Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy à Madrid, le 20 décembre.
Le Parti populaire (PP) du chef de gouvernement conservateur sortant, Mariano Rajoy, a perdu dimanche 20 décembre sa majorité absolue au parlement à l’issue des élections générales, marquées par une forte poussée des nouveaux partis Podemos et Ciudadanos.
Des résultats partiels portant sur près de 90 % des bulletins dépouillés prédisent au PP 28,3 % des voix et 122 sièges, loin de la majorité absolue (176 sièges) dont il disposait jusqu’alors (186 sièges).
Le bloc de gauche en tête
La deuxième place est sauvée de justesse par les socialistes du PSOE, qui obtiendraient 22,5 % des suffrages et 93 députés (contre 110 actuellement). Le nouveau parti de gauche radicale Podemos, créé il y a moins de deux ans, les talonne avec 20,5 % des voix, mais seulement 69 députés à cause de règles électorales favorisant le PSOE. Les anciens communistes d’Izquierda Unida n’obtiendraient que 2 sièges.
Au pied du podium, Ciudadanos (centre-droit), l’autre nouvelle formation issue de la société civile, obtiendrait 13,7 % des voix et 39 sièges dans la nouvelle assemblée. Même en cas d’alliance avec ce mouvement, le Parti populaire ne pourrait donc pas former de gouvernement majoritaire.
Ces résultats bouleversent profondément l’équilibre politique espagnol, dominé depuis 1982 par le bipartisme PP/PSOE. Malgré la légère avance de la gauche, aucune coalition ne semble se dessiner de manière évidente.
La pire défaite de l’histoire du PSOE
Podemos et Ciudadanos ont émergé à la faveur d’une crise sans précédent, qui a secoué non seulement l’économie mais aussi les institutions, ternies par la corruption touchant l’ensemble de l’establishment : partis traditionnels, grandes entreprises, syndicats, et même une fille du roi Juan Carlos. Les deux partis exigeaient une « régénération démocratique » et davantage de transparence de la vie politique pour en finir avec la corruption.
Lors du précédent scrutin, en 2011, Mariano Rajoy, déjà deux fois candidat, avait récolté 45 % des suffrages et une confortable majorité de 186 sièges sur 350 au Parlement. Le vote de 2015 s’annonçait plus difficile pour le chef du gouvernement, principal artisan d’une cure d’austérité sans précédent, assortie d’une réforme du code du travail limitant les droits des salariés et le chômage, touchant encore un actif sur cinq.
Le PSOE, qui avait déjà subi en 2011 la pire défaite électorale de son histoire sous la houlette d’Alfredo Perez Rubalcaba (28,7 % des voix, 110 sièges), plonge après ce scrutin dans une crise encore plus profonde. Talonnée par Podemos en nombre de voix, la formation emmenée par Pedro Sanchez, 43 ans, ne devra sa deuxième place en nombre de sièges au Parlement qu’à la complexité de la loi électorale, qui donne davantage de poids aux régions rurales et aux petites provinces où il est mieux représenté.
Le Monde.fr