Les participants du déjeuner du 3 août à Titi Ouzou dénoncent « l’islamisation » de l’Algérie et revendiquent leur liberté de conscience.
Quelques centaines d’Algériens ont mangé et bu en public, samedi 3 août, en plein ramadan, dans la ville de Tizi Ouzou, pour dénoncer « l’islamisation du pays ». Désireux d’affirmer leur liberté de conscience, ils étaient entre trois cents et cinq cents à participer à ce rassemblement avec bouteilles d’eau, pains, cigarettes et bières, le premier du genre en Algérie. Le déjeuner n’a été interrompu ni par la population ni par les autorités.
Par cet acte symbolique, ils entendaient dénoncer « le climat de terreur qui règne contre ceux qui ne jeûnent pas » durant le mois sacré du ramadan, rapporte L’Orient-Le Jour. En effet, pendant cette période, « les restaurants sont ouverts seulement dans les hôtels de luxe, et les autorités tout autant que les religieux incitent la population à respecter le jeûne », explique le quotidien.
UNE MAJORITÉ DE BERBÈRES
Précisément, ce rassemblement était organisé en réaction à l’arrestation le 19 juillet de trois jeunes gens qui déjeunaient en journée dans un bar fermé de Tifra, un village de la région côtière de Tigzirt, 35 kilomètres au nord de Tizi Ouzou. Or, jusqu’aux années 1980, « dans les villes au moins, les restaurants étaient ouverts et ne jeûnaient que ceux qui le voulaient ».
Nombre de déjeuneurs étaient issus de la minorité berbère, plus laïque que le reste de la population, qui a globalement mal vécu les politiques d’arabisation imposées à la Kabylie par le gouvernement depuis l’indépendance du pays, en 1962.
Ainsi, l’un d’eux expliquait-il sur une pancarte : « Je ne suis pas arabe. Je ne suis pas obligé d’être musulman. » Bouaziz Aït Chebib, président du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), a également rappelé « l’attachement ancestral » des Kabyles « à la liberté de conscience ».
Le Monde.fr avec AFP et AP