Dans cette fin d’après-midi, le texte « Ambition, stratégie, candidature », qui fixe le positionnement politique des collectifs unitaires pour des candidatures antilibérales, est adopté par acclamation par les délégués d’environ 250 comités (près de 500 sont annoncés à l’échelle nationale). Une centaine de délégués sont intervenus pour ce seul débat général. Une feuille de route sur la désignation du ou de la candidate (dépôts des noms début octobre, décision finale mi-novembre, après une nouvelle assemblée nationale mi-octobre) et la désignation d’un collectif de gestion nationale : voilà pour les décisions. « Réunion timide », dit Libération, qui va au-delà de la chaleur de l’instant. C’est peu de le dire : aucun des problèmes qui se posaient avant la réunion n’est réglé. Les initiateurs du collectif national ont refusé la clarification nécessaire d’une série de débats.
La question des relations avec le PS fut pourtant présente tout au cours de la réunion. Le texte proposé marquait une légère avancée par rapport aux formules du printemps : au lieu de parler du « social-libéralisme » en général, on nommait précisément le programme adopté par le PS. Mais - comme le débat l’a montré au-delà des formules -, l’avancée restait largement formelle et ambiguë. Certes, on annonce qu’il est exclu de passer un accord sur la base de ce programme. Encore heureux ! Mais la possibilité de le négocier, de le « gauchir », de « faire bouger » la direction du PS, non seulement n’était pas écartée, mais elle fut, logiquement, explicitement revendiquée par les interventions de PRS et du PCF, appuyées fortement par Claude Debons et Claire Villiers (entre autres). Ces interventions s’inscrivaient dans la perspective d’un « rassemblement de toute la gauche », y compris le PS.
Le refus de ce type d’alliances fut le thème central de l’intervention d’un membre du bureau politique de la LCR, en défense de nos amendements. Il a été fraîchement accueilli sur ce thème, mais plus applaudi quand il a rappelé que Besancenot était prêt à se retirer si un accord était trouvé sur le fond. Il faut dire aussi que la salle comportait une proportion très notable, proche de la moitié, de participants acquis aux thèses du PCF, candidature Buffet comprise. Sur cette question des relations au PS, dont tout le monde sait qu’elle conditionne l’attitude de la LCR, il n’y a eu aucune clarification. Au contraire, les possibilités ouvertes par l’amendement adopté à une forte majorité lors de la réunion départementale des Bouches-du-Rhône - et soutenu depuis par le vote de plusieurs dizaines de comités - ont été balayées d’un revers de main. Non seulement l’amendement n’a pas été soumis au vote, mais Claude Debons a décrété son rejet (au nom de qui ?). Il faut dire que, la veille, dans une interview à l’Humanité, le même affirmait déjà « nous [sans que l’on sache encore qui est-ce « nous », NDLR] ne ferons plus de concessions à la LCR ».
Ces méthodes - refus de prendre en compte les amendements, vote par acclamation - sont inacceptables. Sans aucun doute, une nouvelle façon de faire de la politique... D’autant qu’on ne peut pas, comme le fait le PCF, ruser sur telle ou telle formule et, en même temps, choisir une liste d’union avec le PS pour la municipale de Bordeaux et refuser l’alliance de toutes les forces antilibérales et anticapitalistes du « non » de gauche. L’assemblée a enregistré une candidate de plus en la personne de Clémentine Autain, l’apparentée communiste adjointe du maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë. Avec José Bové, ils ont annoncé qu’ils soutiendraient le choix final, quel qu’il soit, et ils ont demandé à tout le monde (donc à Marie-George Buffet) d’en faire autant. Sans réponse.
Il faut dire que tout a été fait selon les desiderata de la direction du PCF. Alors qu’un grand nombre d’intervenants estimaient qu’il fallait clairement exclure des candidats de parti, la question n’est pas venue au vote. De même, le refus de répondre à la demande, pourtant peut-être la plus massive, d’un collectif de porte-parole, idée avancée par Buffet elle-même et acceptée par José Bové. Pour des raisons propres à son débat interne, le PCF a fait machine arrière, immédiatement suivi par la majorité du collectif national. Avec des personnalités beaucoup moins connues - et dont, d’une manière étonnante, la LCR est exclue -, le collectif de gestion ne remplira en rien la fonction attendue par les collectifs.
L’assemblée du 10 septembre n’a pas répondu aux questions posées par la LCR et nombre de collectifs. Elle n’aura pas permis de réunir les conditions d’un accord politique.