Face à une brutale répression, la solidarité internationaliste avec la lutte du peuple turc s’est exprimée par le biais de diverses actions et déclarations au cours de ces derniers jours. Face à cette situation, Le Parti révolutionnaire des Travailleuses et des Travailleurs (PRT), section mexicaine de la IVe Internationale, joint sa voix pour condamner la violence répressive du Gouvernement d’Erdogan et pour exprimer son soutien à la lutte du peuple turc qui se déroule sur les places et dans les rues pour défendre ses droits et en faveur de demandes spécifiques.
Au cours des journées et des nuits de juin, la Place Takzim et le Parc Gesi ont été le théâtre d’une irruption massive de larges secteurs de la population qui ont fait preuve d’une grande propension à la lutte et à la défense de ses droits, face à la répression du Gouvernement d’Erdogan qui a déjà provoqué bien des victimes, beaucoup de blessés et des morts. Les revendications du mouvement ont été : le maintien du parc comme zone verte et contre sa transformation en centre commercial et empêcher la démolition du Centre Culturel Atatürk, situé sur la place Taksim adjacente au parc ; la tenue d’une enquête et le renvoi des policiers responsables de la violence ; l’interdiction des gaz lacrymogènes et la mise en liberté des manifestants détenus ainsi que l’élimination de tous les obstacles à la liberté d’expression. Ces revendications doivent être satisfaites avec l’appui des peuples du monde. La cause profonde de cette révolte est à chercher du côté de l’insatisfaction sociale croissante, transformée en indignation et en rage, face à l’autoritarisme du Parti de la Justice et du Développement (AKP) et de son leader Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier a imposé des limitations aux libertés sociales, afin que la ville d’Istanbul se convertisse en un centre de luxe accessible à un petit nombre de gens seulement, à l’exclusion de la majorité. Il mène une politique mettant en place la destruction de l’environnement et provoque l’aliénation graduelle de la jeunesse.
A noter également les privatisations entreprises depuis 2003 et qui se sont intensifiées au cours des dernières années (citons l’entreprise publique de télécommunications, les usines d’acier, les lignes aériennes turques, la compagnie publique de tabac et jusqu’à l’eau des rivières, des lacs et des étangs entre autres exemples). A cela il faut ajouter les coupes budgétaires et les politiques d’austérités imposées par le FMI. D’autres luttes bien que moins visibles ont également cours, comme celles des femmes qui occupent les rues de Turquie pour stopper les menaces qui pèsent sur le droit à l’avortement.
Ces menaces avaient déjà provoqué des mobilisations en 2012. De fait, il existe une véritable guerre de la mémoire entre la gauche et le gouvernement sur la question de la place Taksim qui est connue comme la place du 1er mai. Face à la gauche qui aimerait perpétuer la mémoire des 42 personnes tombées sur cette place le 1er mai 1977 et faire vivre les idéaux de la classe ouvrière, le gouvernement voudrait, en reconstruisant la caserne d’artillerie, à la fois « revivifier l’histoire » et, en transformant cette caserne en centre commercial, créer sa propre légitimité historique, comme l’ont expliqué des camarades de la IVe internationale en Turquie.
Il faut aussi souligner l’importance de la marche de milliers de syndicalistes d’une dizaine de centrales syndicales sur une des principales avenues d’Istanbul en direction de la place Taksim, l’épicentre des mobilisations contre le Gouvernement. Les mobilisations contre le Gouvernement de Recep Tayyip Erdogan sont entrées dans une nouvelle phase avec la mobilisation de dizaines de millier de personnes convoquées par deux importants syndicats après six jours de mobilisations massives dans plusieurs villes du pays. Il ne faut pas sous-estimer la déclaration du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qui a averti que la répression policière contre les manifestations antigouvernementales pourrait miner le processus de paix entamé avec Ankara.
Les événements en Turquie montrent l’ascendance des mobilisations sociales et des manifestations d’insatisfactions face aux politiques néolibérales, aux privatisations et contre les politiques destructrices de l’environnement qui ont recours de manières croissantes à la répression et à l’autoritarisme. Ces événements montrent la nécessité de renforcer les tendances anticapitalistes et émancipatrices capables de donner une perspective ecosocialiste aux luttes dans lesquelles la classe travailleuse, les femmes et les jeunes acquièrent une conscience toujours plus aiguë de la nécessité d’agir de manière consciente et organisée dans la lutte internationaliste.
Comité Politique du PRT, section mexicaine de la IVe Internationale.