Suite à mon précédent billet [1], on m’a interpellé sur le sens à lui donner « sortir ou pas » du NPA. Je dois dire que ce n’est, n’y étant plus, guère mon questionnement même si celà m’intéresse. Certains dans la majorité relative ou la plus grosse minorité, disons avec Besancenot, plaident pour une « séparation amiable » d’avec les sectes et les courants disons... de repli.
Il y a rarement de séparations amiables avec les sectes dont le propre est « d’emphatiser » les divergences, « d’extrémiser » les débats, d’outrer les enjeux et « d’anathémiser » leurs contradicteurs. Donc la vision civilisée d’un doux départ du NPA est angélique. Tant que les marionnettistes des sectes penseront avoir encore un peu de sang vif à vampiriser (ou à assécher), ils s’accrocheront.
Ceci dit, partir ou pas, est-elle la question ? Je ne trouve pas. Les opposants à la « sortie » font remarquer à juste titre qu’un scission de plus dans l’extrême gauche anticapitaliste n’arrangerait ni son image ni son moral, les deux bien écornés. Elle accoucherait d’une « picrocholination » de plus. Cela ne veut pas dire qu’une scission n’est jamais bonne, mais qu’il faut savoir scisionner. Le résultat de celle de l’ex-GA fait réfléchir (et le devrait chez son ex direction dont l’ivresse unitaire s’est muée en gueule de bois « uRnitaires » dont l’appareil post stalinien tire quelques squelettiques prébendes avec ou sans le « front », et les sectes leur quasi liberté de manœuvre dans le NPA qu’elles atrophisent et l’extrême gauche avec).
Alors rester dans le NPA ? alors, pour quoi faire ?
Si c’est « pour construire le NPA » comme le vantent certains avec une vaillance méritoire, non seulement c’est une gageure mais en plus cela veut dire s’enfermer dans la confrontation usante avec les sectes d’une part et le courant fuyant qui sous prétexte de préserver le NPA cède le terrain à l’esprit de secte, s’est laissé gangrener par la phraséologie doctrinaire et les réflexes isolationistes.
La question, la seule urgente, c’st comment régénérer la pensée et l’action d’une (extrême)gauche intelligente, ouverte, unitaire et indépendante ? Cela impose de se dégager de l’emprise des débats sectaires et donc de ne consacrer à la survie du NPA que le minimum syndical sans rien céder, rien concéder, pas trop discutailler. Construire le NPA avec eux c’est rester cantonné, enfermé, étouffé par leur problématique, sur leur terrain, selon les termes de leurs débats.
Et ça, il faut en sortir.
C’est pourquoi aujourd’hui la question n’est pas de sortir ou pas, mais que construire là, avec ce courant du NPA qui n’a pas dégénéré ni cédé : comment le conforter, l’alimenter, le doter de thèmes de réflexion et d’action qui ne soit pas surdéterminés par les sectes ou l’esprit sectaire... L’envers d’un parti de tendances au débat démocratique c’est qu’il enferme souvent sa majorité dans les problématiques de ses minorités et non dans l’extension, la culture, l’enrichissement de sa problématique, celle des majoritaires trop affairés à « répondre », riposter, argumenter, plutôt qu’à penser.
La question ce serait, enfin !, de construire un courant, de le doter d’une autonomie publique qui ne se résume pas à la seule parole de Besancenot, qui soit attractif pour la nébuleuse d’ex et de nouveaux qui ont envie de ce qu’ils entendent par cette voix là, qui soit en dialogue autre que confidentiel une fois par mois à Paris avec d’autres luttes, d’autres trajectoires, d’autres réflexions, bref un courant public avec sa lettre électronique publique, son site public, ses débats publics, ses propositions publiques, ses rencontres publiques ouvertes.
Sortir du NPA ? De l’entre soi du NPA oui ! Du NPA comme lieu clos stérilisé par les inconséquences et les sectaires. Il y a parmi eux bien des militan,ts actifs, volontairees, impliqués qui pour finir se laisseraient convaincre, et surtout, surtout il y a dehors une attente, un potentiel qui seront le début de l’outil pour le jour du « stand up » social.
C’est urgent.