Longue vie aux millions d’Egyptiens et d’Egyptiennes qui ont renversé Mohamed Morsi par leur vaillante action, qui furent ferme dans leur résolution de manifester et de se défendre eux-mêmes au cours des deux dernières semaines. Ils ont ainsi confirmé que l’esprit de la révolution de janvier [2011] est toujours vivant et qu’il est capable d’imposer sa volonté à ses ennemis.
L’armée est intervenue une fois de plus pour modifier la situation politique, commettant un massacre sanglant, tuant des dizaines et blessant des centaines d’islamistes au cours d’une attaque contre un sit-in devant le bâtiment de la Garde républicaine [lundi 8 juillet 2013]. L’establishment militaire opprime aujourd’hui avec violence et férocité les islamistes.
Nous ne prenons aucun plaisir à la vue de ce massacre, cela en dépit des crimes réalisés par les Frères musulmans à l’incitation à la violence de leur direction. En effet, les effets sournois, fétides de la main d’acier de l’armée se sont fait sentir contre les révolutionnaires auparavant, contre des révolutionnaires qui se sont battus pour mettre en œuvre les objectifs de la révolution et qui ont défié Anan [ancien membre du Conseil Supérieur des Forces Armées], devint « consultant » militaire auprès de Morsi ; il démissionna le lundi 1er juillet en « soutien » pour les revendications du peuple] et du maréchal Tantaoui [1] ainsi que leur CSFA alors que les Frères musulmans et leurs alliés joignirent leurs forces avec eux contre la révolution.
L’objectif de cette dernière répression bestiale n’est pas la protection des manifestant·e·s ou des révolutionnaires mais, ainsi qu’un porte-parole militaire l’a déclaré sans détours au cours d’une conférence de presse après le massacre : la « protection des entreprises ». Les révolutionnaires, en fait, protégeront eux-mêmes leurs manifestations et occupations ; ils repousseront les attaques des Frères musulmans contre eux ainsi que nous l’avons déjà vu à El-Manial et à Maspero.
Les feloul [terme générique désignant les « restes » de l’ancien régime, soit les partisans du régime de Moubarak] et les médias se précipitèrent pour justifier le crime d’aujourd’hui en présentant les mêmes excuses qu’ils donnèrent lors de massacres précédents du CSFA au « nom de la révolution ». La véritable raison qui sous-tend ces massacres tient dans la volonté de faire un pas supplémentaire en direction de la réorganisation de la classe dominante et de mettre en place de nouvelles figures de proue [du personnel politique]. Ils cherchent à consolider l’emprise des militaires, ce qui constitue un danger pour la démocratie et pour la révolution elle-même au cours de la prochaine période. C’est cela même qui s’est passé auparavant lorsque les forces de l’armée et la police militaire attaquèrent les révolutionnaires, les manifestant·e·s, les travailleurs en grève tout au long de la période du gouvernement par le CSFA [février 2011-juin 2012].
Nous ne pouvons pardonner les crimes des Frères musulmans, lesquels arrêtèrent et tuèrent des contestataires à Mokattam quelques jours [dimanche 30 juin] seulement avant la chute de Morsi, justifiant cette tuerie par la nécessité de protéger les bureaux du Guide suprême de la Confrérie des Frères.
Nous ne pardonnerons pas leurs attaques contre les manifestant·e·s sur la place Tahrir ainsi que leurs assauts continus dans les quartiers, la maltraitance de résidents qui s’opposent à ce qu’ils permettent le retour de Morsi Moubarak, le dictateur tyran, sur le siège du pouvoir. Les partisans de Morsi, en l’espace de seulement quelques jours, tuèrent des dizaines de personnes et en blessèrent des centaines d’autres, commettant des crimes atroces à Sidi Gaber (Alexandrie), à El-Manial ainsi qu’en d’autres endroits et quartiers dans toute l’Egypte.
Nous n’avons jamais pardonné – et ne le ferons jamais – la trahison de la Confrérie lors de son alliance avec Tantaoui et Anan, qui furent ensuite remercié de l’ordre du Nil [la plus haute décoration d’Etat égyptienne]. Nous ne pardonnerons pas leur alliance avec les feloul de Moubarak après qu’ils furent renversés, ni le « blanchiment » de toute responsabilité de ceux qui furent leurs soutiens officiels, au premier rang de laquelle l’incitation à agir contre les révolutionnaires.
Nous ne pardonnerons pas leur défense de tout crime réalisé au cours du gouvernement par le CSFA, que cela soit à la rue Mohammad Mahmoud, au bâtiment ministériel, à Port-Saïd et ailleurs. Après à peine 100 jours de mandat de Morsi, les Frères modifièrent leur attitude, dirigeant leurs attaques contre les révolutionnaires sur la place Tahrir et, en décembre dernier, devant le palais présidentiel pour ne citer que ces seules attaques.
Alors que les révolutionnaires se sont battus pour mettre en œuvre les objectifs de la révolution contre le pouvoir militaire qui était aux commandes de l’Egypte au cours de l’année et demie précédente, la Confrérie félicita et acclama la Garde républicaine et lui fournit un accueil digne de héros lorsqu’ils arrivèrent sur la rue Mohammad Mahmoud – la rue des martyres et l’œil de la liberté – afin de « sécuriser » la place Tahrir pour le discours de Morsi, le 1er juillet 2012 [juste après son élection].
Les dirigeants des Frères musulmans continuent d’inciter de façon criminelle à la guerre contre le peuple, agitant contre la révolution et mobilisant des milliers de personnes pour la guerre civile, en une tentative misérable de dompter la marée de la révolution égyptienne. Ils souhaitent restaurer le dictateur en son pouvoir, prêt à mettre en œuvre n’importe quelle méthode criminelle, à verser des fleuves de sang, contre les droits du peuple égyptien.
Ils tentent d’allumer les conflits confessionnels dans le but de diviser les masses, ainsi que cela s’est produit tôt hier [le 8 juillet] à Nag Hassan dans le gouvernorat de Louxor où quatre musulmans et chrétiens ont été tués et des familles coptes expulsées. Ceci s’ajoute à l’alliance odieuse et l’assistance du gouvernement des Etats-Unis, laquelle est hostile à la révolution de millions d’Egyptiens et d’Egyptiennes. Ils font commerce de religion et du sang afin de réclamer le trône duquel ils ont été expulsés à la suite de la colère populaire.
Face aux attaques des Frères musulmans, nous ne nous prendrons refuge derrière rien d’autre que notre révolution. Nous la protégerons contre quelque attaque que ce soit en raison des millions de personnes qui sont descendues dans les rues depuis le 30 juin jusqu’à ce jour. Les gens sont en mesure de faire face à toute attaque menée contre leur révolution. Nous devons continuer à mobiliser des millions de personnes dans les rues et sur les places, nous devons former des comités populaires afin de nous défendre contre les contraintes des Frères musulmans. Nous défendrons notre révolution contre toutes les attaques, contre toutes les tentatives de la contourner ou de diluer nos revendications pour le pain, la liberté, la justice sociale et la punition des responsables de la mort des martyres… contre tous les tueurs.
Nous combattons avec les masses pour la poursuite de la révolution et pour la réalisation de ses objectifs. Le peuple est là pour protéger cette révolution. Tout le pouvoir et toute la richesse au peuple !
Socialistes révolutionnaires, Egypte, 9 juillet 20139