Bruxelles,
La direction de Volkswagen a annoncé le licenciement de 4 000 des 5 500 salariés du site belge de Forest à Bruxelles.Après avoir distillé pendant des années les pires rumeurs afin de mettre sous pression les travailleurs et leur faire accepter de lourds sacrifices, après avoir entretenu un suspense indécent de plusieurs jours, la direction du groupe Volkswagen a annoncé la couleur : 3 500 ouvriers et 500 employés du site de Forest, à Bruxelles, vont être jetés à la rue comme des malpropres. Sans compter les 8 000 à 12 000 emplois menacés chez les fournisseurs et les sous-traitants.
Seuls 1 500 emplois seraient maintenus sur le site. Ils seront certainement soumis à une pression énorme et à de nouveaux sacrifices, sans aucune garantie d’avenir, puisque l’usine ne pourra tenir, à terme, un rythme de production « rentable » avec des effectifs si réduits. Il s’agit d’un nouveau coup dur pour les travailleurs de l’industrie automobile belge, après la quasi-fermeture de l’usine de Renault Vilvoorde il y a dix ans, et les restructurations chez Ford ces dernières années.
Sur d’autres sites européens, la direction de Volkswagen veut également descendre l’emploi à l’artillerie lourde, mais on ignore encore où et en quelle quantité. Cela fait partie d’un vaste plan de restructuration, qui touche tous les sites, afin d’économiser 7 milliards d’euros d’ici 2008. Le groupe engrange pourtant de plantureux bénéfices - 1,1 milliard d’euros en 2005, et déjà près de 1 milliard d’euros pour le seul premier trimestre 2006. La multinationale veut donc faire encore plus de profits, en adaptant ses capacités de production et en transférant la production de modèles de l’un à l’autre de ses sites européens, pour le seul intérêt d’actionnaires qui vont voir leurs dividendes grimper en flèche. Ainsi, la Golf ne sera plus assemblée à Forest, mais en Allemagne.
Contrairement à ce que veulent nous faire croire le patronat belge et le gouvernement de Guy Verhofstadt, ni le « nationalisme allemand » - 20 000 emplois vont également passer à la trappe en Allemagne -, ni la « trahison » des syndicats allemands - accusés de s’être mis d’accord pour travailler plus longtemps pour le même salaire afin de garantir leurs emplois - expliquent fondamentalement la décision du groupe de frapper mortellement le site de Bruxelles. Il s’agit du capitalisme à l’état pur, qui minimise ses coûts et maximise ses profits sur une échelle mondiale.
Les réactions syndicales sont timorées et en dessous des enjeux. Aucune perspective de lutte n’a encore été annoncée, mis à part la tenue d’une manifestation nationale, samedi 2 décembre, à laquelle le Parti ouvrier socialiste (POS, section belge de la IVe Internationale) et les nouveaux mouvements de recomposition politique à gauche, le Comité pour une autre politique (CAP) et Une autre gauche (UAG) [1], appellent.
Note
1. CAP et UAG sont des regroupements de la gauche alternative, le premier est flamand, le second francophone (lire Rouge n° 2181 du 16 novembre).