Déclaration commune des organisations syndicales de France sur la situation en Turquie
Paris, le 23 novembre 2016
Les nouvelles qui nous parviennent de Turquie sont de plus en plus alarmantes.
Depuis la tentative de coup d’Etat avortée du 15 juillet dernier, l’état d’urgence est instauré dans tout le pays. Le pouvoir gouverne par décrets-lois sans recours possible.
Sous prétexte de punir le réseau des responsables, qualifiés de terroristes, ainsi que toute personne supposée avoir des liens avec le terrorisme, 111.000 personnes ont été limogées ou suspendues par décrets, dont 48.500 dans l’enseignement et les universités, 34.000 des ministères de la santé, de la justice et de l’intérieur, 22.000 dans la police.
Les médias sont une cible importante : 170 ont été fermés, 777 cartes de presse confisquées, 2500 journalistes licenciés, 105 journalistes mis en prison, portant à 142 le nombre de journalistes détenus.
Après cette première vague d’arrestations (plus de 36.000) et de licenciements, la première semaine de novembre a donné lieu à une véritable escalade de la répression tous azimuts, l’arbitraire étant devenu une règle.
Le 29 octobre, jour anniversaire de la République, les autorités limogeaient plus de 10.000 fonctionnaires supplémentaires, annonçaient la fermeture de 15 autres médias et la limitation des droits des avocats. Désormais, les recteurs d’université ne seront pas élus, mais choisis par le président de la République.
Le 31 octobre à l’aube, la police turque faisait une descente aux domiciles de plusieurs journalistes du quotidien d’opposition Cumhuriyet, « La République », et arrêtait neuf d’entre eux.
Le 1er novembre, était nommé un administrateur pour diriger la principale ville du sud-est à majorité kurde de la Turquie, Diyarbakir, dont les co-maires, accusés d’activités terroristes, avaient été placés en détention deux jours auparavant. Une vingtaine de mairies de la région avaient subi le même sort en septembre.
Le 4 novembre, les co-présidents et plusieurs députés du Parti démocratique des peuples (HDP), ont été placés en détention préventive. Le HDP est le troisième parti à l’Assemblée nationale, ayant obtenu 13 % des voix, soit 6 millions de votes, aux élections de juin 2015.
Les autorités bafouent sciemment la Constitution en vigueur, se livrant à une entreprise de musellement de toute opposition. L’Etat de droit est en train de
disparaître, au profit de l’instauration de ce qu’il faut appeler par son nom, une dictature.
Aucun critère ne peut justifier ces purges collectives qui ne sont fondées sur aucune preuve d’acte répréhensible.
Face à cette situation d’une extrême gravité, nous soutenons l’action des syndicats qui exigent la réintégration immédiate de tous les salariés licenciés ou suspendus.
Nous sommes entièrement solidaires des travailleurs de Turquie et de leurs syndicats en ces moments difficiles où sont violemment enfreints leurs libertés et droits syndicaux.
Nous appelons les autorités françaises et les instances de l’Union européenne à agir résolument afin que la Turquie respecte notamment la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales dont elle est signataire.
CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires et UNSA
Courrier à l’ambassadeur de Turquie en France
Paris, le 23 novembre 2016
à Monsieur Ismail Hakki Musa Ambassadeur de Turquie à Paris
Ambassade de Turquie 16, avenue de Lamballe 75016 Paris
Monsieur l’Ambassadeur,
Les organisations syndicales françaises CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires et UNSA suivent avec beaucoup d’inquiétude les dernières évolutions de la situation en Turquie.
Depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet de cette année et l’instauration de l’état d’urgence, les nouvelles qui nous parviennent de Turquie sont alarmantes. En réponse à la tentative avortée, les autorités turques ont limogé ou suspendu plus de 111.000 fonctionnaires par décret, plus de 36.000 personnes ont été arrêtées. La presse et les médias ont été pris pour cible avec la fermeture de plus de 170 médias et la confiscation de près de 777 cartes de presse. Aujourd’hui, 142 journalistes sont détenus dans les prisons turques. Au début de ce mois, 11 députés de l’opposition ont été arrêtés et plusieurs élus locaux mis en détention.
