Après une oppression de plus de cinq décennies, de larges tranches des classes populaires se sont révoltées pour le changement.
En effet, elles ont été privées de s’organiser en tant que forces indépendantes de l’État, et se sont révoltées après que le pillage pratiqué par les anciens et les « nouveaux » hommes d’affaires ait appauvri une grande masse de ces couches.
Une petite minorité a mis la main sur les rouages de l’économie et ont transformée une économie productive (dans l’agriculture, et à un certain degré dans l’industrie) en une économie de rente basée sur les services, l’importation, l’immobilier, le tourisme et les services bancaires.
Ce processus a été réalisée par la politique de libéralisation mise en œuvre notamment au cours de la dernière décennie, doublée d’un discours sur les politiques de « modernisation et de développement », qui a conduit à une hausse significative du taux de chômage, à une grande déstabilisation des conditions de vie des classes populaires dont les salaires n’ont augmenté que très faiblement par rapport à la hausse vertigineuse du coût des denrées, des services, de l’éducation et de la santé, à l’issue de l’ouverture économique et de la libéralisation du marché, même si ce dernier a été monopolisé par une petite minorité de « nouveaux hommes d’affaires ».
Le despotisme du pouvoir, constitué depuis près d’un demi-siècle, la tyrannie des services sécuritaires et l’absence de la loi et des institutions ont été la couverture qui a permis un pillage systématique et terrible des efforts déployés par les classes populaires lorsque l’État était « le patron », et a permis ensuite d’effectuer la transformation libérale sans possibilité de résistance après l’effondrement du mouvement d’opposition, à cause ses propres crises et de la cruauté du despotisme.
C’est la raison pour laquelle il était normal que ces couches se révoltent et initient un soulèvement massif afin de réaliser le changement et d’arracher les libertés politiques, dans l’espoir de parvenir à une meilleure situation, leur permettant d’obtenir une vie décente et stable.
Donc, la révolution est celle des classes populaires, même si ce caractère de classe n’est pas encore évident. […] Nous devons donc déterminer notre rôle dans la révolution actuelle, en tant que marxistes révolutionnaires, étroitement attachés aux classes populaires, défendant ces dernières et œuvrant pour que ce soient elles qui gouvernent […].
La Syrie que nous voulons :
[…] C’est pourquoi il est impératif que soit constitué un État séculaire moderne, démocratique, laïc et parlementaire, se basant sur la citoyenneté ; seul le peuple doit être la source des pouvoirs et décider toutes les libertés, la liberté d’organisation, le droit des partis politiques à l’action par simple avis, la liberté de l’opinion, de l’expression et de la croyance, la liberté de toutes formes de presse (version papier, audiovisuel), suivant des normes inclues dans la Constitution ; la liberté de grève, de manifestation et de toute forme de protestation par simple avis ; la liberté des syndicats, des associations et des rassemblements qui reflètent une classe ou un groupe social, sexuel ou un groupe d’âge. Tout cela doit être réglé par une Constitution votée par le peuple, séparant les pouvoirs et affirmant l’alternance politique.
[…] Il faut résoudre la question agricole par un retour au labour de la terre, par l’appui de l’État visant à développer l’agriculture et à aider les agriculteurs après la crise qu’ils ont subie, à appuyer tous les besoins de l’agriculture et commercialiser la production. […] Il faut également œuvrer à rénover les industries existantes et à élargir la construction industrielle, car aucune société de nos jours ne peut survivre sans que l’industrie n’en soit la force essentielle de production. […]
L’évolution interne, la construction d’une industrie réelle ou le développement de l’agriculture sont impossibles avec la dépendance du capitalisme. Il n’est pas non plus possible de dépasser l’économie mafieuse de rente sans réaliser une coupure avec le capitalisme et sans chercher à le dépasser. […]
Nos missions dans la révolution :
[…] Il est devenu impossible que continue le régime, pour le changement duquel le peuple est sorti. Il est devenu impossible que les réclamations des forces radicales soient en dessous de celles du peuple. Ceci impose de réfléchir sur tous les moyens qui permettent le développement de l’insurrection, en organisant les mécanismes de son activité et en définissant les slogans qui expriment vraiment les réclamations des classes populaires, ainsi que les objectifs posés.
[…] Notre tâche consiste actuellement à agir dans la révolution afin de la pousser en avant. Tel est l’objectif de la coalition de gauche, qui doit inclure tous les marxistes impliqués dans la révolution, pour la révolution et pour l’avenir, qui ne sera pas prospère sans l’activité de ceux-ci.
Ce qu’il faut, c’est un système démocratique qui reflète spécifiquement les intérêts des classes populaires.
En effet, la lutte est une lutte de classe par excellence et ne s’arrêtera pas en remplaçant une forme autoritaire par une autre, quelle que soit sa « démocratie », parce que sans en modifier le modèle économique, cette autorité servira une nouvelle mafia, et ne mettra pas les bases d’un État véritablement démocratique.
Ce qui est requis, c’est notre rôle dans l’activation du conflit et le développement de la révolution afin d’inclure toutes les classes populaires, et pour que le slogan du renversement du régime revêtisse une signification claire, la signification gravée par l’audace et la bravoure des jeunes des classes populaires, dessinée par le sang des martyrs tombés pour le pain et la liberté, pour un État séculaire donnant une vraie vie aux couches populaires.
Telle est aujourd’hui notre mission dans la révolution.
Lundi 8 octobre 2012