L’islamisme vient de démontrer que, dans tous ses segments, il continue à cautionner les crimes les plus barbares perpétrés au nom de l’Islam, qu’ils soient commis contre les caricaturistes de Charlie Hebdo ou qu’ils atteignent des algériens. Il ne faut pas s’y tromper, en instrumentalisant la personne du Prophète et jouant sur le contentieux historique avec le colonialisme, ceux qui ont appelé à marcher ce vendredi marquent leur attachement au projet d’Etat théocratique, se livrent à une nouvelle manifestation de haine et justifient par avance de nouveaux assassinats.
Cette dérive n’a été possible que parce que l’islamisme bénéficie de la bienveillance de nombreuses forces qui trahissent chaque jour le sang versé par les victimes du terrorisme et la résistance qui lui a été opposée. Ainsi en est-il des promoteurs de la politique de réconciliation nationale qui reste un mécanisme participant, sans fin, à blanchir tous les auteurs d’actes sanguinaires, tandis que des partis démocratiques déculpabilisent l’intégrisme en en faisant un partenaire politique. Enfin, le silence des autorités suite à des appels au meurtre accompagnant la répétition d’actes intolérance qui s’inscrivent dans une véritable campagne de moralisation de la société ainsi que la volonté de ne pas blesser la foi de leurs lecteurs, mise maladroitement en avant par certains responsables de presse, favorisent les discours de violence. Tous se disputent une base et des clientèles qui cherchent dans la religion une couverture à la prédation et à la spéculation.
Le MDS avait déjà alerté, dans une déclaration intitulée « il faut arrêter le sursaut obscurantiste », sur l’exigence de consacrer, dans la Constitution, la séparation du politique et du religieux. Ce n’est possible qu’avec la chute de ce pouvoir. Cette revendication se heurte non pas à la société mais à de nombreuses forces politiques qui espèrent instrumentaliser l’islamisme à leur profit. Les uns pensent faire diversion par rapports aux enjeux actuels, peut-être même paralyser la société au moment où elle donne une belle leçon de citoyenneté et se mobilise de manière de plus en plus consciente et organisée autour de problèmes qui engagent l’avenir de l’Algérie. D’autres souhaitent pousser les citoyens vers un soutien au pouvoir, tandis que dans cette véritable conjuration ceux qui se présentent en opposants tentent de retourner la carte intégriste contre le pouvoir. Tous participent ainsi à contrarier l’édification d’une Algérie démocratique et sociale.
Alger, le 16 janvier 2015
Le bureau national du Mouvement démocratique et social (MDS)