Son film Merci patron ! sous un bras, son journal Fakir sous l’autre, le Picard François Ruffin sillonne depuis des semaines la France des mobilisations contre la loi travail. Infatigable, ce journaliste engagé, qui a contribué à lancer le mouvement Nuit debout, se lance désormais dans une campagne contre le Parti socialiste. Rencontre avec Libé, entre un train pour Marseille et un autre pour Le Havre.
Luc Peillon, Amandine Cailhol – Le mouvement Nuit debout, que vous avez contribué à lancer, semble décliner. Vous êtes déçu ?
François Ruffin – Pas du tout. Le miracle, c’est qu’il ait existé, et cette étincelle laissera des traces. On peut même déjà en souligner les apports. La gauche réexiste, et le gouvernement, qui ne regardait que sur sa droite, voire sur son extrême droite, a été contraint de se tourner sur sa gauche : il s’est mis à faire le RSA pour les jeunes, il a changé de position sur le Tafta [traité de libre-échange UE - Etats-Unis, ndlr]… Par ailleurs, le mouvement a servi de passerelle, dans la lutte contre la loi travail, entre les manifs de mars, qui ont fini par décroître, et l’épisode actuel des grèves et blocages. Nuit debout, surtout, témoigne d’un vide politique. Plein de gens, qui ne se sentent pas représentés, attendent autre chose. Ce sentiment d’« irreprésentation » est une poche de gaz, explosive, qui peut produire le meilleur comme le pire.
Mais l’expérience paraît s’achever…
Le mouvement va se prolonger, trouver d’autres formes. Mais il est vrai que, si Nuit debout s’est révélé être un excellent lieu d’expression, ce n’est pas un lieu de décision. De mon côté, je n’en ai jamais attendu trop. Dès le premier soir, j’en ai senti les limites, notamment en raison de la sociologie parisienne - une masse de diplômés, peu de classes populaires, pas d’usine aux alentours, une méfiance envers les syndicats - qui a très vite débouché sur une « bureaucratie démocratique », sans volonté de s’organiser.
Il y a aussi une disproportion entre la réalité de ce mouvement, qui n’a pas mobilisé les masses, et sa surreprésentation médiatique. Parce qu’il se déroule à deux pas de Libé et de Mediapart, il y a un effet loupe. Jeudi, par exemple, Fakir a coorganisé un meeting en fanfare au Havre, où les dockers, les raffineurs, les cheminots sont en grève… Combien de caméras étaient là ? C’était pourtant émouvant, ces hommes qui luttent, au moins autant que sur la place de la République. Vous parlez d’une expérience qui « s’achève », mais mille autres naissent.
Ne dites-vous pas cela parce que le mouvement vous a échappé ?
Quel bonheur, au contraire, quand un mouvement vous échappe ! On a juste créé une coquille, et on a été très surpris - et ravis - que les gens viennent l’habiter. Mais nous n’avons jamais essayé de le contrôler. Notre rôle, à Fakir, c’est d’insuffler des initiatives, de servir de pont entre intellectuels, militants, syndiqués, personnes isolées. Et à Nuit debout, de porter le mouvement au-delà de sa routine, de faire venir, symboliquement, Philippe Martinez ou encore des députés hostiles à la loi travail. Car on ne peut pas gagner sans bâtir des alliances. En face, l’oligarchie est organisée. Ils détiennent l’argent, les médias, le gouvernement, Bercy. Dès qu’on se dresse, ils font aboyer leurs chiens de garde contre la « minorité radicalisée », « archaïque ». Comment affronter ce monstre à mille têtes sans être, nous-mêmes, organisés ?
Avec quel objectif politique ?
Mon but, c’est de sortir de 1983, quand le Parti socialiste bascule économiquement à droite, et que Jospin, premier secrétaire, déclare : « Nous ouvrons une parenthèse libérale. » Mon objectif, c’est de sortir de cette parenthèse. Ça ne se fera pas dans le PS, qui a adopté tous les dogmes libéraux, mais sans le PS.
Et comment en sort-on ?
