Le pied de nez n’était sans doute pas volontaire. Mais une trentaine de chefs d’Etat ou de gouvernement, des dirigeants d’entreprises et de grands philanthropes, se sont donné rendez-vous à l’invitation d’Emmanuel Macron, mercredi 26 septembre, au Plaza Hotel, un palace à quelques centaines de mètres de la Trump Tower et qui avait un temps appartenu à Donald Trump. Ils ont participé à la deuxième édition du One Planet Summit, l’initiative lancée en décembre 2017 par le président français (aidé des Nations unies et de la Banque mondiale) pour redonner du souffle à l’accord de Paris de 2015 ébranlé par la décision des États-Unis de s’en retirer.
« Cet accord était censé être mort à cause d’une seule décision, a lancé M. Macron en ouverture de ce sommet sur la finance climat, sans faire nommément référence à M. Trump, mais grâce à nos engagements, cela a pu être évité. »
A New York, le président français a reçu par l’agence des Nations unies pour l’environnement le titre de « champion de la Terre » qu’il partage avec le premier ministre indien Narendra Modi, pour saluer leur implication dans l’Alliance solaire internationale. M. Macron a également été distingué du titre de « champion du climat », remis par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Il s’est ainsi posé en gardien de l’accord conclu lors de la conférence climat de décembre 2015 (COP21) destiné à contenir le réchauffement sous le seuil des 2 °C.
« Rendre des comptes »
« Ces rassemblements sont exceptionnels. Mais il ne suffit plus de parler. Il faut rendre des comptes », a t-il convenu devant un parterre de représentants de petites îles menacées par la montée des eaux, d’Etats africains confrontés à des sécheresses de plus en plus intenses et de nombreux pays européens. La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre devant les Etats-Unis, était en revanche représentée par un simple délégué du ministère des affaires étrangères. Un niveau de participation inférieur à celui du premier One Planet Summit, à Paris.
A l’issue de ce sommet bouclé en deux heures trente, il restait pourtant difficile de faire la distinction entre les objectifs déjà annoncés et les nouvelles initiatives engagées. « Il faut qu’on prenne le temps de comparer les annonces. Pour l’instant, c’est trop flou », confiait un négociateur européen pourtant rodé à ce type d’exercice. Sur les douze grands engagements pris en décembre 2017, seuls trois semblaient sur la bonne voie pour se concrétiser en actions précises : l’aide aux Etats insulaires, l’engagement des banques de réorienter leurs flux financiers vers les activités décarbonées et la mobilisation des fonds souverains.
L’Union européenne, la France et la Nouvelle-Zélande ont annoncé un don de 20 millions de dollars (17 millions d’euros) pour protéger le Pacifique des changements climatiques, en guise de réponse à la demande du dirigeant français de « réaffecter un tiers de la finance mondiale vers de nouvelles actions climatiques ».
Michael Bloomberg, l’envoyé spécial des Nations unies sur le climat, veut créer un réseau à Wall Street afin de promouvoir une finance plus respectueuse. Mais c’est du côté des banques de développement que les annonces semblent les plus ambitieuses. L’IDFC, un club de 23 banques de développement, souhaite dorénavant octroyer un quart de ses prêts à des projets verts, soit 200 milliards de dollars.
L’Union européenne promet qu’un quart de son budget, sur l’exercice 2021-2027, sera orienté vers des programmes répondant au défi du réchauffement climatique. La Banque mondiale s’engage quant à elle à consacrer un milliard de dollars pour développer des batteries de stockage de l’énergie dans les pays en développement.
Un partenariat inédit devrait, par ailleurs, voir le jour début 2019 entre l’agence française de développement, le ministère de l’environnement allemand, les fondations Hewlett, Grantham et Ikea, et le plus gros gestionnaire d’actifs du monde, BlackRock. Présenté pendant le One Planet Summit new-yorkais, ce « partenariat climatique financier » prendra la forme d’un fonds d’investissement destiné à lever du capital auprès des acteurs comme les fonds de pension, assureurs, fonds souverains, etc. pour soutenir des projets d’infrastructures bas carbone dans les pays émergents.
Emmanuel Macron a annoncé enfin vouloir profiter de la présidence française du G7 en 2019 pour réunir à nouveau le « One Planet Club » à Biarritz, en août. D’ici là, un autre bilan d’étape pourrait intervenir au printemps au Kenya, précise l’entourage du chef de l’Etat.
Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondante) et Simon Roger