Avec plus de 3 millions de chômeurEs « officielLEs » c’est-à-dire en réalité près de 5 millions de personnes, la crise plonge une part toujours plus importante de la population dans la misère.
Les plus touchéEs sont toujours les mêmes : les femmes (11, 5 %), les jeunes (15 % pour les moins de 25 ans) et les « seniors » (plus de 20 % de plus de 50 ans). Et plus d’un chômeurE sur trois est considéréE comme chômeurE de longue durée, c’est-à-dire inscritE depuis plus d’un an.
L’approfondissement de la crise c’est donc bel et bien, avant tout, la perte de travail, du salaire, c’est-à-dire du seul moyen de vivre pour des millions de salariéEs. Toutes les branches professionnelles sont frappées : Arcelor, Petroplus, PSA, Carrefour, Fralib, Technicolor, Pilpa, Plyrosol, Doux, Sanofi, Air France, CIF... la liste s’allonge chaque jour. Et encore ne sont connus que les fermetures et plans de licenciements qui donnent lieu à des ripostes des salariéEs. Ils ne sont qu’une des faces de la liquidation de centaines de milliers d’emplois rendue invisible dans le cadre des plans de départs « volontaires », des ruptures conventionnelles et licenciements individuels. Le gouvernement n’est pas en reste avec le non-remplacement programmé de deux départs en retraites sur trois, hors Éducation nationale et secteur hospitalier.
Pour le patronat, aligné sur le Medef, rien que de plus normal que de faire supporter aux travailleurEs les conséquences de sa politique de recherche de profits et de rentabilisation des investissements. Car les économies réalisées par les suppressions d’emplois sont largement compensées par des profits plus importants réalisés ailleurs dans le monde. Et des productions et des profits toujours en progression dans le secteur des produits de luxe, de l’habillement aux bateaux de plaisance en passant par les...véhicules haut de gamme.
Après les promesses électorales, l’allégeance
Pour le gouvernement, après les rodomontades électorales et post-électorales, c’est l’aplatissement complet devant les exigences patronales. Dix ministres dont le Premier d’entre eux sont aller faire allégeance à l’Université d’été du Medef. Avec la médaille d’or pour Montebourg qui a osé déclarer : « j’appelle à la responsabilité des actionnaires. J’appelle à la responsabilité des syndicats », à la « responsabilité économique » des syndicats pour ne pas « affaiblir » le constructeur. Pour le ministre du Redressement productif, « il est important de défendre les salariés qui risquent de perdre leur travail et de reformater, renégocier et diminuer le plan social », mais les syndicats doivent penser à « tous ceux qui restent », les « 100 000 salariés qui restent à Peugeot ». « Affaiblir Peugeot, ne pas l’aider si elle en a besoin, c’est risquer la descente aux enfers pour ceux qui restent », a-t-il déclaré, ajoutant que « faire la guerre ne [lui] paraît pas le bon terme » .Comment mieux dire que l’on renonce à la défense de l’emploi. Quant à la « descente aux enfers pour ceux qui restent », elle est déjà entamée depuis longtemps. C’est l’aggravation des conditions de travail et les pertes de salaire avec le travail du week-end, de nuit, la flexibilité, le chômage partiel, qui frappent tous les sites pour compenser les baisses d’activité organisées sur les sites visés par la fermeture ou les réductions d’emplois. De Fralib à Petroplus en passant par Arcelor, le gouvernement balade les salariéEs de réunions tripartites en nomination d’experts en refusant toute mesure contraignante contre le patronat. Comme le déclare la CGT de PSA Aulnay, c’est bien une guerre qui est déclarée. L’interdiction des licenciements, l’expropriation des patrons liquidateurs d’emplois, la réduction massive du temps de travail permettant le partage du travail, sont d’une actualité brûlante par l’approfondissement de la crise et la multiplication des attaques patronales.
Cette guerre concerne toutes et tous, au-delà de PSA, de l’automobile, du secteur privé. Des mobilisations rapprochées fixent les premières échéances. Les salariéEs de Ford adosséEs à toute une région appellent non seulement à la solidarité mais aussi à la mise en commun des luttes dès le 29 septembre à Paris, au Mondial de l’automobile. Les grèves et manifestations auxquelles appelle la CGT le 9 octobre doivent être l’étape suivante vers un tous ensemble qui seul peut imposer un rapport de forces capable de faire reculer le patronat et de modifier la politique d’un gouvernement qui à déjà renoncé à la plupart de ses (modestes) promesses électorales.
Robert Pelletier