Avec l’espoir que les candidatures unitaires pour 2007 voient le jour, un millier de personnes ont assisté au meeting du 29 juin à Aubagne (Bouches-du-Rhône). Toutes les forces regroupées il y a un an dans la campagne du « non » de gauche étaient présentes. Formellement, le meeting était placé hors du cadre de l’appel du collectif national mais, dedans ou dehors, le public n’en avait cure : il s’agissait d’exprimer, encore une fois, la volonté d’aboutir. Et aussi la crainte qu’on n’y parvienne pas. Les interventions de représentantes de collectifs, de syndicalistes (SNCM, SUD-PTT) et d’une étudiante du mouvement anti-CPE ont bien montré la profondeur de l’espoir, comme la nécessité de battre les libéraux de droite comme de gauche.
De ce dernier point de vue, le meeting a joué un vrai rôle de clarification. D’abord - actualité oblige -, quant au positionnement exact de la LCR après sa décision de présenter Olivier Besancenot. Alain Krivine nous représentait (Olivier était matériellement dans l’impossibilité de venir à Aubagne, mais a expliqué sa position dans une courte vidéo). D’abord écouté avec attention et circonspection, il a gagné progressivement en écho sur la question de fond posée par la LCR (les alliances éventuelles avec la direction socialiste) et obtenu un bon soutien de la salle sur cette question. Il faut dire que Raoul Marc Jennar avait auparavant décortiqué avec une grande précision le projet socialiste et aboutissait à la même conclusion que nous. Alain Krivine et Olivier lui-même ont rassuré pleinement le public : la LCR est prête à retirer son candidat en cas d’accord et elle n’imagine pas, pour son compte, qu’un candidat de parti puisse représenter l’ensemble du mouvement dans ce cas.
José Bové a été bien applaudi, évitant cependant soigneusement de se prononcer sur les alliances avec la direction du PS. Pour lui, comme nous allons être majoritaires (d’abord à gauche, puis contre Sarkozy) et entrer à l’Élysée, la question ne se posera pas... Pas un mot non plus de critique de la position du PCF de sa part, mais quelques critiques bien appuyées adressées directement à Olivier. Drôle de front... L’intervention de Dartigolles pour le PCF (Buffet avait décliné l’invitation) n’a pas dit un mot sur la candidature Bové, mais a été assez vive contre la LCR. Au demeurant, la surprise n’est pas venue de là, mais de la réaction de la salle, désapprouvant l’idée d’une candidature issue d’un parti ainsi que le positionnement particulièrement conciliant de l’orateur avec la direction socialiste.
Ce sont finalement les deux éléments suivants qui ont été les plus marquants du meeting. Concernant le débat de fond, il a tourné entièrement autour de « la question » posée par la LCR. Yves Salesse y a consacré toute son intervention, très applaudie, sans un mot de critique du PCF (au contraire, sa direction est sur la bonne voie d’après lui, et il n’a rien trouvé à redire quant à l’éventuelle candidature Buffet). Il a demandé des précisions écrites sur la signification de la position de la LCR, qu’il juge « trop générale ». Demande comparable à celle que nous a faite la direction nationale du PCF, et à laquelle une réponse est en cours d’élaboration. Pour sa part, il ne s’est pas prononcé sur les questions pourtant très concrètes posées par Jennar. Pas sûr qu’il puisse longtemps y échapper.
L’autre grand enseignement, c’est la conviction, très majoritaire dans le meeting, que le candidat unitaire doit être sans parti. Alors que la LCR est à l’aise avec cette question, elle qui n’a jamais fait d’Olivier une proposition pour tout le mouvement, il n’est pas sûr que le PCF le soit autant.