Tous les appareils de l’Etat — armée, police, gouvernement, pouvoir judiciaire et médias — se mobilisent derrière Al-Sisi en préparation à son couronnement, le 5 juin prochain, en tant que président. Ils veulent que l’anniversaire de triste mémoire de la naksa (la défaite) soit cette année — quelle coïncidence — la date pour annoncer l’intronisation du candidat de l’alliance de la contre-révolution.
Ainsi Al-Sisi qu’ils promeuvent depuis neuf mois comme étant le sauveur de la nation et le commandant de la guerre contre le terrorisme, mais aussi comme le successeur d’Abdel Nasser ainsi que de Sadate et parfois de Moubarak, est celui qui a les solutions à tous les problèmes, celui qui n’hésite pas à exploiter la maladie de millions de personnes infectées par l’hépatite C en annonçant l’invention par l’armée d’un appareil (imaginaire) pour diagnostiquer et de traiter la maladie. Al-Sisi qui paraphe à la place du ministre du Logement un contrat avec les Emirats arabes unis pour la construction d’un million d’appartements, et ce, pour exploiter les rêves des habitants des cimetières. C’est pour lui aussi que le gouvernement provisoire actuel augmente les prix du gaz et supprime les subventions sur les produits de base avant son couronnement afin de ne pas affecter la popularité de sa majesté par ces décisions si elles seraient prises après son arrivée au pouvoir.
Sur fond de recul de la situation révolutionnaire parmi les masses, l’attaque de la contre-révolution et le retour de l’Etat policier avec plus de sauvagerie pour commettre des massacre sans précédent, l’arrestation et la torture de milliers, le siège et la prise d’assaut des universités, l’adoption de lois restreignant les libertés comme la loi interdisant les manifestations, et la confiscation de l’indépendance du mouvement ouvrier et syndical, interviennent les élections présidentielles et à travers elles la contre-révolution tend à arracher une victoire écrasante sur les forces révolutionnaires, ce qui lui donnerait les moyens de poursuivre la sauvagerie et les attaques contre la révolution et les libertés.
A cet effet les Socialistes révolutionnaires considèrent que la participation aux élections, et pas le boycott, est la décision qui convient à la conjoncture politique actuelle, pour faire de la propagande contre le candidat de la contre-révolution et le dénoncer, lui tous ceux qui se tiennent derrière lui qu’ils soient des résidus du régime Moubarak ou des opportunistes lèche-bottes.
Malgré nos critiques de principe aux positions de Hamdine Sabahi avec lesquelles nous divergeons radicalement, surtout après le 30 juin, à commencer par son silence sur les violations du ministère de l’Intérieur et de l’armée aux libertés, les massacres, les arrestations, la torture, l’assaut contre les universités, jusqu’à son soutien au mensonge de la « guerre contre le terrorisme » utilisé par l’Etat comme un prétexte pour permettre le retour de l’Etat policier, mais en même temps nous constatons que des millions d’Egyptiens commencent à douter du discours et programme imaginaire d’Al-Sisi et sont à la recherche d’une alternative. Ceux-là nous les appelons à voter pour Hamdine, car chaque voix soutirée à Al-Sisi a sa valeur, si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera pour demain pour construire une véritable opposition large qui se radicalise jour après jour.
Les prochaines élections présidentielles reflètent l’impasse de la révolution égyptienne ayant conduit à l’absence d’un candidat qui adopte toutes les revendications et les objectifs de la révolution. Sur cette base, nous appelons Hamadine et aussi sa campagne à une reconsidération de leur position accoutumée au système actuel qui rétablit l’Etat Moubarak, et appelons ses partisans et ceux qui vont voter pour lui lors des élections à faire pression pour que son programme déclare qu’il s’attache aux objectifs de la révolution de Janvier et qui sont la liberté, la justice sociale et la dignité humaine. Et qu’il adopte les points suivants :
1. Une justice transitionnelle qui permet le jugement des assassins des martyrs du 25 janvier jusqu’à aujourd’hui ;
2. la libération des détenus et l’abolition des lois restrictives des libertés, y compris la loi sur les manifestations et les procès militaires de civils, et de mettre l’accent sur le droit de s’organiser ;
3. la redistribution de la richesse en imposant un nouveau système fiscal et l’application des revenus minimum et maximum pour les secteurs public et privé ;
4. l’élimination de l’Etat de la tyrannie et l’instauration d’une démocratie participative populaire et la consécration de la liberté et de l’indépendance du mouvement syndical et ouvrier ;
5. s’affranchir de la dépendance et garantir l’indépendance nationale.
Nous ne laisserons pas les masses populaires en proie aux médias de la contre-révolution, et nous n’adopterons pas une position de chasteté pour le boycott des élections, en dépit de notre respect pour ses justifications. Mais nous participerons à la bataille des élections pour dénoncer les illusions d’Al-Sisi et détruire l’idole qu’est en train de construire l’Etat revenant de Moubarak.
La Révolution continue !
Gloire aux martyrs !
Le pouvoir et la richesse au peuple !
Les Socialistes révolutionnaires
27 avril 2014