« C’est le moment de vérité, avait dit Pascal Lamy, directeur général de l’OMC, nous ne pouvons plus différer la décision. » Pourtant, la conférence de l’OMC, qui s’est tenue du 28 juin au 2 juillet à Genève, vient de s’achever sur un échec. Elle avait pour objectif de relancer le cycle de Doha, programme de libéralisation initié en 2001, et bien enlisé depuis. Régulièrement, les négociations achoppent sur le sujet des politiques agricoles des pays industrialisés, auquel s’ajoute aujourd’hui la question de l’accès aux marchés des produits industriels.
La conférence de Hongkong, en décembre 2005, avait fixé les objectifs : mettre en place des « modalités » pour la réduction des tarifs et des subventions dans l’agriculture et l’ouverture des marchés pour les produits industriels, « marchés non agricoles ». Sur les politiques agricoles, pour la première fois, à Cancun en 2003, des pays du Sud étaient venus perturber l’opposition traditionnelle entre l’Union européenne et les États-Unis. Le groupe des 20 (G 20), emmené notamment par le Brésil, réclamait en effet que les pays industrialisés cessent de pratiquer la politique des « deux poids deux mesures » et s’appliquent à eux-mêmes les mesures de libéralisation de l’agriculture imposées aux pays du Sud.
À Genève, les modalités de négociations prévoyaient de produire des « listes d’engagements », c’est-à-dire des listes de réductions des droits sur des milliers de produits et de réductions des subventions agricoles.
Quant à l’accès aux marchés pour les produits non agricoles (Nama), c’est un sujet sensible pour les pays en développement, qui ont été contraints d’orienter toute leur production vers l’exportation mais se voient opposer des barrières protectionnistes au Nord. Ainsi, les négociations devaient porter, entre autres, sur la « progressivité des droits », en vertu de laquelle les droits à l’importation appliqués aux produits finis sont plus élevés que ceux qui sont appliqués aux produits semi-transformés, ou aux matières premières, ce qui maintient nombre de pays du Sud dans leur spécialisation primaire.
Bref, un échec qui montre, une fois de plus, l’OMC pour ce qu’elle est : une machine à faire fonctionner la libéralisation au profit des puissants.