Au nom de :
Katia Bengana, lycéenne
Leila Kheddar et Amel Zenoune, étudiantes en droit
Zhor Meziane, directrice d’école
Au nom de toutes les Algériennes assassinées pour avoir refusé le diktat vestimentaire, je veux crier ma révolte à propos de cette journée organisée par des étudiantes et étudiants destinés à être les élites de notre pays.
Il est vrai que vingt ans ont passé sur la tragédie algérienne et certains occultent cette mémoire, aussi puis-je comprendre que les étudiants n’aient aucune connaissance de cette période vécue dans l’isolement et l’hypocrisie internationale.
Au nom d’une idée généreuse de liberté et de tolérance, des étudiantes donnent une légitimité à un voile prétendument islamique car uniquement prôné par les théologiens obscurantistes. Et surtout le banalisent.
Est-ce une réponse au délire sur le voile, sur la femme tentatrice, réduite à un sexe, exposée à des hommes incapables de se maîtriser ? Une réponse à cette insulte faites aux hommes ?
Le voile est conçu d’abord comme un étendard pour une meilleure visibilité des intégristes : il est essentiellement politique comme d’ailleurs les tenues de certains hommes imitant les talibans.
L’intégrisme islamiste est une idéologie totalitaire qui utilise l’islam à des fins politiques. Nous l’avons vu à l’œuvre en Algérie où pendant dix ans une guerre contre les civils (et non une guerre civile, comme on l’entend souvent) a été menée ; les femmes, les journalistes, les intellectuels, les médecins, toute l’élite moderniste a été éliminée.
Les intégristes ont été battus militairement mais leur projet de « ré-islamisation » de la société a réussi grâce aux chaînes satellitaires arabes du Golfe dont nous connaissons les moyens financiers. Il suffit d’écouter leurs prédicateurs assurer une véritable destruction de l’esprit.
Il est important de regarder en face le fait qu’ils reproduisent aujourd’hui en Europe ce qu’ils ont entrepris dans nos pays d’origine. Cette vérité gêne certains progressistes anti-racistes et a divisé les féministes, mais le résultat en est l’abandon des femmes qui luttent contre toutes ces agressions intégristes.
Il est inacceptable de discriminer les femmes voilées, mais à confondre religion et culture, à considérer les femmes voilées comme seules « représentantes » de l’islam on risque la discrimination envers la majorité des musulmanes qui ne se voilent pas et luttent pour une séparation du religieux et du politique, c’est-à dire la laïcité, et pour l’universalité des droits.
Lalia DUCOS,
militante feministe