Après la crise de 1929, Roosevelt disait : « Il faut essayer quelque chose. On a le droit d’échouer, mais les gens ne nous pardonneront pas de ne pas essayer. » Or depuis trente ans, on n’essaie rien. On est enfermé dans une non-politique, et la seule option qu’on nous laisse, c’est de « se moderniser », « s’adapter », « se flexibiliser », c’est-à-dire courber l’échine, avec le chantage de la mondialisation. Sortir de 1983, cela signifie retrouver le droit à l’expérience politique. Tenter des choses, avec audace, pour renouer avec le progrès social, la justice fiscale, l’exigence environnementale. Pour ce faire, il y a des verrous à faire sauter, qui s’appellent « Bruxelles », « concurrence libre et non faussée », « libre circulation des capitaux et des marchandises ». Car sans protectionnisme, en économie ouverte, il n’y a pas d’expérience possible. Nous serons sans cesse menacés de « perdre notre compétitivité ».
Protectionnisme, le mot ne risque-t-il pas de braquer ?
Dans sa majorité, l’opinion est favorable au recours à des barrières douanières ou à des quotas d’importation. Mais l’oligarchie, qui détient médias dominants et partis au pouvoir, a un intérêt à maintenir ce libre-échange, voire à l’accentuer. Ces « 1 %» tirent un profit colossal de ce « monde ouvert ». Via des holdings qu’ils peuvent placer à Panama ou Guernesey, mais surtout parce que la « globalisation » inverse le rapport de force, met les travailleurs du monde entier en concurrence entre eux. Et dans cette bataille, cette oligarchie dispose d’alliés objectifs : la classe intermédiaire, les diplômés du supérieur, qui ne sont pas touchés de plein fouet par cette mondialisation. Donc ils ne se révoltent pas contre. C’est ce qu’Emmanuel Todd appelle le « passivisme des éduqués ». La mondialisation a ainsi creusé un fossé entre les classes populaires et les classes éduquées.
Lequel ?
Le taux de chômage stagne à 5 % pour les cadres et les professions intermédiaires, alors qu’il est supérieur à 20% pour les ouvriers non qualifiés. Idem quant aux revenus. Ce divorce entre les deux cœurs sociologiques de la gauche se lit, notamment, dans le vote sur le traité constitutionnel européen : 80 % des ouvriers ont voté non. En revanche, 56 % des cadres ont voté oui, car ils ne sont pas frappés par la mondialisation. Même chose aujourd’hui dans le vote Le Pen, qui est devenu un vote de classe. Aux dernières régionales, 51 % des ouvriers qui sont allés voter ont choisi le Front national. Et le PS a accompagné, voire encouragé, ce vote FN. En 2012, un rapport de Terra Nova [think tank proche du PS, ndlr] préconisait d’abandonner la classe ouvrière au FN. Ce que Hollande a fait, et qu’il poursuit aujourd’hui, préférant ses amis financiers. Après Florange, il a d’ailleurs déclaré : « Perdre les ouvriers, ce n’est pas grave. » Et après ce grand lâchage, ils vont nous recommander le vote utile pour « faire barrage » ! Moi, je suis aujourd’hui pour un mouvement populiste de gauche.
Populiste ?!
Le mot est considéré comme une injure. Selon le Petit Robert, pourtant, il s’agit « d’un courant littéraire s’appliquant à décrire avec réalisme la vie des gens du peuple ». Ce mot peut être revendiqué, notamment par les journalistes, avec fierté. Et face à un mouvement populiste de droite, je suis favorable à un mouvement populiste de gauche, qui parle plus en profondeur au peuple. Car il faut parvenir à une jonction - je caricature - entre intellos et populos. Sans cela, pas de victoire progressiste. C’est ce qu’il s’est passé, à des degrés divers, en 1789, 1936, 1968 et 1981, tantôt dans les urnes, tantôt dans la rue.
Et pour 2017 ?
Vu le naufrage des partis de gauche, j’avais fait une croix sur 2017. Il y a cependant autour de nous des « glissements de terrain » assez rapides : en Grande-Bretagne avec Corbyn, en Espagne avec Podemos, aux Etats-Unis avec Sanders… Mais pour 2017, c’est un peu court.
