Au moins neuf personnes sont mortes vendredi 29 décembre dans l’attaque d’une église par un homme armé, au sud du Caire, en Egypte, a annoncé un responsable du ministère de la santé égyptien. L’assaillant a été abattu.
L’individu a ouvert le feu à l’extérieur de l’église, blessant également cinq gardes de sécurité, et tenté de donner l’assaut au bâtiment avant d’être abattu par la police, ont précisé les responsables.
Les coptes régulièrement visés
Des images vidéo diffusées sur les réseaux sociaux montrent l’assaillant présumé, un homme barbu portant une veste avec des munitions étendu sur le sol, qui semble être peu conscient, alors que des gens le menottent. La police a ensuite interdit l’accès aux passants du lieu de l’attaque, laquelle n’a pas été revendiquée dans l’immédiat.
Les chrétiens d’Egypte, les coptes, ont été visés par plusieurs attaques cette année, la plupart revendiquées par l’organisation djihadiste Etat islamique (EI). Le 11 décembre 2016, au Caire, un attentat-suicide contre l’église copte Saint-Pierre-et-Saint-Paul, avait fait 29 morts. L’attentat, qui avait eu lieu en pleine célébration, avait été revendiqué par l’EI.
Le Monde.fr avec AFP
* Le Monde.fr | 29.12.2017 à 12h56 :
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/12/29/egypte-au-moins-neuf-morts-dans-l-attaque-d-une-eglise_5235698_3218.html
Egypte : une attaque contre des coptes fait au moins 28 morts
Des hommes armés ont pris d’assaut un bus transportant des chrétiens au sud du Caire. Les forces égyptiennes ont frappé des cibles djihadistes en réponse à l’attaque.
Les chrétiens ont encore été visés, vendredi 26 mai en Egypte. Au moins 28 personnes, dont de nombreux enfants, ont été tuées par des hommes armés et masqués alors qu’elles se rendaient en bus dans un monastère copte, a annoncé le porte-parole du ministère de la santé, Khaled Megahed, à la télévision d’Etat, ajoutant qu’il y avait 25 blessés.
Cette nouvelle attaque n’a pas été revendiquée dans l’immédiat mais elle a lieu alors que la branche égyptienne de l’organisation Etat islamique (EI) mène depuis plusieurs mois une campagne contre la minorité copte. L’EI s’est engagé à multiplier les attaques contre cette communauté chrétienne, la plus importante et l’une des plus anciennes du Moyen-Orient, qui représente environ 10 % des quelque 90 millions d’Egyptiens.
Les forces égyptiennes ont frappé, vendredi, des cibles djihadistes en réponse à l’attaque, a annoncé le président, Abdel Fattah Al-Sissi. « L’Egypte n’hésitera pas à frapper les camps d’entraînement terroristes partout, sur son sol comme à l’étranger », a déclaré M. Sissi dans un discours retransmis par la télévision d’Etat.
« Un acte de haine insensé »
Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a déclaré, vendredi, que « le sang des chrétiens doit cesser de couler ». De son côté, le pape François « a été profondément attristé » par cette attaque « barbare », a annoncé le Saint-Siège. Evoquant « un acte de haine insensé », il a exprimé « sa profonde solidarité avec tous ceux qui ont été touchés par cette atrocité ».
Al-Azhar, prestigieuse institution de l’islam sunnite sise au Caire, a condamné l’attaque qui a eu lieu à la veille du début du ramadan, le mois de jeûne musulman. Le grand imam Ahmed Al-Tayeb l’a qualifiée d’« inacceptable » et il a affirmé qu’elle visait à déstabiliser l’Egypte. L’Eglise copte a, elle, appelé « à prendre des mesures pour prévenir ces incidents qui ternissent l’image de l’Egypte ».
L’attaque a eu lieu dans la province de Minya, au sud du Caire. Selon le ministère de l’intérieur, les assaillants étaient à bord de trois pick-up quand ils ont attaqué le bus qui amenait les passagers au monastère de Saint-Samuel, à plus de 200 kilomètres au sud de la capitale. Ils ont ensuite pris la fuite.
