Après les événements tragiques du 2 mai à Odessa, nous devons soutenir le peuple d’Ukraine contre son propre gouvernement et les oligarques, contre les machinations de l’Occident, contre la menace croissante du fascisme et contre la montée de l’impérialisme russe.
Plus de 40 personnes ont été tuées le 2 mai dans la ville d’Odessa, dans le sud de l’Ukraine, à la suite de violents combats et de l’incendie criminel de la Maison des syndicats de la ville. D’autres villes, comme Slaviansk, ont également vu des affrontements meurtriers. Les différentes sources divergent sur la séquence des événements menant à l’incendie, mais les images et les photographies de la scène montrent que les victimes sont décédées d’une mort horrible. Il y avait sans aucun doute des fascistes impliqués dans le pire des attaques, et la police a clairement joué un rôle, que ce soit par son inaction ou par sa complicité.
Il existe de nombreux compte-rendu analysant les détails exacts de ce qui s’est passé ce jour-là, mais il est important de comprendre à qui profite cette violence. Le gouvernement russe peut l’utiliser comme une excuse pour intensifier ses opérations militaires, de même que le gouvernement ukrainien et ses partisans dans l’UE et aux Etats-Unis. Le Ministre de l’Intérieur de l’Ukraine prétend que des « rebelles » pro-russes, qui ont été les victimes à Odessa, ont accidentellement déclenché le feu.
Aucune des deux parties n’a besoin que sa version des faits soit véridique, elles ont simplement besoin de creuser les divisions et de dresser l’opinion populaire l’une contre l’autre. Pendant ce temps, les fascistes sont en mesure de gagner en popularité et de se développer numériquement.
Ces conséquences ne font qu’aggraver la tragédie des massacres d’Odessa. « Le nationalisme, qu’il soit ukrainien ou russe, peut maintenant danser sur les cadavres des jeunes tués à Odessa », a déclaré d’Andreï Ishchenko, un membre de l’Opposition de gauche à Odessa. Parallèlement, le militant socialiste russe Ivan Ovsyannikov souligne que « nous ne pouvons pas laisser la mort de ces personnes être utilisée comme justification d’une intervention militaire ou pour d’autres meurtres ».
Les provocateurs ultimes de la violence et de la division en Ukraine, de Sébastopol à Kharkov et du Donetsk à Odessa, sont les blocs impérialistes et les oligarques concurrents.
Les Etats-Unis et l’Union européenne cherchent à consolider la position du gouvernement intérimaire à Kiev, qui a l’intention d’imposer des mesures d’austérité sévères à la population et de réprimer toute dissidence de même nature que celle qui a renversé Ianoukovitch en leur offrant l’opportunité de prendre le pouvoir.
La Russie étend sa main dans l’est du pays, après s’être déjà saisie de la Crimée. Cette situation est particulièrement préoccupante pour les Tatars de Crimée, dont certains ont quitté la péninsule, ainsi que pour les Juifs d’Ukraine orientale, qui ont commencé à émigrer en nombre vers Israël. Ces deux groupes sont menacés par les forces pro-russes, soit disant « antifascistes ». Il va sans dire qu’ils sont également menacés par le développement de Svoboda et du Secteur Droit.
Les socialistes n’ont pas à choisir entre différents impérialismes ou à trouver des excuses pour leurs actes. L’opposition à l’impérialisme russe ne signifie pas un soutien en faveur du néolibéralisme occidental, et il n’est pas une concession au fascisme. C’est une grave erreur que de prétendre que l’intervention russe permet une auto-détermination significative pour la Crimée ou pour l’Ukraine orientale, ou que les actions de l’Etat russe sont de toute façon « antifascistes ». Une prise de contrôle réussie de la Russie sur les régions de l’est va renforcer la puissance de Poutine dans son oppression des autres victimes de l’impérialisme russe, comme dans le nord du Caucase, ainsi que contre les Russes ordinaires, dont la dissidence sera encore plus férocement réprimée.
Il doit être absolument clair que nous sommes avec le peuple d’’Ukraine contre son propre gouvernement et les oligarques, contre les machinations de l’Occident, contre la menace croissante du fascisme et contre la montée de l’impérialisme russe. Il ne peut y avoir aucun compromis sur ces questions.
Suhail Ilyas