Vous en voulez beaucoup au PS…
Comment ne pas leur en vouloir ? Le « socialisme » est un si joli mot, avec une belle histoire : voyez comme ils le défigurent. Comme ils en font un synonyme de renoncement, de paillasson des banquiers ? Il y a 80 ans, le 7 juin 1936, avec le Front populaire et le Parti socialiste, étaient signées les conventions collectives. Pour fêter cet anniversaire, le PS de François Hollande démolit le code du travail ! Et pourtant, j’ai toujours voté PS au second tour, en bon « républicain de gauche » à la Jaurès, même en 2012. Désormais, c’est fini. Nous lançons mardi une campagne intitulée « Nous ne voterons plus PS ». Dans la Somme, nous allons distribuer 66 000 tracts dans les boîtes aux lettres, simplement pour informer les gens : qu’a voté votre député, sur le traité Sarkozy-Merkel, le pacte de responsabilité…
Pourquoi tant de haine ?
Ce n’est pas de la « haine » mais de la détermination. Même si je n’ai jamais vraiment cru à la déclaration de Hollande en 2012 : « Mon adversaire, c’est la finance ». Mais au lieu de livrer la moindre escarmouche, il s’est mis à leur service, et a livré l’économie à un banquier. Sur la loi travail, par exemple, on doit critiquer ce qu’elle contient, mais aussi ce qui n’y figure pas. Dans mon film, une usine dans le giron de LVMH part de Picardie pour aller en Pologne, puis en Bulgarie, afin de profiter de coûts du travail toujours plus bas. Que contient la loi El Khomri pour empêcher cela ? Quelle loi a été votée depuis 2012 contre les délocalisations ? Rien. Parallèlement, la part des dividendes rapportée à la masse salariale a triplé, passant de 4 % dans les années 80 à 12 % aujourd’hui. Or rien n’a été fait pour contrer ce mouvement. Pire : ce quinquennat a accentué la flexibilité et donné des milliards aux multinationales, comme si l’adversaire était le salarié, et non pas la finance.
Que répondez-vous à ce qui vont vous accusent de faire le jeu de la droite en militant contre le PS en 2017 ?
Mais le PS de Valls-Macron-Hollande, économiquement, c’est déjà la droite ! Mieux vaut que les banquiers et la Commission européenne n’avancent pas sous le faux nez du socialisme, qui fait passer des contre-réformes pour des réformes, du libéralisme pur jus pour de la social-démocratie.
Avec Merci Patron !, vous avez fait le tour de la France. Qu’en avez-vous retenu ?
Si ce film a fonctionné, s’il a produit un élan, c’est qu’instinctivement, les gens se sont dits : « On peut gagner : on est parfois plus forts qu’on ne le pense, et ils sont souvent plus fragiles qu’on ne le croit. » Politiquement, la dénonciation ne fonctionne plus. Que les riches aient des capitaux au Panama, que les pommes soient pourries par les pesticides, que l’on puisse délocaliser jusqu’en Pologne, le public le sait. Au lieu de réveiller, cette pluie de catastrophes peut avoir un effet d’écrasement. Il faut plutôt ouvrir des chemins à l’espérance, sortir les gens de la résignation. C’est ma principale bataille.
Comment ?
Sur la loi travail comme sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, deux minorités se font face : une oligarchie qui impose son ordre du jour contre des militants qui résistent. Entre les deux, une sorte de marais, enfoncé dans la résignation. Qui penche certes contre la loi travail, mais sans pour autant entrer dans la bagarre, comme frappé d’un sentiment d’impuissance. Contre ce phénomène, et comme l’appétit vient en mangeant, il faut remporter une petite victoire, puis une plus grosse, pour qu’on puisse se dire ensemble : « On peut reprendre en main notre destin commun. »
La violence, celle des « casseurs », est-elle une option pour vous ?