Les hommes masqués ont ouvert le feu « à l’arme automatique », a rapporté à la télévision d’Etat le gouverneur de la province de Minya, Essam El-Bedawi. Des images ont montré un bus criblé d’éclats de balles et aux fenêtres et pare-brise complètement détruits. La police a mis en place des points de contrôle sur la route où l’attaque a été perpétrée, d’après M. El-Bedawi.
Déjà 45 morts en avril
Cette attaque survient un mois et demi après des attentats revendiqués par l’EI contre deux églises coptes, qui ont fait 45 morts. Les coptes, qui représentent environ 10 % de la population, forment la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient, et l’une des plus anciennes, dans un pays où les musulmans sunnites sont largement majoritaires.
Une branche de l’EI sévit dans le nord de la péninsule du Sinaï, où elle attaque régulièrement les forces de sécurité. Elle y a également procédé à des attaques ciblées contre des chrétiens, poussant des dizaines de familles à fuir la région.
La première attaque avait eu lieu dans la matinée du 9 avril, à Tanta, grande ville située à une centaine de kilomètres du Caire, durant la célébration des Rameaux dans l’église Mar Girgis. A Alexandrie, la seconde offensive avait été perpétrée en début d’après-midi.
Après avoir été stoppé par des policiers, l’assaillant s’était fait exploser à l’entrée de l’église Saint-Marc, où se trouvait le pape copte orthodoxe Théodore II. Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, avait alors déclaré l’état d’urgence pour une durée de trois mois.
Le Monde.fr avec AFP
* Le Monde.fr . Le 26.05.2017 à 12h41 • Mis à jour le 27.05.2017 à 08h10 :
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/05/26/egypte-une-attaque-contre-des-coptes-fait-au-moins-20-morts_5134269_3212.html
Chrétiens d’Egypte : « Le pire est encore devant nous »
Les coptes d’Alexandrie font part de leur peur et de leur colère après les attentats islamistes de dimanche qui ont fait au moins 46 morts.
L’accès à la cathédrale Saint-Marc d’Alexandrie est strictement contrôlé. Seuls les fidèles venus prendre part à la prière du lundi saint sont autorisés à pénétrer dans la rue où se trouve l’église copte. L’axe est fermé par des barricades et un cordon de policiers. Les habitants des immeubles entre lesquels le bâtiment religieux est encastré sont refoulés. La cathédrale a été visée par un attentat dimanche 9 avril, lors de la fête des Rameaux, quelques heures après une explosion dans une église de Tanta, une ville située dans la région du delta du Nil. Les attaques, revendiquées par l’organisation Etat islamique (EI), ont fait au moins 46 morts.
Des morceaux de verre, celui des devantures de commerces soufflées par la détonation, lorsqu’un homme a fait exploser sa ceinture aux portes de la cathédrale à la sortie de la messe dimanche, longent le trottoir. Des policiers en civil surveillent les alentours. Yvonne, 40 ans, s’éloigne pour parler à l’abri des regards. Elle porte le noir. « Les femmes coptes les plus pieuses s’habillent toujours en noir durant la semaine sainte. Je n’ai jamais suivi cette coutume. Mais aujourd’hui, je porte le deuil. » Selon cette fidèle, l’église était bondée lundi pour la prière. « On a besoin de se rassembler. On est très en colère. Il y a eu tant de victimes dimanche. Et le pire est encore devant nous », dit Yvonne, qui s’apprête à visiter les blessés de l’attentat.
« C’était le chaos »
Le matin, les coptes ont enterré plusieurs des victimes au cimetière du monastère Mar Mina, à l’ouest d’Alexandrie. Des critiques ont de nouveau fusé contre le manque de sécurité autour des lieux de culte. Des funérailles selon le rite musulman ont aussi été rendues aux trois policiers et aux passants tués dans l’attentat. « C’est bien sûr l’église qui était visée. Mais la bombe n’a pas fait de distinction entre chrétiens et musulmans », dit Mohamed, qui tient une boutique de confiseries à quelques mètres de l’édifice.
