Un nom a déjà été trouvé, « Réconciliation nationale », qui ne fait que reprendre l’un des termes de l’association actuellement animée par l’écrivain antisémite Alain Soral, à savoir « Égalité & réconciliation » (E&R). Les statuts du parti n’ont pas encore été déposés, mais son adresse serait en revanche déjà connue : à Saint-Denis, là où est déjà domicilié la structure « E&R ».
Les perspectives du futur parti restent encore sujettes à caution. Actuellement, en dehors de son éternel compagnon de route Dieudonné, peu de personnes souhaitent travailler dans la durée avec Soral, à cause de son égocentrisme extrême. Toujours est-il qu’en misant sur la popularité des théories du complot en tout genre, à commencer par celles qui circulent sur les prétendues « vraies » explications du 11 septembre 2001, Soral et Dieudonné rencontrent un certain succès d’audience, que ce soit sur internet ou dans le cadre des spectacles de ce dernier. Mais avoir une audience sur le net ne signifie pas encore qu’on va réussir nécessairement à structurer un mouvement politique.
Fâcherie avec le FN
La décision de lancer un parti politique, que le projet soit factice – servant uniquement à toucher un pactole espéré – ou réel, est venue à Soral suite à sa dispute violente avec Aymeric Chauprade. Cet « expert en géopolitique » autoproclamé a été élu député européen le 25 mai 2014 en tant que tête de liste du FN en Île-de-France. Depuis il dirige la délégation des eurodéputéEs du FN (qui n’ont pas réussi à former un groupe au Parlement européen). Longtemps, Soral avait cru que Chauprade partageait peu ou prou ses délires idéologiques, à propos d’une prétendue « résistance à l’Empire » aux couleurs nationalistes et rouges-brunes.
Cependant, un texte publié par Chauprade au cœur de l’été a mis le feu aux poudres. Circulant dans les milieux du FN depuis août, ce texte prône entre autres la nécessité, pour l’extrême droite française, de se concentrer sur la lutte contre un ennemi stratégique principal : « le fondamentalisme islamique sunnite ». Dans cette vision, il faudrait aussi, à en suivre Chauprade, se rapprocher de la droite israélienne, vue comme un allié stratégique.
C’en était trop pour Alain Soral, partisan d’un ancrage profond de l’extrême droite dans l’antisémitisme à connotation complotiste. Dans un message vidéo publié début septembre, Soral qualifie Chauprade à plusieurs reprises de « fils de p*** » et le taxe de « haute trahison », sous prétexte que lui-même (Soral) aurait fait voter « des musulmans » pour Chauprade aux Européennes. Ce pour quoi Soral serait désormais prétendument menacé de mort...
L’eurodéputé FN a pris l’affaire suffisamment au sérieux pour ne se déplacer, lors de l’université du FNJ (jeunesse du parti) des 6 et 7 septembre à Fréjus, que sous la protection de plusieurs gardes du corps. Chauprade se méfie de celui qu’il appelle, en faisant allusion au fondateur de la secte scientologue, « le Ron Hubbard de l’antisémitisme français »...
Bertold du Ryon