En une du dernier Fakir, on a placé cette citation : « Vous avez trois possibilités : pleurer sur vous-mêmes, lancer des bombes mais vous pousserez tout le monde à droite, ou vous organiser et gagner du pouvoir. » J’ai choisi la troisième, car la violence minoritaire me paraît contre-productive. En revanche, je soutiendrais, par exemple, l’action des salariés de Continental, en 2009, à la sous-préfecture de Compiègne, car elle était portée par une colère populaire. Comment, enfin, ne pas dénoncer l’immense violence d’en face ? Pas seulement policière, mais de tout un système. Chez les Contis, on dénombre ainsi cinq suicides, des divorces chez la moitié des inscrits à Pole Emploi et des dépressions par centaines. Qui va poursuivre, ici, les actionnaires ? Voilà la violence que subit, depuis trente ans, ma région. La violence d’autres « casseurs », de plus en plus présente, mais avec le silence des médias et la complicité du gouvernement.
SI vous êtes président en 2017…
Premier voyage à l’étranger ?
Une tournée dans toute l’Europe du Sud. Hollande aurait dû commencer par là, en 2012 : se rendre à Madrid, Lisbonne, Rome, Athènes. Dans tous ces pays en souffrance, se faire acclamer dans des meetings, rechercher des alliés - même parmi les gouvernements conservateurs. Et ensuite, seulement, discuter avec Merkel et Bruxelles, fort de cette onction populaire pas seulement française mais européenne.
Premier déplacement en France ?
Faudra que je monte à Paris, non ?
Première décision ?
Délocaliser l’Elysée en Picardie. A Flixecourt ou Ailly-sur-Somme, j’hésite.
Premier grand discours ?
« Mon adversaire, c’est la finance. »
Première personne reçue ?
Bernard Arnault, enfin ! Qu’il revienne à Flixecourt, dans ce coin qui l’a fait milliardaire, qu’il discute avec Catherine, René, ses milliers de licenciés.
Une photo, un objet
« Pourquoi poser avec mon tee-shirt ? Parce que, malgré ma campagne de publicité, LVMH ne m’a toujours pas offert un costume Kenzo ! Et que je ne compte pas travailler chez Rotschild pour me le payer. »
Luc Peillon, Amandine Cailhol
* « Voter PS au second tour en bon républicain, c’est fini ». Libération. 5 juin 2016 à 17:31 :
http://www.liberation.fr/france/2016/06/05/francois-ruffin-voter-ps-au-second-tour-en-bon-republicain-c-est-fini_1457438
Réponse à François Ruffin sur les accusations de censure par « Libération »
DROIT DE SUITE
Le cinéaste et responsable du journal « Fakir », dont « Libération » publie une interview ce lundi, reproche au quotidien d’avoir passé à la trappe plusieurs questions. Explications.
C’était trop beau. Deux pleines pages sur ses propositions, son positionnement politique, sa stratégie. Deux pleines pages sur le fond. Enfin. C’était trop beau. Et tellement contraire à ce qu’il dénonce. Qui plus est quand le média qui l’accueille s’appelle Libération, ce journal qui « trahit ». Dans une espèce de réflexe pavlovien, il fallait donc redresser la barre. Sauver la petite entreprise de dénonciation. S’ériger en victime. Mais sans aller - il ne faut pas pousser non plus - jusqu’à refuser la tribune, et l’appel en une du journal, que proposait ce média mainstream tant honni.
Ainsi donc, très vite après la parution de l’entretien ce lundi matin, François Ruffin, responsable du journal Fakir, a sonné la charge [1] : « Au cours de nos échanges avec les journalistes, j’avais taclé régulièrement Laurent Joffrin, le directeur de Libération, et surtout Patrick Drahi, l’actionnaire principal, patron de SFR, l’Express, BFM, etc. Rien n’en a été retenu, écrit-il sur le site du journal Fakir. Je comprends cette censure/autocensure. Ayant relu l’interviou, je l’ai d’ailleurs acceptée. C’est une règle du jeu médiatique, qu’on peut néanmoins dénoncer : l’impossibilité de critiquer les patrons de presse dans la presse. Comme ici, c’est moi le patron de presse, je vais en profiter pour rétablir les passages qui furent caviardés. » Et d’ajouter : « Dans l’entretien, je mentionnais juste une « imposture » : voir le directeur de Libération parler sur les plateaux télé au nom de la gauche relève de l’imposture médiatique, tout comme voir Valls de l’imposture politique. »
Première chose : l’entretien a duré plus d’une heure, soit, une fois retranscrit, l’équivalent de quatre pages, alors que nous ne disposions que de deux pages pour accueillir ses propos. Il fallait donc, de toute façon, couper. Ne soyons cependant pas hypocrites. Nous n’allons pas dire que nous étions ravis de ces passages qui tapaient sur notre média et notre directeur. Mais ces propos auraient mérité un vrai débat contradictoire. Ce n’était pas l’objet de cet entretien que de se transformer en un échange sur l’impartialité et le rôle de la presse contrôlée aujourd’hui par des groupes industriels. Si tel avait été le cas, nous aurions organisé une confrontation entre lui et le directeur de la publication de Libération.