Il était là, dimanche, et suivait « hébété » à la télévision les nouvelles de l’attentat de Tanta, quand il y a eu cette détonation devant la cathédrale. L’homme, qui porte la barbe, n’a pas trouvé le sommeil depuis. « Je n’ai jamais entendu un son aussi fort de ma vie. Un nuage de poussière a envahi la rue. C’était le chaos. J’ai vu le corps d’une petite fille démembré », se rappelle le commerçant, en écoutant un enregistrement de psalmodies du Coran.
Tandis qu’il parle, une équipe d’enquêteurs quitte le périmètre bouclé devant la cathédrale. Mardi 11 avril au matin, les noms des assaillants qui ont commis les attentats contre les églises d’Alexandrie et de Tanta n’étaient toujours pas connus. Le Parlement doit, dans la journée, approuver l’état d’urgence pour une période de trois mois, décrété peu après les attaques par le président Abdel Fattah al-Sissi et entré en vigueur lundi. L’exercice s’annonce comme une simple formalité, alors que la chambre des députés est acquise au pouvoir.
L’état d’urgence est déjà appliqué dans une partie de la péninsule désertique du Sinaï, où l’EI sévit. La région est le théâtre d’une insurrection djihadiste qui s’est intensifiée depuis la destitution par l’armée, en 2013, de l’ancien président Mohamed Morsi, ce membre de la confrérie des Frères musulmans qui a occupé le pouvoir pendant un an. Les conséquences du rétablissement de cette mesure sécuritaire, qui a été en vigueur pendant trente ans lorsque Hosni Moubarak dirigeait l’Egypte, restent encore floues. Le maréchal Sissi jouit déjà de vastes pouvoirs, et toute forme d’opposition est réprimée.
Selon le député Yehia Kedouani, membre de la commission de défense et de sécurité nationale cité par l’AFP, l’état d’urgence va permettre de maintenir en détention, pendant quarante-cinq jours, des « éléments terroristes actifs qui sont connus des services, mais pour qui il n’y a pas de preuves matérielles permettant de les traduire en justice ».
Refus des amalgames
Dans les rues d’Alexandrie, la deuxième ville du pays, bordée par la Méditerranée, les habitants se gardent de commenter cette décision, de peur d’oreilles indiscrètes. Non loin de la cathédrale, une vieille femme se lance dans des invectives contre les musulmans. « Vous êtes tous des Daech [l’acronyme arabe de l’EI] ! » Des adolescents ricanent, des femmes voilées la regardent d’un air sévère.
Nabil, qui se rend tous les matins à l’église Saint-Marc pour y recevoir la bénédiction, affirme qu’il n’y a pas eu de destruction à l’intérieur du bâtiment. S’il est amer face à la montée de courants fondamentalistes musulmans dans sa ville depuis les années 1980, cet Alexandrin refuse les amalgames entre islam et terrorisme. Il a accouru, dimanche, devant la cathédrale, peu après avoir entendu, de sa maison pourtant éloignée, le bruit de l’explosion. Dans son magasin, ce chrétien a accroché des photographies des papes coptes successifs.
Théodore II, le chef copte orthodoxe, se trouvait dans l’église Saint-Marc lorsque l’attentat s’est produit aux portes de la cathédrale. Si l’Eglise copte orthodoxe a rapidement réagi dimanche pour indiquer que le pape Théodore II n’avait pas été blessé dans l’attaque, elle n’a pas dit s’il était clairement visé. Les autorités non plus. Pour Nabil, comme pour d’autres coptes de la ville, c’est toutefois une évidence. « Notre pape est dans la ligne de mire des islamistes depuis 2013. Les islamistes disent que la révolution du 30 juin [pour réclamer la démission de Mohamed Morsi] était un mouvement copte. C’est tout à fait idiot. La majorité des Egyptiens a soutenu ces manifestations », affirme-t-il.
La visite du pape François, attendu en Egypte les 28 et 29 avril, est malgré tout maintenue, selon des responsables du Vatican qui s’exprimaient lundi. Des mesures de sécurité drastiques devraient entourer ce déplacement. Lundi, le ministère de l’intérieur a annoncé que sept personnes soupçonnées d’appartenir à l’EI avaient été tuées lors d’échanges de tirs avec les forces de sécurité à Assiout, dans le sud de l’Egypte. D’après les autorités, ces individus préparaient un attentat contre des chrétiens.
