Plutôt que de chercher des bombes atomiques à l’autre bout du monde, comme le font les inspecteurs de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA), plusieurs ONG rappellent qu’ici, en Europe, des pays la possèdent déjà et ne respectent pas les traités internationaux qu’ils ont signés. En effet, le tribunal international de La Haye a condamné, le 8 juillet 1996, non seulement l’utilisation, mais aussi la possession de cette arme, et les articles 1 et 6 du Traité de non-prolifération de 1969 (ratifié par la France en 1992) prévoit l’élimination totale des armes nucléaires.
Le rassemblement de Biscarosse, à l’appel d’une douzaine d’organisations dont Greenpeace, le réseau Sortir du nucléaire et Abolition 2000, a été une réussite, même si la délégation officielle, qui voulait inspecter la base militaire pour dénoncer les violations des traités internationaux, n’a pas été reçue. Cela fait très longtemps qu’il n’y a pas eu de manifestation pacifiste de cette importance en France. Autre motif de satisfaction : le succès des débats et des formations qui se sont déroulés durant le week-end. Les 10 000 personnes présentes lors du festival pour entendre de nombreux groupes de musique, dont Johnny Clegg et la compagnie Jolie Môme, ont ainsi pu découvrir comment la France prépare, avec le programme M51, la guerre préventive, s’alignant de fait sur la doctrine américaine. Ce fut aussi l’occasion de rappeler le lien congénital entre nucléaire civil et militaire, montrant ainsi la responsabilité de la France dans la prolifération avec sa volonté d’exporter ses centrales nucléaires.
Sortir du nucléaire civil est nécessaire, mais pas suffisant. Comment les pays non possesseurs de la bombe nucléaire peuvent-ils accepter d’être privé de ce que les autres possèdent ? Pour sortir de cette situation impérialiste, il faut donc montrer l’exemple et désarmer. C’est tout le contraire des propos guerriers tenus par Jacques Chirac, le 19 janvier 2006, lorsqu’il menaçait de représailles nucléaires les pays ou organisations qui s’opposeraient aux intérêts vitaux de la France.
Les 10 milliards d’euros de ce projet militaire seraient beaucoup plus utiles à des programmes sociaux et d’aide au développement des pays « pauvres » ou à risques ! Pour toutes ces raisons, le stand de la LCR a été fort apprécié dans ce nouveau mouvement de masse contre l’impérialisme militaire de la France et du Conseil de sécurité. Espérons que ce n’est qu’un début, et qu’à l’image de ce qui se passe chez nos voisins, la prochaine inspection sera plus massive et moins symbolique.