L’opérateur de la centrale accidentée de Fukushima a annoncé samedi 29 juin avoir découvert des niveaux d’éléments radioactifs encore plus élevés que précédemment dans l’eau souterraine accumulée au pied des réacteurs, dans un nouveau puits creusé plus près de l’océan, et se dit incapable de juger si ladite eau s’écoule ou non en mer. L’exploitant, Tokyo Electric Power (Tepco), a mesuré un niveau de 3 000 becquerels par litre pour les éléments radioactifs produisant des rayons béta, comme le strontium 90, dans le liquide extrait vendredi dernier d’un nouveau point de prélèvement situé entre les réacteurs et la mer. Ce niveau est plusieurs dizaines de fois supérieur à la dose limite admise pour de l’eau de mer.
Initialement, Tepco indiquait que l’eau s’était accumulée là où elle avait été prélevée la première fois, c’est-à-dire en un point plus éloigné de l’océan, et n’était pas allée plus loin. Un renforcement des contrôles montre que tel n’est sans doute pas le cas, puisque le niveau relevé dans le nouveau puits est plus de deux fois supérieur au précédent prélèvement effectué plus en amont. Sur le fait que la radioactivité de l’eau souterraine à proximité du Pacifique soit plus élevée, Tepco affirme ne pas connaitre « la raison, mais l’eau de mer analysée, elle, ne montre pas d’augmentation des niveaux de radioactivité ». La compagnie se garde cependant cette fois d’être trop affirmative et indique « ne pas pouvoir actuellement juger si l’eau radioactive s’écoule ou non dans l’océan voisin ». Tepco promet de renforcer les contrôles.
La centrale Fukushima Daiichi a été ravagée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, dans le nord-est de l’archipel. La coupure de l’alimentation électrique provoquée par la déferlante a engendré un arrêt des systèmes de refroidissement du combustible qui a fondu dans trois des six réacteurs du site, d’où la présence de nombreux éléments radioactifs alentour. Les quelque 3 000 travailleurs sur place y découvrent petit à petit l’ampleur des dégâts tout en se battant pour que les incidents qui surviennent régulièrement ne dégénèrent pas en situation incontrôlable.
* Le Monde.fr avec AFP | 30.06.2013 à 04h11 • Mis à jour le 30.06.2013 à 04h16.
Nucléaire : les deux seuls réacteurs au Japon autorisés à fonctionner
L’autorité de régulation nucléaire japonaise a autorisé mercredi 3 juillet les deux seuls réacteurs actifs au Japon, exploités par la compagnie Kansai Electric Power (Kepco) à Ohi, à continuer de fonctionner après l’entrée en vigueur, le 8 juillet, de nouvelles normes de sûreté.
Les inspecteurs et membres de l’instance ont évalué les paramètres de ces deux tranches du complexe d’Ohi au regard des exigences requises vis-à-vis des séismes, tsunamis et autres risques. D’où il ressort, selon l’autorité, que les deux réacteurs n’ont pas, du point de vue de la sûreté, de raison d’être stoppés avant leur prochain arrêt prévu pour maintenance, en septembre, en dépit de l’entrée en vigueur prochaine de normes durcies.
Ces deux réacteurs devront, en revanche, subir de nouveaux examens sur la base des nouvelles normes avant leur remise en exploitation au-delà de la période d’entretien, à l’instar de tous les autres réacteurs du pays.
Une récente visite du complexe atomique a permis d’examiner les dispositifs en place pour parer à tout imprévu concernant les tranches 3 et 4, les deux seules en service à l’heure actuelle au Japon, où l’on compte 50 réacteurs commerciaux. Kansai Electric a ainsi dû ajouter quelques équipements qui, aux yeux de l’autorité, faisaient défaut.
L’autorisation d’exploitation donnée par l’autorité va soulager Kepco, qui redoute la période estivale, au cours de laquelle l’utilisation de climatiseurs dans les lieux publics et foyers particuliers entraîne de forts pics de consommation.
SOUPÇON DE FAILLE SISMIQUE SOUS LES RÉACTEURS
Les réacteurs numéro 3 et 4 d’Ohi, qui fournissent à peu près 10 % de la production totale de Kepco, après autorisation par le précédent gouvernement, avaient été remis en service à l’été 2012 pour environ treize mois (durée habituelle entre deux sessions de maintenance), avant que ne soit établie, en septembre 2012, la nouvelle autorité de régulation chargée d’élaborer des normes plus sévères, notamment vis-à-vis des catastrophes naturelles, des accidents d’avion et des actions terroristes.
La centrale d’Ohi fait aussi, par ailleurs, l’objet d’études géologiques du fait d’un soupçon de faille active située entre les couples de réacteurs 1-2 et 3-4. A ce jour, les 48 autres réacteurs du pays sont stoppés pour maintenance et contrôles supplémentaires à la suite de l’accident de Fukushima, causé par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011.
Aucun ne peut redémarrer tant que l’autorité de régulation n’en a pas validé la sûreté. Les compagnies s’activent cependant pour remettre à cette instance compétente des dossiers censés prouver que leurs installations sont sans danger et peuvent être relancées sans craintes. Le gouvernement de droite de Shinzo Abe, pronucléaire, est favorable à la réactivation des réacteurs, mais il assure qu’il se conformera à l’avis de l’autorité, statutairement indépendante.
* Le Monde.fr avec AFP | 03.07.2013 à 10h31 • Mis à jour le 03.07.2013 à 10h45.