Voici, cependant, la question que nous n’avons pas conservée, avec son accord, et qui est sans doute la plus polémique :
« Certains vous diront qu’être engagé comme vous l’êtes chez Fakir, avec la partialité que cela implique, ce n’est peut-être plus du journalisme…
Je n’ai jamais cru à la partialité, à la neutralité ou à l’objectivité. Je crois en l’honnêteté. Celle de dire aux gens « voilà d’où je parle ». Après, je peux vous renvoyer la question. Peut-il y avoir de l’impartialité des journalistes de Libération quand l’un de ses actionnaires, Patrick Drahi, balade ses capitaux entre Guernesey et le Panama, et se base fiscalement en Suisse ? »
Problème, sur le fond cette fois-ci : cette réponse de Ruffin ne repose sur rien de concret. En quoi la gestion de ses capitaux par notre actionnaire principal, aussi discutable soit-elle, empêcherait-elle les journalistes de Libé d’être impartiaux ? Sous-entendu, sur tous les sujets ? Encore Ruffin eut-il précisé que nous n’étions pas indépendants sur la question spécifique de l’optimisation fiscale... Mais même sur ce sujet, c’est faux. Ainsi, le 5 avril, nous rebondissions, sur 5 pages en « Evénement », sur les informations publiées la veille concernant les Panamas Papers, ces comptes off shore basés au Panama. Titre de l’article d’ouverture, plutôt explicite : « En finir avec les planques à billets ». Dans un encadré, nous mentionnions même les principales personnes soupçonnées, dont Patrick Drahi… Et nous évoquions également son démenti, comme pour les autres personnes citées, qu’il s’agisse du FN ou de Lionel Messi. Son nom était même repris, et à chaque fois en précisant sa qualité de principal actionnaire de Libé, dans l’édito de Laurent Joffrin. Comme acte de censure, on a connu mieux.
Mais le plus gênant dans cette réaction de François Ruffin, c’est qu’il avait effectivement accepté – comme il le reconnaît – que ces questions et ses réponses ne figurent pas dans l’interview. Ainsi ce mail, qui nous est adressé le 3 juin, en réponse au script de l’entretien que nous lui avions envoyé :
« Monsieur Peillon,
ou Luc et Amandine, comme vous préférez,
voici le « deal » que je vous propose :
– OK, je vous emmerde pas avec ça, on ne cite pas Drahi ni Joffrin (j’ai viré la question sur les médias, sinon je suis fonce droit (sic) sur Libé, son directeur, son actionnaire), je joue le jeu des petites questions « moi président » ;
– maintenant, j’ai largement réécrit l’entretien, pour insister sur des points qui me paraissent plus importants, qui correspondent mieux à ma pensée.
Pour la photo, je suis embêté : à la place du tee-shirt, j’aurais bien posé avec le tract « Nous ne voterons plus PS ».
Vous me dites si ça vous va ?
Cordialement,
François. »
C’est donc plutôt François Ruffin qui nous propose un « deal », que nous n’avions jamais demandé, et qu’il ne respectera finalement pas… Sans évidemment nous en parler. Il en profitera par ailleurs pour supprimer lui-même plusieurs questions, et donc réponses, concernant son travail et le journal Fakir. Le tout, très « cordialement ».
Luc Peillon
* Libération, 6 juin 2016 à 16:27 :
http://www.liberation.fr/france/2016/06/06/reponse-a-francois-ruffin-sur-les-accusations-de-censure-par-liberation_1457631