Les organisations syndicales françaises CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires et UNSA condamnent avec force ces atteintes graves et répétées à la liberté d’expression et aux droits humains.
Les organisations syndicales françaises, comme leurs homologues turcs, ont fermement désapprouvé la tentative de coup d’Etat, dont seuls les responsables devront en répondre, devant une justice indépendante. Elle ne devrait en aucun cas servir de prétexte pour organiser une chasse aux sorcières visant à museler l’opposition.
Les dérives autoritaristes en cours du pouvoir en place contreviennent à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, dont votre pays est signataire.
Nous appelons la Turquie au respect de cette Convention du Conseil de l’Europe, pour le règne du droit et de la justice, des valeurs et des principes démocratiques.
Nous vous prions de croire, Monsieur l’Ambassadeur, en l’assurance de notre respectueuse considération.
Pour la CFDT - Laurent Berger, Secrétaire général
Pour la CFE-CGC - François Hommerile, Président
Pour la CFTC - Philippe Louis, Président
Pour la CGT - Philippe Martinez, Secrétaire général
Pour FO - Jean-Claude Mailly, Secrétaire général
Pour FSU - Bernadette Groison, Secrétaire générale
Pour Solidaires - Cécile Gondard-Lalane et Eric Beynel, Co-délégué-e-s généraux
Pour l’UNSA - Luc Bérille, Secrétaire général
Copie à Monsieur Jean-Marc Ayrault, Ministre des affaires étrangères.
Courrier au ministre français des Affaires étrangères
Paris, le 23 novembre 2016
Monsieur Jean-Marc Ayrault Ministre des Affaires étrangères
37 Quai d’Orsay 75007 Paris
En octobre dernier vous avez effectué une mission officielle en Turquie.
Les nouvelles qui nous parviennent de ce pays sont de plus en plus alarmantes.
Depuis la tentative de coup d’Etat avortée du 15 juillet dernier, l’état d’urgence (que votre homologue turc a qualifié de similaire à celui en vigueur en France) est instauré dans tout le pays.
Mais, sous prétexte de punir le réseau des responsables, assimilés à des terroristes, ainsi que toute personne supposée avoir des liens avec le terrorisme, 111.000 personnes ont été limogées ou suspendues par décrets, dont 48.500 dans l’enseignement et les universités, 34.000 des ministères de la santé, de la justice et de l’intérieur, 22.000 dans la police.
Les médias sont aussi une cible importante : 170 ont été fermés, 777 cartes de presse confisquées, 2500 journalistes licenciés, 105 journalistes mis en prison, portant à 142 le nombre de journalistes détenus.
Après cette première vague d’arrestations (plus de 36.000) et de licenciements, la première semaine de novembre a donné lieu à une véritable escalade de la répression tous azimuts, l’arbitraire étant devenu une règle.
Le 29 octobre, jour anniversaire de la République, les autorités limogeaient plus de 10.000 fonctionnaires supplémentaires, annonçaient la fermeture de 15 autres médias et la limitation des droits des avocats. Désormais, les recteurs d’université ne seront pas élus, mais choisis par le président de la République.
Le 31 octobre à l’aube, la police turque faisait une descente aux domiciles de plusieurs journalistes du quotidien d’opposition Cumhuriyet, « La République », et arrêtait neuf d’entre eux.
Le 1er novembre, était nommé un administrateur pour diriger la principale ville du sud-est à majorité kurde de la Turquie, Diyarbakir, dont les co-maires, accusés d’activités terroristes, avaient été placés en détention deux jours auparavant. Une vingtaine de mairies de la région avaient subi le même sort en septembre.
Le 4 novembre, les co-présidents et plusieurs députés du Parti démocratique des peuples (HDP), ont été placés en détention préventive. Le HDP est le troisième parti à l’Assemblée nationale, ayant obtenu 13 % des voix, soit 6 millions de votes, aux élections de juin 2015.
