Depuis début août, plusieurs maires de villes côtières ont décidé de publier des arrêtés “anti-burkini”, au nom “du respect de la laïcité”, au nom du “respect des droits des femmes”, mais aussi pour “apaiser les esprits”. Osez le féminisme ! constate que dans ces mesures, les femmes de confession musulmane sont les grandes perdantes, victimes d’actes d’humiliation, sur fond de racisme et de sexisme, depuis plusieurs jours sur les plages françaises.
Nous rappelons que l’association a depuis sa création une position très nette sur la question des religions et des droits des femmes. Les religions, toutes les religions, parce qu’elles ont été pensées, construites et dirigées par des hommes, sont le reflet du patriarcat. Les femmes y sont très souvent reléguées au second plan, considérées comme étant “impures”, et devant donc “payer” pour leur soi-disante “impureté”. C’est là qu’apparaissent des mesures visant à restaurer la “pudeur” des femmes, et le voile en est un des instruments. Nous ne pouvons pas passer sous silence le combat de ces femmes iraniennes, saoudiennes, et de bien d’autres pays, qui réclament simplement le droit de se balader les cheveux au vent, dans l’espace public. Nous ne pouvons pas passer sous silence le fait qu’en France, certaines femmes vivent une oppression religieuse, qui va à l’encontre de leurs libertés fondamentales.
Pour autant, nous condamnons ces arrêtés anti-burkini. Où sont les droits des femmes quand on fait justement d’une catégorie de femmes les responsables du “désordre public”, voire pour certains du terrorisme ? Quel est le lien entre une femme voilée à la plage et des meurtres de masse commis par des djihadistes ? Est-ce en combattant ces femmes qu’on combat l’intégrisme et l’obscurantisme ? Dans ce cas pourquoi ne pas sanctionner TOUS les signes ostentatoires religieux et non pas uniquement celui-ci porté exclusivement par des femmes ?
Une double manipulation est donc à l’œuvre, qui stigmatise les femmes voilées. Manipulation des fabricants de vêtements de mode dite “pudique”, qui se frottent les mains, mais aussi de ceux pour qui le voile devrait être obligatoire pour les femmes musulmanes.
Mais aussi manipulation de ces édiles locaux (dont certains visiblement en manque de notoriété), qui, à défaut de faire des politiques sociales aptes à endiguer l’exclusion que vivent certains et certaines (l’exclusion sociale étant une trappe vers un repli sur soi communautaire), préfèrent s’attaquer à une catégorie de femmes, livrées à la vindicte raciste.
Au milieu de cette bataille se trouvent des femmes, qui subissent de plein fouet cette mesure. Il est sans aucun doute plus facile d’interdire le burkini que de comprendre comment on en est arrivé là. Plus facile d’adopter une politique liberticide qu’une politique sociale qui crée du “vivre ensemble” et permette justement de lutter contre un repli sur soi communautaire. Il est plus facile de faire des amalgames que de savoir raison garder.
Osez le féminisme