De même que les conflits armés et la conduite de la guerre touchent hommes et femmes de manière différente, la guerre en Syrie a particulièrement affecté les Syriennes [1] en amplifiant une violence déjà existante ou en générant de nouvelles formes de violences. Le régime a usé de la violence contre les femmes [2] comme d’un outil de répression afin d’intimider : l’usage systématique du viol [3] restera l’exemple de la violence du régime contre un sexe dans l’optique de terroriser une communauté dans son ensemble. Dans les régions de l’opposition, certains groupes armés radicaux ont limité les droits des femmes à travailler, se déplacer, étudier. La marchandisation des femmes s’est traduite de plusieurs manière : le kidnapping des femmes a servi de monnaie d’échange ; les trafics humains et les mariages forcés se sont développés ; le recrutement forcé des femmes a été une stratégie militaire d’émasculation de l’adversaire. Sur le plan domestique, la vulnérabilité d’hommes confrontés à des insécurités inédites - économiques, politiques - a entraîné une hausse des violences.
Le conflit a également créé des nouvelles situations de vulnérabilité. Les Syriennes ont été proportionnellement plus déplacées que leurs maris et ont été exposées à des violences physiques et sexuelles ainsi qu’au mariage forcé [4]. Les Syriennes réfugiées sont désormais seules dans 1 foyer sur 4 à devoir subvenir aux besoins de la famille [5]. Sur le marché du travail, elles sont confrontées aux discriminations et aux abus. Au Liban, Amnesty International reliait la grande précarité des réfugiées à la généralisation des situations d’exploitation, de violence, et de harcèlement [6].
Mais à la question du sens général de la guerre pour les Syriennes, il serait précipité de conclure de manière homogène à un simple durcissement des conditions et à la passivité de femmes réduites au statut de victimes. Dès 2011, les Syriennes ont été au premier rang de la révolution [7] et ont joué un rôle important dans le combat pour les revendications politiques et sociales [8]. L’émergence de la parole des femmes et d’une narration de leurs conditions, même limitée et insuffisante, démontre l’existence de nouveaux espaces d’expression qui invitent à penser que la culture du silence a été écorchée. Lorsqu’à l’été 2012 le conflit s’est militarisé et que la violence s’est installée, la mobilisation des femmes s’est traduite, sur le terrain, dans de nombreux domaines - droits humains, éducation, santé, medias etc. À l’instar de l’organisation Women Now for Development, l’élan né de la révolution a visé à promouvoir les droits, l’autonomie et la représentation des femmes dans la société. La parole des femmes et le combat de ces nombreuses organisations nous parviennent aujourd’hui grâce au relais de la presse indépendante syrienne, comme par exemple le magazine Zaiton qui rendait compte de l’essor de nombreuses organisations visant à pallier les nouvelles précarités issues de la guerre.
REVUE DE PRESSE
7 ans d’engagement des Syriennes
Hibr, Mars 2018
Hibr revient sur sept années d’un engagement des femmes pour la révolution, dans divers secteurs, sociaux, éducatif, ainsi que dans des domaines auparavant réservés aux hommes, comme le commerce. Entretiens avec des femmes engagées et retour sur l’émergence d’associations dédiées à l’autonomisation des femmes et à la défense de leurs droits. [9]
La mobilisation des femmes à Deraa
SMART News Agency
Mars 2018
SMART News Agency rend compte de la présence des femmes dans la région de Deraa dans les affaires locales, sociales et humanitaires, et du combat afin de renforcer leurs rôles, en dépit des obstacles qui se sont posés à elles - violences, arrestations, tortures, et restrictions imposées par les groupes extrémistes. [10]
Participer à la construction d’une société nouvelle
Ayni Aynak
Mars 2018
Les blogueuses de Ayni Aynak nous emmène à la rencontre d’activistes de la Commission politique (al-Hay’a al-Siyassiyya) d’Idleb, une organisation qui œuvre à l’autonomisation des femmes, à leur juste représentation politique, et à la construction d’une société respectueuse de leurs droits. [11]
Portrait de femme engagée à Homs
Zaiton
Février 2018
Le magazine Zaiton [12] relate le parcours d’une femme originaire de la région de Homs, qui progressivement s’engage afin d’apporter son aide aux opposants du régime et de secourir les blessés de guerre. [13]
ON VOUS EN PARLAIT...
Journée de solidarité à Paris
Évènement
Le 11 mars 2018, à Paris, une journée de solidarité est organisée à l’Institut du Monde Arabe [14] afin de sensibiliser aux violences, tortures, et viols que subissent les femmes dans les prisons syriennes. Une table ronde, un interlude musical, et la projection du documentaire « Syrie, le cri étouffé » sont prévus. L’évènement Facebook
Un blog par et pour les Syriennes
Ainy Ainak
Le blog Ainy Ainak [15] (’Mon oeil est ton oeil’) est une plateforme collective qui rassemble les contributions - articles, vidéos, et reportages audios - de femmes syriennes, apprenties journalistes, afin de porter leurs voix et d’ouvrir le débat sur leurs expériences quotidiennes.
ASML/Syria