Dans son enfance juive en Allemagne, Uri Avnery avait été marqué par la montée du nazisme et de l’antisémitisme. Sa famille ayant émigré en Palestine, il s’engage dans un des groupes sionistes les plus extrêmes, l’Irgoun, mais il le quittera bien vite. Son expérience militaire lui fera prendre conscience de l’existence du peuple palestinien, et il en sortira convaincu qu’il n’y aura pas de paix sans que ce dernier se voie reconnaître ses droits.
Toute sa vie ensuite, il n’aura de cesse de se battre pour que le peuple palestinien ait son propre État, combat qu’il mènera en tant que journaliste mais aussi en tant qu’homme politique, puisqu’il avait été élu à la Knesset en 1969.
A une époque où il était interdit en Israël d’entrer en contact avec l’OLP, il brave courageusement cette mesure en rencontrant un émissaire d’Arafat en 1974. Depuis, il rencontrera ce dernier à plusieurs reprises, notamment en 1982 en pleine guerre du Liban, où il ira l’interviewer dans Beyrouth assiégée. En 1994, il fondera l’organisation anticolonialiste Gush Shalom, qui plaidera en particulier pour le droit au retour des réfugiés palestiniens.
Dans une société israélienne à la dérive avec un gouvernement d’extrême-droite qui l’emmène vers des jours bien sombres, l’optimisme indestructible d’Uri Avnery manquera beaucoup.
L’AFPS salue cet homme qui a montré le chemin vers une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, et adresse ses condoléances à sa famille.
Le Bureau national
Association France Palestine Solidarité (AFPS)
21 août 2018
Uri Avnery, l’aîné des pacifistes israéliens
Uri Avnery, l’aîné des pacifistes israéliens, est mort à l’âge de 94 ans. Journaliste, député, il fut le premier Israélien « sioniste » reçu par Yasser Arafat en 1982 dans Beyrouth assiégé, en pleine guerre du Liban. Dans les années 1960, il lance l’idée d’une « “Fédération sémitique” qui unirait Israël, devenu vraiment oriental, avec ses voisins arabes auxquels il cesserait d’apparaître comme un bastion de l’Occident sur leur sol ». Convaincu par l’« idée hérétique » qu’Israël « devait s’intégrer dans la région où nous vivons et soutenir les aspirations nationales des nations arabes, que ce soit l’Égypte, l’Algérie ou l’Irak », il se lie d’amitié avec le militant des luttes anticoloniales Henri Curiel.
Membre de la Knesset de 1965 à 1974, puis de 1979 à 1981, il cofonde en 1975 le conseil israélien pour la paix israélo-palestinienne, s’oppose à l’annexion des territoires occupés et n’a de cesse de soutenir les droits de la nation palestinienne, défendant l’idée d’une République palestinienne qui s’étendrait sur tous les territoires occupés dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem unie comme capitale commune aux deux États. Dans cette archive de 1997, alors que Benyamin Nétanyahou est déjà premier ministre, Avnery regrette « l’absence d’un mouvement pacifiste efficace ». Lequel vient de perdre un défenseur acharné, présent depuis cinquante ans dans nos colonnes.
Le Monde diplomatique
Lundi 20 août 2018 :
https://www.monde-diplomatique.fr/1997/08/AVNERY/4882