Côté bouteille à moitié vide : ce ne fut pas une grande mobilisation. Entre 4 000 et 5 000 participants, alors que le double était attendu. C’était l’objectif affiché, du moins si l’on se réfère aux capacités d’accueil des immenses locaux de la Foire de Barcelone, plaza de Espana, près de Montjuic. Côté bouteille à moitié pleine : après une préparation qui ne fut pas sans difficulté, le FSMed a quand même pu se tenir, et c’est déjà pas mal, puisque plusieurs fois, il a été au bord de la mort clinique. Les obstacles étaient nombreux. D’abord, il n’était pas évident de faire converger les différents acteurs des mouvements sociaux du pourtour d’un bassin méditerranéen, qui relie trois continents et autant de diversités culturelles. D’autant que beaucoup des États de la région au Sud et à l’Ouest sont des dictatures qui ne font pas la moindre concession, si ce n’est en façade, aux démocrates de leur pays. Ensuite, la parcimonie des délivrances de visas a empêché nombre de personnes de se rendre au FSMed. Enfin, les questions matérielles : coût des transports et des hébergements, que les invitants ne pouvaient assurer dans leur totalité. Malgré tout, les délégations du Maghreb, mais aussi de Palestine, d’Égypte, de Jordanie et de Syrie étaient quand même significatives. Et, pour la Palestine, comme pour les pays du Maghreb, les délégations d’associations de femmes y occupaient une place importante.
En fait, la principale absence - paradoxalement - était celle des Catalans. Visiblement, le collectif d’organisation de Barcelone n’a quasiment fait aucune popularisation réelle, ni dans la ville, ni auprès du mouvement social local et national. Le forum a été largement supplanté dans les médias par le Sonar, festival de musique électronique, et par la manifestation de Madrid contre les mariages entre homosexuels, qui a réuni environ 500 000 personnes (voir p. 2).
Côté français, les seules participations significatives venaient de Perpignan et de Toulouse, mais surtout de Marseille, ville dans laquelle s’était tenue l’avant dernière réunion préparatoire. Ce sont environ une centaine de délégués de cette région qui, autour d’Attac, ont participé à l’initiative, dans leur diversité associative et syndicale. Certaines thématiques ont été traitées dans des ateliers spécifiques, mais ont eu aussi une dimension transversale : la souveraineté alimentaire, les flux migratoires, la Constitution européenne, la politique impérialiste de l’Europe vis-à-vis du Sud méditerranéen, et surtout la place des femmes. Cependant, il est difficile d’apprécier les répercussions que ce forum aura sur les luttes. La seule certitude concerne la lutte des femmes : qualité des ateliers, délégations significatives de tous les pays, et participation importante à l’assemblée des femmes. Enfin, signalons l’organisation d’un forum par les journaux Revolta Global, Rouge, Erre (Italie), Spartakus (Grèce), Al-Mounadhil (Maroc) et Alternative Socialiste (Maroc), qui a regroupé plus de cent personnes : un succès.
Correspondants