Malgré la peur de nouvelles attaques contre la minorité copte, Yvonne se rendra tous les jours à l’église Saint-Marc pour les offices de la semaine sainte et la fête de Pâques. Un couple âgé renchérit : « On se sent très mal à l’aise après les attentats. Mais on n’abandonnera pas notre foi, ni nos églises. »
Laure Stephan (Alexandrie, Envoyée spéciale)
* LE MONDE | 11.04.2017 à 10h58 • Mis à jour le 11.04.2017 à 11h09 :
http://www.lemonde.fr/international/article/2017/04/11/chretiens-d-egypte-le-pire-est-encore-devant-nous_5109384_3210.html
L’organisation Etat islamique s’acharne sur les coptes égyptiens
Les coptes crient leur colère et leur désespoir après les deux attentats contre des églises chrétiennes qui ont fait au moins 44 morts lors du dimanche des Rameaux.
L’église Saint-Georges, à Tanta (Egypte), après un attentat, dimanche 9 avril.
Poing tendu en l’air ou visage en larmes, les coptes crient leur colère et leur désespoir, dimanche 9 avril, dans les villes de Tanta et d’Alexandrie, situées au nord du Caire. Certains tiennent encore une croix en feuilles de palmier tressées qu’ils avaient portée pour la fête des Rameaux. La célébration a tourné au carnage. En quelques heures, deux attentats revendiqués par l’organisation Etat islamique (EI) ont frappé des églises.
Le bilan est lourd : au moins 27 morts à Tanta et 17 à Alexandrie, auxquels s’ajoutent plus de 100 blessés. Le groupe djihadiste, très actif dans la péninsule du Sinaï, met à l’œuvre sa macabre promesse : la branche locale de l’EI, Province du Sinaï, avait appelé ses partisans à attaquer les coptes partout en Egypte, dans une vidéo diffusée en février.
C’est à Tanta, grande ville du delta du Nil, que l’horreur a commencé. En pleine messe, une violente explosion se produit près de l’autel de l’église Saint-Georges (Mar Girgis). Des fidèles sont tués sur le coup, d’autres grièvement blessés, les jambes arrachées. Au milieu des bancs pulvérisés, des taches de sang maculent le sol. Le bilan des victimes ne cesse de s’alourdir, endeuillant tous les chrétiens d’Orient, pour lesquels les Rameaux, qui ouvrent la semaine sainte vers Pâques, sont une fête religieuse très célébrée.
Le choc redouble lorsqu’un second attentat se produit aux abords de la cathédrale Saint-Marc à Alexandrie, la seconde ville d’Egypte, bordée par la Méditerranée. Les victimes auraient pu être encore plus nombreuses : selon le ministère de l’intérieur, le kamikaze n’est pas parvenu à pénétrer dans l’église, où le pape Théodore II, le chef de l’Eglise copte orthodoxe, concélébrait la messe des Rameaux. Bloqué par des policiers, le djihadiste a actionné sa ceinture d’explosifs à l’entrée du lieu de culte. Le pape copte n’a pas été blessé.
Le président Al-Sissi se veut ferme
Ces attaques, trois semaines avant la visite du pape François en Egypte, sonnent comme un démenti au discours officiel, dont la pierre angulaire est le retour de la « sécurité » et de la « stabilité » dans le pays. Dimanche soir, après les attaques condamnées par le Conseil de sécurité de l’ONU, le président Abdel Fattah Al-Sissi s’est voulu ferme.
Celui dont Donald Trump louait quelques jours plus tôt, lors d’une rencontre à Washington, le travail « fantastique » dans la lutte contre le terrorisme a annoncé le rétablissement officiel de l’état d’urgence pendant trois mois pour « protéger » l’Egypte. Le maréchal a aussi appelé l’armée à venir en renfort de la police pour sécuriser les « infrastructures vitales » du pays. Quant au chef de la sécurité de la province de Gharbia, où se situe Tanta, il a été limogé.
