parviendra à convaincre les Français de l’engagement d’Emmanuel Macron sur le pouvoir d’achat.
Loïc Le Clerc