Elles auront finalement eu gain de cause. Trois des quatre employées chinoises sans-papiers qui occupaient leur onglerie du quartier « afro », à Paris, depuis début février, ont obtenu, le 3 avril, un titre de séjour de la part de la préfecture de Paris (Le Monde du 24 mars). La quatrième employée et un jeune Chinois de 23 ans qui travaillait aussi dans le salon attendent encore qu’on statue sur leur sort. Une demi-victoire pour la CGT qui les soutenait, mais un signal politique sensible alors que Manuel Valls vient de quitter le ministère de l’intérieur, laissant la place à Bernard Cazeneuve.
Les quatre Chinoises employées au noir s’étaient mises en « grève » contre leur patron qui refusait de les payer depuis décembre 2013 [1]. Depuis, elles occupaient nuit et jour leur salon. Elles avaient été rejointes dans leur mouvement par deux coiffeuses africaines qui travaillaient pour le même patron. Inquiet, le propriétaire avait fini par se volatiliser, leur laissant les clés de l’établissement et les clientes les plus fidèles.
Initialement, la régularisation était loin d’être acquise. Comme elles travaillaient au noir, elles n’avaient pas de fiches de paye, seul document permettant éventuellement d’obtenir un titre de séjour. La plupart de ces Chinoises dépassaient les cinq ans de présence sur le territoire français mais n’atteignaient pas les dix ans – à titre « exceptionnel », cela peut être un critère de régularisation, et cela a fonctionné pour l’une des deux employées africaines du salon.
La régularisation des trois employées a été faite à titre « ad hoc », confirme-t-on à la préfecture. Une façon de dire que les trois femmes ne rentraient pas stricto sensu dans les critères de la circulaire de novembre 2012 de M. Valls mais qu’un effort a été fait. La condition : qu’elles valident un niveau minimal de français – le DILF – dans les prochains mois.
PROCÉDURE CONTRE LE PATRON
Le texte de 2012 de M. Valls est surtout intéressant pour les familles. Il ouvre le droit à la régularisation pour toute personne justifiant d’au moins cinq ans de présence en France et de la scolarisation d’un enfant pendant trois ans. Mais il impose des critères plus durs à remplir pour les célibataires. C’était le cas de ces Chinoises, toutes arrivées en France à plus de 40 ans en ayant laissé un ou plusieurs enfants en Chine. Seule une des employées africaines du salon avait une fille scolarisée en France.
La CGT a décidé de maintenir l’occupation tant que tous les employés ne seraient pas régularisés. L’homme et la femme en attente d’une réponse devaient être reçus à la préfecture, lundi 7 avril. Ce même jour, cette dernière informait qu’elle allait engager une procédure relativement rare contre le patron ivoirien du salon : le retrait de sa carte de séjour de dix ans.
L’histoire de ces Chinoises est le premier cas médiatique de régularisations dans le cadre de la circulaire de M. Valls. Selon les estimations, il aurait pu permettre la régularisation de 10 000 à 16 000 étrangers. Un bilan officiel de ce texte devait être rendu en avril.
Elise Vincent