“L’arrivée de Cristiano Ronaldo à la Juventus n’a pas fait que des heureux”, observe le site du groupe audiovisuel Mediaset. “Et non, ce n’est pas des supporters des équipes rivales dont il s’agit”, mais des ouvriers des usines Fiat Chrysler Automobiles (FCA), dont le premier actionnaire est la famille Agnelli, également propriétaire du club turinois.
Le 11 juillet, la Juventus a annoncé l’achat du joueur du Real Madrid pour 100 millions d’euros. L’attaquant touchera pour sa part 31 millions d’euros net par saison.
Dès le lendemain, à l’usine de Melfi, dans le sud du pays, le syndicat USB a annoncé une grève du dimanche 15 juillet à 22h au mardi 17 à 6h. Dans son communiqué, il déclare :
Il est inacceptable qu’une même entreprise continue à demander des sacrifices énormes au niveau économique aux travailleurs de FCA et CNHI [Case and New Holland industrial], tout en décidant de dépenser des centaines de millions d’euros pour l’achat d’un joueur de football. […] Est-il normal qu’une seule personne gagne des millions tandis que des millions de familles n’arrivent même pas jusqu’à la moitié du mois ?”
“C’est nous qui te payons”
Même colère sur le site de Pomigliano (près de Naples), où cinq ouvriers ont été licenciés en 2014 pour avoir mis en scène le suicide et les funérailles d’un pantin à l’effigie du patron de FCA, Sergio Marchionne. Une action qui faisait suite au suicide d’une employée, alors que les 300 travailleurs du site de Nola étaient au chômage technique, indique NapoliToday.
Le 11 juillet, des affiches du syndicat S.I. Cobas [Sindacato Intercategoriale Cobas] sont apparues sur le site de Pomigliano. “C’est nous qui te payons”, y lit-on sur une photo du joueur portugais. “Pour Ronaldo, 400 millions d’euros. Pour les ouvriers, rien que des coups de pied dans les couilles.”
“Les conditions de travail, déjà précaires, se sont justement aggravées la semaine dernière, peu de temps avant l’annonce de l’accord entre la Juventus et le Real Madrid”, ajoute le site d’informationFanpage : l’usine de Melfi va cesser la production du modèle Punto et instaurer une rotation, qui engendrera une réduction moyenne de salaire de 28 %. “À Pomigliano, la situation n’est pas meilleure : 4 600 employés devraient être mis au chômage technique car aucun modèle n’est actuellement en production.”
Carole Lyon
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