Initiée par le Collectif national pour le droit des femmes (CNDF), Femmes Égalité et Attac, la campagne Égalité salariale entre les femmes et les hommes… maintenant ! est loin de s’essouffler, explique Maya Surduts, l’une des porte-parole du CNDF.
Lancée en pleine campagne électorale, votre pétition pour l’égalité salariale trouve-t-elle un écho favorable aujourd’hui ?
Maya Surduts. Sur ce sujet, nous sommes en prise avec le mouvement social. Des syndicats, comme la CGT commerce, nous ont apporté leur soutien, et les luttes se multiplient sur le terrain. Une action des salariées de Camaieu a eu lieu ce week-end (lire page 2), tandis que des femmes de chambre sont mobilisées chez Novotel, Campanile ou Première Classe, à Suresnes… Des mobilisations s’amplifient dans le nettoyage, la restauration ou l’aide à la personne (en Isère, Rhône-Alpes ou dans le Lot – NDLR), des secteurs où les femmes, à temps partiel subi, représentent un pourcentage très élevé des salariés. Quand elles ne se battent pas contre les licenciements boursiers, à l’image du collectif Licenci’elles (regroupant les salariées des 3 Suisses, Fralib ou Sodimédical), elles représentent 80 % des travailleurs pauvres et gagnent en moyenne 27 % de moins que les hommes. Et elles sont les premières à faire les frais d’une politique d’austérité et de régression sociale.
Dans le JDD, hier, Najat Vallaud-Belkacem a pourtant déclaré qu’une nouvelle loi n’était pas nécessaire sur l’égalité salariale…
Maya Surduts. De nombreuses lois sur l’égalité salariale ont été adoptées depuis les années 1980. Mais les sanctions n’ont jamais été appliquées. Nous saluons le retour d’un ministère des Droits des femmes. La question, c’est celle des moyens qui lui seront accordés. La ministre évoque le service du droit des femmes (175 personnes – NDLR) sans dire ce qui va être fait pour le renforcer. Nous espérons que les associations pourront participer à la table ronde organisée sur le sujet lors de la conférence sociale des 9 et 10 juillet. Outre l’égalité salariale, il faut aussi agir sur les discriminations en favorisant la mixité dans l’emploi, en rééquilibrant le niveau des pensions de retraite, en créant 500 000 places d’accueil pour la petite enfance…
La ministre réaffirme aussi sa volonté de « voir la prostitution disparaître »…
Maya Surduts. Nous saluons la volonté manifeste de faire de la France un pays abolitionniste. La résolution adoptée dans ce sens à l’Assemblée , que nous avons soutenue, doit se transformer en loi et être suivie d’effet. Elle doit s’accompagner de la suppression des mesures répressives envers ces femmes qui sont d’abord victimes, en leur offrant de nouveaux droits protecteurs.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR PIERRE DUQUESNE
Harcelées, bientôt licenciées ?
Deux salariées d’un magasin G20 de Montreuil sont convoquées à un entretien préalable de licenciement aujourd’hui « parce qu’elles ont dénoncé des pratiques de harcèlement sexuel de leur patron », selon l’union locale CGT et la Maison des femmes de cette ville de Seine-Saint-Denis. Lors d’une manifestation de soutien, samedi, ces deux organisations ont exigé que la nouvelle loi sur le harcèlement soit plus « conforme à la demande des acteurs de terrain ».