Ce budget ne comporte aucune amélioration concernant les salaires, les chômeurs et les régions déshéritées. Il s’en prend, par contre, à la Caisse de compensation qui subventionne les produits de première nécessité.
La discussion a été très rapide et formelle. Seulement deux articles ont été soumis au vote.
Nizar Amami (LGO) et Ammar Amroussia (Parti des travailleurs, ex-PCOT) sont intervenus contre ce budget d’austérité.(1)
Fathi Chamkhi (LGO) est intervenu sur la dette, ce qui a permis d’expliquer pourquoi le Front était contre le vote de son remboursement.
Le deuxième vote concernait l’Instance Vérité et Justice (IVD), chargée de recenser et d’indemniser les victimes des abus des régimes de Ben Ali et Bourguiba. Le Front a voté pour l’augmentation de son budget.
En final, aucun des 15 députés du Front n’a voté pour ce budget d’austérité.
A l’inverse, tous les députés de Nidaa et d’Ennahdha ont voté pour, témoignant de leur similitude de vue sur le plan économique et social.
Le total des votes contre a été de 15, et il y a eu 10 abstensions.(2)
Dominique Lerouge
Nizar Amami, député Front populaire à l’Assemblée des représentants du peuple
Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs les député-e-s (3)
En vérité trois minutes ne sont pas suffisantes pour exprimer des remarques précises et profondes.
Cependant, je vais exprimer quelques remarques préliminaires concernant le projet de budget et de loi des finances.
Ce projet se situe dans le cadre d’une économie en crise et dans la continuité des causes profondes qui ont préparées les bases de la révolution tunisienne.
– dégradation de la situation de l’emploi.
– déséquilibre régional.
– développement de l’économie parallèle et de la contrebande
– déterioration permanente de la balance commerciale.
En vérité, même si ce budget a connu une augmentation minime de 3,7%, par rapport à l’année 2014, celui-ci reste l’expression d’une “prudence” exagerée et de l’incapacité à trouver des solutions aux causes profondes qui continuent à exister.
Ce budget exprime aussi l’absence d’une vision politique et d’une volonté politique courageuse capables de répondre à la situation.
Monsieur le président,
Pour ne pas s’attarder, l’ensemble de ces remarques se concentre dans ceci :
Il s’agit d’un budget d’austerité qui ne diffère pas de ceux des années précedentes.
Ce texte va continuer à approfondir la crise et les tensions sociales, notamment par la non satisfaction de la revendication de l’UGTT qui appelle à des négociations sociales sérieuses, seules capables de garantir la paix sociale.
Il continue à s’appuyer sur cette vision traditionnelle, qui consiste à rechercher uniquement l’équilibre financier, sans se soucier des objectifs de développement.
Ce texte ne permettra donc pas de trouver des solutions effectives.
Il perpétue le désequilibre dans la participation aux dépenses publiques : en effet, 83% de l’impôt sur le revenu est assuré par les salariés, ce qui est contraire à la justice sociale.
Fathi Chamkhi, député Front populaire à l’Assemblée des représentants du peuple
Bonjour,(4)
Nous avons chassé un dictateur mais la dictature de ses dettes contractées par Ben Ali est toujours là, comme une corde autour de notre cou.
Une corde qui permet aux institutions économiques et financières internationales d’imposer des politiques économiques et sociales extrémistes sur la Tunisie.
De 2011 à 2015, au titre du « réglement des dettes de Ben Ali », le peuple tunisien a déboursé 22 milliards de dinars tunisiens, soit plus que la totalité du budget de l’Etat en 2011 !
Le peuple tunisien n’a pas l’argent pour payer pour Ben Ali. A cause de cela, l’Etat s’endette de plus en plus. La Tunisie s’enfonce dans les dettes. La situation des Tunisiens recule et n’avance pas.
En 2011, l’Etat a emprunté 3,7 milliards dinars. En 2015, la somme programmée est de 7,4 milliards de dinars. C’est à dire le double.
La dette de l’Etat était de 25 milliards en 2010. Elle sera de 47 milliards en 2015.
Malheureusement, tous les gouvernements successifs se sont inclinés devant la dictature de la dette, et ont tourné le dos aux revendications de la révolution.
Ceux qui défendent le remboursement de la dette ont dit qu’il fallait rembourser la dette de Ben Ali afin de conserver une notation satisfaisante des agences de cotation, mais la notation financière a régressé, celle de Standard & Poor’s a par exemple degringolé de la 9éme à la 15e position (sur une ensemble de 23 positions possibles).
Et cela soit-disant pour :
* pemettre à l’économie de se remettre debout sur ses pieds, mais celle-ci est toujours en réanimation,
* conserver les investissements extérieurs, mais ces derniers n’ont cessé de reculer année après année,
* conserver la confiance dans notre économie, mais le résultat est que le capital ou une partie du capital, s’est dirigé vers le marché noir et la contrebande, et même l’Etat a diminué ses investissements dans l’économie.
En 2015, le gouvernement a programmé plus de 5 milliards de dinars pour payer les dettes de Ben Ali, soit environ 18% du budget. Cela équivaut à plus de trois fois le budget du ministère de la santé publique,
ou 7 fois plus que le budget du ministère des affaires sociales,
ou 8 fois le budget de l’emploi et la de formation professionnelle,
ou 12 fois le budget de développement,
ou 27 fois le budget de la culture,
ou 36 fois le budget du tourisme,
ou 49 fois le budget de la recherche scientifique.
En conclusion, et en se basant sur ce qui précède :
Je demande aux membres de l’Assemblée du peuple, de décider d’arrêter le paiement des dettes de Ben Ali en attendant que...........” (la vidéo s’arrête là mais cette phrase sera complétée dans les meilleurs délais).
Notes :
2. http://www.businessnews.com.tn/arp--la-loi-de-finances-2015-adoptee-dans-son-integralite,520,51923,3
3. Traduction en français depuis l’enregistrement officiel
https://www.facebook.com/video.php?v=666834476772112&set=vb.237006876421543&type=2&theater
4. Traduction à partir de l’enregistrement officiel
https://www.facebook.com/video.php?v=666819976773562&set=vb.237006876421543&type=2&theater