La Méditerranée se vide de ses ONG. Depuis le 26 août, plus aucun navire de sauvetage ne navigue en mer Méditerranée centrale, principal itinéraire des migrants venus d’Afrique en transit vers l’Europe. C’est la plus longue période d’absence depuis les importants mouvements de 2015, comme l’explique The Guardian.
Depuis le début de l’année 2018, au moins 1 130 personnes sont portées disparues dans les eaux méditerranéennes, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). L’agence des nations unies pour les réfugiés (HCR) évoque, elle, près de 1 600 morts. Ces chiffres pourraient s’aggraver en l’absence de secours : “La dernière période lors de laquelle aucun bateau d’ONG n’a circulé remonte à celle du 28 juin au 8 juillet 2018. Dans ce laps de temps, plus de 300 migrants sont morts”, rappelle le quotidien britannique.
Au port pour des raisons politiques
Dix vaisseaux, pilotés par des organisations humanitaires, ont œuvré jusque là en mer. Tous sont à quai pour différentes raisons. Mais pour le journal, les ONGseraient les premières victimes de décisions politiques : “Les politiques anti immigration des gouvernements maltais et italien ont entraîné une forte diminution des missions de sauvetage. Les demandeurs d’asile tentent toujours de traverser la frontière, mais sans les bateaux, le nombre de naufrages meurtriers risque d’augmenter considérablement.”
Trois d’entre eux sont maintenus au port de La Valette, à Malte. Les autorités avancent des problèmes d’immatriculation de leur pavillon. Un autre, le Juventa, est amarré depuis plus d’un an au port de Trapani, en Sicile. Le navire n’a pas repris le large, “malgré le fait que les procureurs de Palerme aient abandonné les poursuites engagées contre l’équipage”.
L’Aquarius, pressenti au départ
Les ONG Médecins sans frontières et SOS Méditerranée, à la tête de l’Aquarius, devraient être les premiers à repartir en mer d’après The Guardian : “L’Aquarius, qui a été forcé, cet été, de faire un détour vers l’Espagne, après que Malte et l’Italie leur ont fermé leurs ports, devrait quitter la France dans les prochains jours.”
L’équipage français devrait reprendre du service sous pavillon panaméen. D’après Frédéric Penard, le directeur des opérations pour SOS Méditerranée, le seul bateau de l’Aquarius ne peut pas améliorer la situation en mer, rapporte le quotidien :
Cette tragédie dure depuis des années et est particulièrement compliquée en ce moment. Il y a de moins en moins de bateaux. Avec aussi peu de navires, il y’a encore moins de sauvetages, et, donc, plus de morts.”
En 2017, plus de 2 383 personnes sont décédées en Méditerranée, toujours selon les chiffres de l’OIM. Si les navires de sauvetage tentent d’en diminuer le nombre, ils espèrent aussi empêcher les arrestations des migrants par les autorités libyennes : “En l’absence des bateaux des ONG, les seules patrouilles au large de la Libye sont assurées par les gardes-côtes libyens. Or, la Libye a conclu en 2017 un accord avec l’Italie pour que les candidats à l’émigration vers l’Europe soient reconduits sur son territoire où, selon les organismes d’aide humanitaire, ils sont victimes de torture et de mauvais traitements”, relate le journal.
The Guardian
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