Les autorités bafouent sciemment la Constitution en vigueur, se livrant à une entreprise de musellement de toute opposition. L’Etat de droit est en train de disparaître, au profit de l’instauration de ce qu’il faut appeler par son nom, une dictature.
Aucun critère ne peut justifier ces purges collectives qui ne sont fondées sur aucune preuve d’acte répréhensible.
Vous n’êtes pas sans savoir que ces atteintes graves et répétées contreviennent aux dispositions de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales dont la Turquie est pourtant signataire.
Nous vous appelons à agir par tous les moyens pour le respect de cette Convention en Turquie, pour le règne du droit et de la justice, des valeurs et des principes démocratiques.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos sentiments les plus distingués.
Pour la CFDT - Laurent Berger, Secrétaire général
Pour la CFE-CGC - François Hommerile, Président
Pour la CFTC - Philippe Louis, Président
Pour la CGT - Philippe Martinez, Secrétaire général
Pour FO - Jean-Claude Mailly, Secrétaire général
Pour FSU - Bernadette Groison, Secrétaire générale
Pour Solidaires - Cécile Gondard-Lalane et Eric Beynel, Co-délégué-e-s généraux
Pour l’UNSA - Luc Bérille, Secrétaire général
Dans la presse en Turquie
Au-delà des moyens de communication des syndicats turcs, cinq médias (Evrensel, Duvar, Pirha, Medya, Fama) turcs ont fait état de la déclaration commune de plusieurs centrales syndicales françaises. En voici un exemple :
https://www.evrensel.net/haber/297060/fransiz-emek-orgutlerinden-ortak-turkiye-aciklamasi
Fransız emek örgütlerinden ortak Türkiye açıklaması
25 Kasım 2016 21:22
Fransa’daki 8 emek örgütü Türkiye’de OHAL kapsamında yaşanan gelişmelerden kaygı duyduklarını ifade etti.
Fransa’da 8 sendika konfederasyonu CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires ve UNSA, ortak deklarasyon yayımladı. Emek örgütleri Türkiye’deki gelişmelerden büyük kaygı duyduklarını ifade etti.
Konfederasyon genel sekreterlerinin teker teker imzalayarak Türkiye Paris Büyükelçisi İsmail Hakki Musa ve Fransa Dışişleri Bakanı Jean-Marc Ayrault’ya ilettiği metinde, 15 Temmuz darbe girişimindan sonra Türkiye’nin OHAL ve KHK’ler ile yönetilmesinin kaygı uyandırdığı belirtildi.
Fransız emek örgütleri 111 bin emekçinin işten atılmasınının “hukuk devletiyle bir ilgisinin olmadığı”nı ifade ettikleri Türkiyeli emekçilerle dayanışma metninde, gazeteciler ve basının özel bir baskıya maruz kalındığına da dikkat çekiliyor. Açıklamada “170 basın kuruluşunun kapatıldığı, 142 gazetecinin hapsedildiği” de kaydedildi.
‘TOPLU İŞTEN ATMALAR MEŞRULAŞTIRILAMAZ’
Sendikalar, özellikle Kasım ayının ilk haftasından itibaren genel bir saldırı haline dönüşen hak ihlallerini özetledikleri metinde, yaşananları “Bilinçli olarak anayasanın çiğnenmesi ve tüm muhalefetin bilinçli olarak sessiz bırakılması” olarak nitelendirerek, “Adını olduğu gibi koymak gerekirse, diktatörlük lehine hukuk devleti giderek yok oluyor” dedi.
“Toplu işten atmaları hiçbir kriter meşrulaştıramaz” diyen Fransız emek örgütleri, “derhal ihraç edilen memurların işe alınmasını talep eden sendikaların eylemlerini” desteklediklerini açıklayarak, “Sendikal hakların şiddetsel olarak engellendiği bugünkü koşullarda Türkiye işçileri ve sendikalarıyla dayanışma içindeyiz” dediler.
Ortak bildirgede Fransa ve AB kurumlarına, “Türkiye’nin imzaladığı insan hakları bildirgelerine saygı duymasını sağlamak için harekete geçme” çağrısı da yapıldı. (Paris/EVRENSEL)