Des gestes qui ne suffiront probablement pas à enrayer les critiques virulentes sur le manque de sécurisation des lieux de culte chrétiens, formulées par les coptes rassemblés à Tanta ou Alexandrie. « Ces attentats soulignent à la fois le ciblage délibéré de la minorité copte par l’EI, et l’étendue des failles sécuritaires de l’Etat », juge Amr Abdelrahman, directeur des droits civils à l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), la plus grande organisation locale de défense des droits de l’homme.
Selon lui, les autorités ont sous-estimé la menace de l’EI, « alors que la vidéo diffusée en février laisse entendre que les djihadistes préparent des actions d’envergure. Le premier attentat que l’EI a revendiqué contre une église [l’explosion s’est produite au Caire en décembre 2016] avait eu lieu peu avant Noël. Les célébrations religieuses sont une occasion de frapper pour l’organisation. »
Pour les coptes, qui représentent 10 % de la population, un nouveau seuil est franchi dans la violence à laquelle leur communauté est exposée. Les attentats font suite à l’explosion du Caire, ainsi qu’au meurtre de coptes en février dans la ville d’Al-Arich, dans le nord du Sinaï, théâtre d’une violente insurrection djihadiste. Des assassinats attribués à la branche locale de l’EI, qui ont provoqué l’exode de centaines de familles chrétiennes.
Depuis la destitution par l’armée de l’ex-président islamiste Mohamed Morsi, les incendies d’églises ou les agressions s’étaient déjà multipliés. Selon Eshhad, une plate-forme en ligne qui recense les violences à caractère confessionnel, près de 500 incidents ont eu lieu depuis juillet 2013, dont l’écrasante majorité a visé des coptes. « Chez tous les groupes islamistes, qu’ils prônent la violence ou une voie politique, la même propagande existe : les coptes sont considérés comme responsables de la chute de Morsi, affirme un chercheur égyptien sous couvert de l’anonymat. Ils sont aussi l’une des composantes les plus faibles de la société. »
« La sécurité ne suffit pas »
« Une vaste majorité d’Egyptiens est horrifiée par la magnitude des attaques de ce dimanche, constate Amr Abdelrahman, de l’EIPR. Mais il y a aussi un pan de la société réceptif à la propagande islamiste. Les djihadistes qui ont commis les attentats sont des Egyptiens [c’est ce qu’affirme l’EI dans sa revendication], pas des étrangers. Il faut un plan sérieux pour combattre cette propagande. La sécurité ne suffit pas : il faut aussi une réforme profonde, dans les discours officiels, l’éducation, la culture, qui promeuve l’égalité entre les communautés. » Cela fait plusieurs décennies que les coptes accusent les gouvernements successifs de ne pas les protéger – les auteurs d’attaques contre les chrétiens sont rarement condamnés – et de les marginaliser.
Les attaques de dimanche envoient aussi un signal inquiétant : les djihadistes semblent déterminés à étendre leur action en dehors de la péninsule du Sinaï, dont les forces de sécurité ne parviennent pas à reprendre le contrôle. A Tanta, où l’église Saint-Georges a été ciblée, un centre de formation de la police avait été visé quelques jours plus tôt. L’explosion d’une moto piégée avait été revendiquée par Liwa al-Thawra (la Brigade de la révolution). « Ce groupe [qui a revendiqué plusieurs attentats au Caire en 2016] n’est pas affilié à l’EI, mais quelque part il y a une forme d’affection mutuelle entre les mouvements islamistes, soutient le chercheur qui s’exprime sous couvert de l’anonymat. Leur différence, c’est que les groupuscules comme Liwa al-Thawra cherchent à se « venger » de la destitution de Morsi, alors que l’EI veut marquer un contrôle du territoire. » Dans un pays déjà soumis à une grave crise économique et à des tensions, la force de frappe des djihadistes suscite de nouvelles peurs.
Laure Stephan (Beyrouth, correspondance)
* LE MONDE | 10.04.2017 à 10h59 • Mis à jour le 10.04.2017 à 14h22 :
http://www.lemonde.fr/international/article/2017/04/10/l-ei-s-acharne-sur-les-coptes-egyptiens_5108819_3210.html