Le processus révolutionnaire syrien continue à être la source de débats et de questions, en particulier à gauche, alors que la « conférence de paix » de Genève 2 prévu entre le 22 janvier et 24 Janvier aura finalement lieu après le retrait de l’invitation adressée par le secrétaire générale de l’ONU Ban Ki-Moon à la Conférence aux dirigeants iraniens suite aux pressions du Coalition Nationale Syrienne.La Coalition Nationale Syrienne avait d’abord voté sa participation à la conférence de Genève malgré de grandes dissensions interne et le refus d’une de ses principales composantes le Conseil National Syrien de s’y rendre, car les conditions posées au régime Assad n’étaient tout simplement pas présentes selon ce dernier. Le Conseil National Syrien s’est d’ailleurs retiré de la Coalition à la suite de cet évènement. De nombreuses autres forces ont également refusé de participer à la Conférence pour des raisons similaires, notamment le Comité de coordination nationale pour les forces de changement démocratique dirigé par Haytham Manna. Le Front Islamique, regroupant plusieurs dizaines de milliers de combattants, a également refusé de participer à la conférence de Genève.
Le président de la Coallition nationale Syrienne, Ahmad Jarba, avait annoncé que ces négociations avaient « comme unique but de satisfaire les demandes de la révolution (…) et avant tout de retirer au boucher (Assad) tous ses pouvoirs ». Le régime Syrien, qui avait accepté de participer à la Conférence, ne l’entendait pas de cette oreille et déclarait de son côté que la première priorité de la conférence doit être “la lutte contre le terrorisme”. Bachar al-Assad n’a cessé également de déclarer aussi sa détermination à rester au pouvoir. Dans un entretien exclusif à l’AFP le 20 janvier 2014, le dictateur syrien a annoncé qu’il y avait de “fortes chances” qu’il soit candidat cette année à sa succession et prédit une guerre longue contre les rebelles. Le régime syrien bénéficie encore de soutiens politiques, militaires et économiques très important, particulièrement de la Russie et l’Iran, tandis que le Hezbollah et de nombreux groupes sectaires chiites combattent aux côtés de l’armée du régime contre les révolutionnaires. D’ailleurs la Russie pour préserver son allié a encore augmenté, en quantité et en qualité, ses livraisons d’armes à la Syrie ces dernières semaines, renforçant les troupes du président Assad. Les forces du régime syrien ont reçu depuis le mois dernier des véhicules blindés, des missiles guidés par laser et des drones de surveillance, appelés UAV, livrés directement par la Russie ou par l’intermédiaire d’autres pays.
Cette conférence de Genève 2 a les mêmes objectifs que la précédente et les autres conférences dites de « paix » pour la Syrie : parvenir à un accord entre le régime d’Assad et une section de l’opposition bourgeoise et opportuniste liée à l’Occident et aux monarchies réactionnaires du Golfe. La solution « Yéménite », c’est à dire un accord sur une transition politique négociée qui maintient la structure du régime tel quel, et reste d’actualité comme on peut le constater avec les paroles des Ministres de l’Union Européenne : ”l’objectif de la conférence est la formation d’un “organe de gouvernement de transition avec les pleins pouvoirs exécutifs, notamment en matière de sécurité, militaire et du renseignement. » D’ailleurs les récents contacts entre les services de renseignements de certains pays occidentaux et leurs homologues syriens sur des questions sécuritaires confirment la volonté de maintenir la structure du régime telle quelle. Selon le Wall Street Journal, plusieurs réunions auraient ainsi eu lieu depuis l’automne entre des membres de services européens, d’anciens diplomates occidentaux et des représentants du régime syrien. D’après le quotidien américain, les premiers à avoir franchi le pas seraient les Britanniques du MI6 (les services secrets de renseignements), mandatés par Londres. Auraient suivi, à partir de novembre, leurs homologues allemands, espagnols… mais aussi français.
Cette fois la différence notable est qu’elle se prépare sur fond de rapprochement entre les Etats-Unis et la République islamique d’Iran sur la question nucléaire, renforçant encore davantage la volonté des deux régimes de mettre fin au processus révolutionnaire syrien en prenant en compte leurs intérêts respectifs. En même temps, le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui est composé de l’Arabie saoudite, du Koweït, du Qatar, de Bahreïn, des Émirats arabes unis et d’Oman, a publié une déclaration le 28 Novembre 2013 affirmant l’importance de renforcer le soutien international à l’opposition syrienne représentée par la Coalition nationale, considérée comme le seul représentant légitime de l’opposition syrienne par le CCG pour la conférence de Genève 2.
Le rapprochement entre l’Iran et les Etats Unis démontre, à nouveau, la futilité de certains secteurs à gauche qui considèrent la Russie et l’Iran comme un bloc anti impérialiste. Les différentes puissances impérialistes mondiales et les puissances régionales bourgeoises, en dépit de leur rivalité, ont un intérêt commun dans la défaite des révolutions populaires de la région, y compris en Syrie. Nous ne devons en effet pas imaginer les rivalités impérialistes à l’échelle mondiale entre les Etats-Unis, la Chine et la Russie comme impossibles à surmonter lorsque leurs intérêts sont en en jeu et que les relations d’interdépendances sont en fait très présentes. Tous ces régimes sont des pouvoirs bourgeois qui sont et seront toujours des ennemis des révolutions populaires, uniquement intéressés par un contexte politique stable qui leur permet d’accumuler et de développer leur capital politique et économique au mépris des classes populaires.
Le mouvement populaire, qui continue à exister et à s’activer malgré la guerre perpétuelle et criminelle du régime contre ce dernier et la menace contre révolutionnaire des jihadistes et islamistes réactionnaires qui également s’attaquent à des opposant-es et activistes pro révolution dans les zones « libérées » et s’opposent aux objectifs de la révolution pour la liberté et la dignité, n’est pas dupe des objectifs des grandes puissances et de leur volonté de liquider la révolution syrienne. Le mouvement populaire a exprimé à de nombreuses reprises son opposition à Genève 2 avec des slogans tel que « ce n’est pas à Genève mais à La Haye » que l’avenir se décide, exprimant ainsi sa volonté de traduire les dirigeants devant un tribunal. Même la population des zones assiégées a affirmé dans les manifestations que « mieux vaut mourir de faim que capituler ». Le mouvement populaire confirme donc qu’il veut renverser le régime, pour bâtir la liberté, l’égalité et la justice sociale. Les nombreuses manifestations continues contre le régime et les jihadistes de l’Etat d’Islamique d’Iraq et du Levant le prouvent.
La révolution populaire en Syrie continue, elle a besoin de toute notre solidarité.
Syria Freedom Forever