BROGLIE : LES REACTIONNAIRES EN MARCHE
Ce défilé, en y regardant de plus près, a de quoi surprendre. En effet, pour quelle raison peut-on trouver dans un même rassemblement, le préfet de l’Eure, le ministre macronien Lecornu, plusieurs maires locaux, un sénateur, des aristocrates, dont Philippe6Maurice De Broglie, des charitons, un évêque, un curé traditionnaliste, un aumonier des armées, des officiers de gendarmerie, des grenouilles de bénitier, des anciens combattants porte-drapeaux ?
Cette cérémonie inédite, autorisée par dérogation administrative, avait pour but de retirer Victor-François de Broglie (1718-1804), duc de Broglie, Prince du Saint Empire romain-germanique, maréchal de France, maréchal général en 1789, de son tombeau en la chapelle du château, pour le loger, face à l’autel dans l’église du village de Broglie. L’initiative venue de la famille, vise à célébrer le glorieux ancêtre défunt porteur de sabre.
En dehors du fait que, comme c’était le cas pour tout aristocrate de l’époque, le pouvoir et les privilèges de cette famille étaient devenus insupportables au peuple, ce Victor qu’on a sorti de la naphtaline était en plus mouillé au plus haut degré dans la monarchie des Bourbons. Comme un courageux militaire, il a fui lors de la révolution, pour aller, à partir de l’Allemagne, puis de la Russie, aider les troupes coalisées contre la république. Emigré royaliste et contre- révolutionnaire, mort en exil, il fallait bien que sa famille, nostalgique de grandeur, le réinscrive dans l’histoire contemporaine…
Cette initiative d’un autre temps révèle plusieurs éléments. Sabre et goupillon marchent toujours de paire. Les aristocrates ne se remettent toujours pas du faste perdu. Il est à signaler que l’office donné ce jour était en latin, ce qui n’est pas étonnant au regard des valeurs conservatrices et réactionnaires des perruqués et poudrés de cette espèce.
Mais la chose la plus incroyable est leur collusion avec les élus républicains, qui décidemment ont la mémoire courte. La fin de la monarchie, la République, les droits de l’homme, l’égalité, la levée en masse du peuple pour abattre les contre-révolutionnaires, la bataille de Valmy, voilà nos valeurs. Le roi, les seigneurs et hobereaux, les privilèges, le droit divin, la soumission, voilà nos ennemis.
Quant aux officiers de gendarmerie qui vénèrent ce militaire comme l’un des leurs, alors qu’il était un ennemi de la République, on peut se demander, au vu de leur grande tolérance, ce qu’ils feraient en présence d’un pouvoir fort. Il est un cas ou l’obéissance et l’esprit de corps confinent à la connerie…
Pour conclure, il s’agit bien dans cette affaire de faire resurgir de vieilles valeurs rances. Et précisément dans une région déjà marquée par l’activité de prêtres traditionnalistes (Le Chamblac, Thiberville, Le Planquay,…), et de maires rétrogrades.
Cette initiative est aussi à considérer comme une première marche pour le retour à la mairie d’un descendant de la famille (très gros propriétaire terrien) qui déjà se profile. Ces gens ont une fâcheuse tendance à croire que le village leur appartient.
La « Libre Pensée » s’est exprimée contre ce barnum aristocratique et par ailleurs, des citoyens ont commencé à dire leur colère (cf photo).
Nous devons rester vigilants face à ce retour de la réaction rurale.
NPA 27